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Pressée d'en faire plus face à la crise climatique, la finance française s'est retrouvée jeudi pour le Climate Finance Day, un rendez-vous de la Place de Paris perturbé avant même son démarrage par une action de deux associations écologistes.
Une quarantaine de militants des Amis de la Terre et d'Alternatiba Paris ont déversé sur les marches du Palais Brongniart, où se déroule l'événement, de la peinture noire, représentant le pétrole, et lancé des fumigènes noirs, symbolisant le gaz.
"Nous sommes venus ce matin pour passer un message à l'énième ouverture de ce sommet du greenwashing", expliquait à l'AFP peu avant le début des conférences Lorette Philippot, chargée de campagne pour l'ONG Les Amis de la Terre.
Il s'agissait de la 8e édition du Climate Finance Day, et les promesses climatiques du secteur sont encore loin d'être en conformité avec l'objectif de l'Accord de Paris signé en 2015.
"Nous devons aller plus vite, plus fort, nous devons faire preuve de plus de transparence", a repris le ministre. "Il y a encore trop de doutes, trop d'interrogations, trop de critiques sur la réalité des engagements", selon lui.
- Créer une commission -
Pour faire face aux critiques et donner des gages de transparence, la Place de Paris a annoncé la création d'un "Institut de la finance durable", opérationnel "dans les prochaines semaines" d'après Augustin de Romanet, président de Paris Europlace et patron d'Aéroports de Paris (ADP).
Une "très bonne initiative" selon Bruno Le Maire, qui regroupe scientifiques, industriels et financiers.
La fondatrice de l'ONG Reclaim Finance Lucie Pinson déplore de son côté l'absence d'ONG et le flou entourant cette nouvelle commission: feuille de route, méthode de travail, évaluations et contrôles...
Face aux risques de critiques, le lobby bancaire a bien essayé de prendre les devants, en communiquant mardi sur "le financement massif des énergies renouvelables et des activités vertes et durable" avec un montant total des crédits verts et durables représentant plus de 100 milliards d’euros à fin 2021, selon lui.
Une démonstration qui relève d'une "manipulation", selon Lucie Pinson.
La Banque centrale européenne (BCE) avait en juillet demandé aux banques de la zone euro de renforcer "urgemment" la prise en compte des risques climatiques dans leur stratégie. "Actuellement, les banques sont loin de respecter les bonnes pratiques", avait tancé la BCE.
Face à ce constat, le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau, a proposé en clôture de la journée de durcir la réglementation en exigeant des "fonds propres supplémentaires au cas où les plans de transition individuels des banques apparaîtraient déficients ou mal alignés".
- BNP Paribas mis en demeure -
Les experts interrogés par l'AFP l'assurent, les ONG "ont raison" sur le fond, même si la finance n'est "ni en avance, ni en retard par rapport à l'économie", souligne Virginie Wauquiez et Laurent Morel, du cabinet de conseil Carbone 4.
Certains établissements, comme CNP Assurances ou Crédit Mutuel Alliance Fédérale (qui regroupe 14 des 18 fédérations du groupe, ainsi que le CIC), ont adopté des politiques d'exclusion plus strictes, mais leur poids dans le financement de l'industrie pétro-gazière est négligeable, notamment comparé au géant bancaire BNP Paribas, bête noire des militants écologistes.
Oxfam, Les Amis de la Terre et Notre Affaire à Tous ont d'ailleurs mis en demeure mercredi la banque de cesser son soutien à l'expansion des énergies fossiles.
En étant le "premier financeur européen et le 5e mondial" pour le "développement" des énergies fossiles, avec "55 milliards de dollars de financements accordés entre 2016 et 2021" uniquement à de nouveaux projets pétroliers et gaziers, la banque ne respecte pas son "devoir de vigilance" sur les risques environnementaux, estiment les associations.
"Nous (les banques, NDLR) pouvons à tout instant décider d’arrêter le financement des énergies fossiles du jour au lendemain. Mais (…) immédiatement ça pose une question de responsabilité dans la conduite de ce qui doit être une transition en tant que telle", a répondu sur FranceInfo Philippe Brassac, directeur général de Crédit Agricole SA.
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(G.Gruner--BBZ)