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A la veille du verdict de la primaire populaire, le candidat écologiste Yannick Jadot décline samedi à Lyon son programme pour la présidentielle alors que Marine Le Pen hausse le ton face à ceux qui voudraient la quitter pour Eric Zemmour.
Que "ceux qui veulent partir partent. Mais ils partent maintenant !". Au lendemain des déclarations de sa nièce Marion Maréchal qui a dit pencher plutôt du côté d'Eric Zemmour, la candidate du Rassemblement national a mis en garde ceux qui voudraient imiter les eurodéputés RN Jérôme Rivière et Gilbert Collard qui ont déjà "franchi le Rubicon" pour rallier le grand rival.
Rattrapée par l'actualité française à Madrid, où elle participait à une réunion avec ses alliés européens, Mme Le Pen a certes petit-déjeuné avec le Premier ministre hongrois Viktor Orban mais a surtout été interrogée sur l'eurodéputé RN Nicolas Bay qui, bien que présent en Espagne, a refusé de dire s'il serait à ses côtés jusqu'au premier tour.
L'oeil courroucé, elle a assuré ne pas s'adresser à Nicolas Bay en particulier mais jugé "insupportable" d'avoir "des gens qui, aujourd'hui, font semblant d'être ici, alors qu'en réalité, leur coeur ou leur esprit est ailleurs". "C'est la taqiya qu'ils reprochent eux-mêmes aux islamistes", a-t-elle insisté, en référence au concept dans la religion musulmane recommandant de dissimuler sa croyance en cas de danger.
Mme Le Pen avait jugé vendredi "violent" et "brutal" que sa nièce songe à rejoindre Eric Zemmour, en insistant sur "l'aspect personnel" de leur relation et en assurant être "mieux placée" pour gagner en avril.
La candidate du RN (autour de 17%) est donnée dans les sondages à la deuxième place au premier tour, au coude à coude avec la candidate LR Valérie Pécresse, devant Eric Zemmour (13%).
Mais l'ex-polémiste, qui savoure "une belle semaine", continuait samedi à engranger des soutiens, dont celui de l'ancien dissident du FN (devenu RN) Bruno Mégret, et peut-être en soirée celui d'un des plus vieux partis politiques de France, le CNIP (Centre national des indépendants et paysans).
A la mi-journée, le candidat a fait un discours lors du Comité directeur du parti, réuni dans un hôtel parisien, pour défendre une nouvelle fois "la France périphérique méprisée" et dénoncer "l'immigration qui a rendu invivables nos métropoles" et transformé "nos banlieues en enclaves étrangères islamistes".
- "Rétrécissement national" -
En coulisses, Jérôme Rivière, la nouvelle recrue, niait l'existence d'une "campagne de débauchages", accusant Marine Le Pen de "pousser les gens dehors" et de "faire le rétrécissement national".
La compétition est féroce aussi à gauche où Yannick Jadot, scotché entre 5 et 7% des intentions de vote dans les sondages, espère donner de l'élan à une campagne qui peine à décoller en présentant son programme, baptisé la "République écologique".
Le candidat écologiste propose d'investir 10 milliards d'euros par an pour la rénovation thermique des passoires énergétiques, d'interdire la vente de véhicules neufs à carburant fossile en 2030 et de bannir les vols d'avion intérieurs pour tout trajet pouvant être effectué en moins de quatre heures de train.
Yannick Jadot a aussi pour objectif l'arrêt de 10 réacteurs nucléaires au moins d'ici à 2035. Un programme à rebours de celui d'Emmanuel Macron et de la droite qui veulent tous investir dans le nucléaire.
La candidate LR Valérie Pécresse, qui promet de lancer six nouveaux EPR, s'est d'ailleurs rendue samedi à la centrale nucléaire du Bugey, à moins de 50 km de Lyon où M. Jadot défendra dans l'après-midi le développement massif des énergies renouvelables, notamment via l'installation de 6.000 éoliennes supplémentaires.
Pour le candidat écologiste, l'idée est aussi de marquer le coup dans un camp de gauche où les regards seront braqués d'abord ce week-end sur le résultat de la primaire populaire.
M. Jadot fait partie des sept personnalités à départager lors de cette consultation citoyenne à laquelle 467.000 personnes sont inscrites et appelées à voter jusqu'à dimanche 17H00.
Mais comme l'insoumis Jean-Luc Mélenchon et la socialiste Anne Hidalgo, il a toujours refusé de participer à cette initiative inédite dont le verdict reste imprévisible, même si beaucoup estiment qu'elle est promise à Christiane Taubira.
(T.Renner--BBZ)