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Crise ministérielle, 60e jour. Emmanuel Macron doit toujours annoncer le nom du prochain Premier ministre, un casse-tête que le président a encore échoué à résoudre mercredi, la piste Michel Barnier succédant désormais, à droite, à celle de Xavier Bertrand.
Contrairement à ce qui était attendu encore en début d'après-midi, l'Elysée a renoncé à une annonce mercredi soir, près de deux mois après le deuxième tour des législatives.
"On avance. Les critères du président restent la +non censurabilité+" par l'Assemblée du futur locataire de Matignon "et la capacité à faire des coalitions", a expliqué à l'AFP un proche du président.
Une "erreur de méthode" et un "problème de fond", a estimé son prédécesseur François Hollande mercredi soir sur TMC.
"Sur la méthode, Emmanuel Macron pense qu'il va régler lui-même la question de la gouvernabilité". "C'est une erreur, c'est à l'Assemblée nationale d'en décider", a développé l'ancien président.
Et "un problème de fond": "Emmanuel Macron ne veut pas changer de politique" et "ce qui fait blocage, c'est la question de savoir jusqu'où le Premier ministre pourrait aller dans la remise en cause" des réformes accomplies depuis 2017 par le président, a-t-il poursuivi.
- Bertrand "mort à 100%" -
Mais la capacité à ne pas être renversé d'emblée par une motion de censure, motif invoqué pour refuser la nomination de la candidate du Nouveau front populaire Lucie Castets, reste à l'ordre du jour. Et ce critère pourrait être venu à bout des hypothèses Xavier Bertrand et Bernard Cazeneuve, dont les noms étaient cités mardi soir à l'Elysée.
Plusieurs membres du camp présidentiel évoquent un "front anti-Bertrand" qui s'est élevé en Macronie contre nomination, donnée mercredi comme très probable, du président des Hauts-de-France, membre du parti Les Républicains et tenant d'une droite sociale.
Le Rassemblement national et le Nouveau Front populaire menaçaient de fait de le censurer d'emblée.
"Bertrand est très probablement mort à 100%", constate un conseiller ministériel, "car il n'aurait jamais eu de majorité sur aucun texte".
Ex-Premier ministre socialiste mais non assuré de recueillir le feu vert du PS qu'il a quitté, Bernard Cazeneuve a lui été écarté par Emmanuel Macron car il voulait rester "droit dans ses bottes" sur un programme de gauche, sans rechercher d'emblée des compromis avec le centre, estime un cadre macroniste.
Alors que l'hypothèse Cazeneuve à Matignon divise son parti, le patron du PS Olivier Faure a émis de fortes réserves à l'égard de Cazeneuve. Ce serait "une forme d'anomalie" de choisir "le seul homme de gauche qui s'est battu contre le Front populaire", a-t-il jugé sur TF1.
Tout à recommencer, donc? Mercredi soir, le nom de Michel Barnier, 73 ans, qui fut aussi ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac et négociateur du Brexit au nom de l'Union européenne, circulait avec insistance.
-"La colère monte"-
Selon une ministre démissionnaire, l'Elysée a échangé avec lui dans la journée, quand d'autres vantent son profil "moins clivant" et "plus consensuel".
"Il est très apprécié des députés de droite sans que ce soit un irritant à gauche. Si Xavier Bertrand coince vraiment, je ne vois pas d'autres pistes que la sienne", glisse-t-elle.
Le nom de Michel Barnier, qui comme Xavier Bertrand avait concouru à la primaire de la droite en 2021, circulait déjà depuis l'été, parmi les noms égrenés par le président devant certains de ses interlocuteurs.
Le chef de l’État est pressé de toutes parts d'arrêter un choix près de trois mois après la dissolution qu'il a lui-même provoquée, le 9 juin, et deux mois après le second tour des législatives qui a débouché sur une Assemblée sans majorité ni coalition viable à ce jour.
"Plus le temps passe, plus c'est catastrophique. La colère monte. Les gens nous demandent quand on commence a bosser. Il y a urgence à agir sinon c'est la rue qui va prendre le relais", a prévenu le patron du groupe centriste Liot Stéphane Lenormand.
Samedi, une manifestation est prévue à Paris contre le "coup de force de Macron" à l'appel de plusieurs organisations étudiantes, rejointes par La France insoumise, le PCF ou encore les Ecologistes.
(S.G.Stein--BBZ)