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Le nouveau président iranien, Massoud Pezeshkian, est attendu mercredi en Irak pour sa première visite à l'étranger depuis son élection, en vue d'approfondir les liens déjà étroits entre les deux pays voisins.
Dans un contexte régional tendu, son arrivée a été précédée, mardi soir, par une explosion sur une base utilisée par la coalition internationale antijihadiste à l'aéroport de Bagdad.
Un haut responsable des forces de sécurité a attribué cette explosion à "deux roquettes de type Katioucha". Et un porte-parole militaire des Brigades du Hezbollah, influent groupe armé pro-Iran, a dénoncé une "attaque" dont "le but est de brouiller la visite du président iranien".
M. Pezeshkian s'est engagé à faire des relations avec les pays voisins une priorité, car il cherche à atténuer l'isolement international de l'Iran et à limiter l'impact des sanctions imposées par les Etats-Unis sur son économie.
"Les relations avec les pays voisins peuvent réduire considérablement la pression exercée par les sanctions", a-t-il déclaré en août.
L'Iran a subi des années de sanctions occidentales, en particulier après le retrait unilatéral des Etats-Unis, ennemi juré de Téhéran, de l'accord international sur le nucléaire iranien en 2018 sous le présidence de Donald Trump.
Mardi, les gouvernements français, allemand et britannique ont annoncé qu'ils allaient prendre de nouvelles sanctions contre Téhéran après "l'exportation par l'Iran et l'acquisition par la Russie de missiles balistiques iraniens". La Russie est elle aussi sous sanctions occidentales en raison de l'invasion de l'Ukraine en 2022.
Le président Pezeshkian, qui a pris ses fonctions fin juillet, succédant à Ebrahim Raïssi tué dans un accident d'hélicoptère, a nommé le diplomate de haut rang qui a négocié l'accord de 2015 sur le nucléaire, Mohammad Javad Zarif, vice-président pour les affaires stratégiques.
Les liens entre l'Iran et l'Irak, deux pays à majorité chiite, se sont resserrés depuis l'invasion de l'Irak en 2003 par les Etats-Unis, au cours de laquelle le régime du dictateur Saddam Hussein, dominé par les sunnites, a été renversé.
Cette visite "sera une opportunité de promouvoir et d'approfondir les relations amicales et fraternelles entre les deux pays dans divers domaines", a déclaré lundi à des journalistes le porte-parole de la diplomatie iranienne, Nasser Kanani.
- Important partenaire commercial -
L'Iran est devenu l'un des principaux partenaires commerciaux de l'Irak et exerce une influence politique considérable à Bagdad, où ses alliés irakiens sont fortement représentés au Parlement et au gouvernement.
Chaque année, des millions de pèlerins iraniens se rendent dans les villes saintes chiites de Nadjaf et de Kerbala.
Les échanges hors pétrole entre l'Iran et l'Irak se sont élevés à près de 5 milliards de dollars au cours des cinq mois écoulés depuis mars 2024, selon des médias iraniens.
L'Iran exporte également des millions de mètres cubes de gaz par jour vers l'Irak pour alimenter ses centrales électriques, en vertu d'une dérogation régulièrement renouvelée aux sanctions américaines.
L'Irak a des arriérés de paiement pour des milliards de dollars pour ces importations, qui couvrent 30% de ses besoins en électricité.
En septembre 2023, les deux pays ont entamé la construction de leur première liaison ferroviaire: une ligne de 32 kilomètres entre la ville portuaire de Bassorah, dans le sud de l'Irak, et le poste-frontière de Chalamcheh, où elle rejoindra le réseau ferroviaire iranien.
La visite de M. Pezeshkian intervient dans un contexte de tensions au Moyen-Orient en raison de la guerre depuis le 7 octobre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza.
Au cours de son voyage, M. Pezeshkian se rendra également à Erbil, capitale du Kurdistan irakien, pour y rencontrer certains hauts responsables de cette région, selon l'agence Irna.
En mars 2023, Téhéran a signé un accord de sécurité avec le gouvernement fédéral de Bagdad après avoir mené des frappes aériennes contre des bases de groupes rebelles kurdes iraniens dans la région autonome. Les deux parties ont depuis accepté de désarmer les rebelles et de les éloigner des zones frontalières.
Téhéran accuse les rebelles d'introduire clandestinement des armes en provenance d'Irak et d'avoir encouragé des manifestations qui ont éclaté en 2022 à la suite de la mort en détention de la Kurde iranienne Mahsa Amini, arrêtée pour infraction au code vestimentaire très strict pour les femmes dans la République islamique.
(S.G.Stein--BBZ)