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"Point de bascule" face au narcotrafic, "mexicanisation" du pays: Bruno Retailleau a promis vendredi à Rennes une "guerre" longue et sans merci contre les trafics de drogue, passant notamment par un texte législatif début 2025.
"Les narcotrafiquants sont partout, en milieu urbain, mais aussi, je viens de le voir, en milieu rural. Ils n'ont plus de limite. Et on est à un point de bascule, vraiment", a redit le ministre de l'Intérieur lors d'un point presse à l'issue d'une visite à Rennes, et au lendemain d'une fusillade sanglante à Poitiers où un adolescent de 15 ans est entre la vie et la mort.
Pour lutter contre le narcotrafic, "soit il y a une mobilisation générale pour ce grand combat qui prendra des années, et on le gagnera, soit il y a la mexicanisation du pays", a-t-il prévenu.
L'enfant a été blessé de deux balles dans la tête lors d'une course-poursuite à Pacé près de Rennes samedi dernier, alors que la voiture que conduisait son père était prise en chasse par des hommes cagoulés, quelques heures après une première fusillade dans le quartier.
Le père, originaire de Maurepas, est lui-même "trafiquant de drogue" et son fils est toujours entre la vie et la mort, selon le ministre.
La CRS 82, spécialisée dans les violences urbaines, avait été déployée dès dimanche dans ce haut-lieu du trafic de drogue à Rennes, théâtre de plusieurs fusillades depuis le début de l'année.
"Dès ce soir arrive la (CRS) 40, ils vont se relayer" et resteront "tant qu'on n'aura pas retrouvé la tranquillité" dans ce quartier, a expliqué M. Retailleau.
Des renforts de policiers de terrain vont également être envoyés à Maurepas pour pouvoir patrouiller 7 jours sur 7, contre 6 jours sur sept actuellement. Des annonces immédiatement saluées par la maire de Rennes Nathalie Appéré, dans un communiqué.
- Nouvelle campagne de communication-
Au-delà de la réponse sécuritaire, le ministre a également réaffirmé sa détermination à "briser l'écosystème" du narcotrafic, notamment en s'attaquant aux consommateurs et à la "culture de la banalisation" de la drogue.
Le gouvernement, a-t-il annoncé, va lancer une campagne de communication très "cash" pour "mettre les consommateurs devant leurs responsabilités". "Quand on fume, quand on prend de la coke, on participe à un système, à toute une chaîne qui sème la mort partout en France".
"Moi, je vois bien d'ailleurs, sur le territoire français, des enclaves, des mini-Etats, des narco-enclaves qui sont en train de se constituer. Je vois bien, dans les rapports qu'on me fait, s'étendre la toile de la corruption qui menace jusqu'à notre souveraineté", avait-il lancé plus tôt lors d'un échange avec une habitante de Maurepas.
Le ministre a de nouveau insisté sur son souhait que le gouvernement reprenne, en les renforçant, les propositions de la commission d'enquête sénatoriale contre les narcotrafics.
Il a rappelé qu'une proposition de loi en ce sens était sur le bureau du Sénat et souhaité qu'elle soit examinée "le plus vite possible", "au plus tard en début d'année".
Dans la matinée, le ministre avait annoncé sur BFMTV une nouvelle fusillade, cette fois à Poitiers jeudi soir,
Selon les premiers éléments de l'enquête, il y aurait moins d'une centaine de personnes impliquées, entre "40 à 60", a indiqué une source policière.
Lors de cette fusillade, cinq personnes ont été blessées dont plusieurs grièvement. Selon une source policière, un adolescent de 15 ans a reçu une balle dans la tête et était entre la vie et la mort.
Près de Valence, un homme d'une vingtaine d'années était lui aussi entre la vie et la mort après avoir reçu dans la nuit de jeudi à vendredi une balle dans la tête lors d'une fusillade devant une discothèque. Des faits liés à des trafics de drogue, selon la police.
Un autre, âgé de 18 ans, a par ailleurs été tué par balle, également à Valence, vendredi après-midi dans un quartier proche du centre-ville.
Vendredi prochain, Bruno Retailleau doit se rendre avec son collègue de la Justice Didier Migaud à Marseille où les règlements de comptes entre narcotrafiquants sont particulièrement meurtriers et sordides, avec l'implication de jeunes de 14-15 ans comme tueurs à gages.
Les deux ministres doivent y annoncer ensemble plusieurs mesures.
(L.Kaufmann--BBZ)