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Kamala Harris et Donald Trump se sont livré samedi une dernière passe d'armes en se présentant tous les deux en sauveurs des Etats-Unis, à trois jours d'une présidentielle qui tient le pays et le monde en haleine.
La vice-présidente démocrate, qui pourrait devenir la première femme présidente américaine, a appelé à "tourner la page d'une décennie" parfois chaotique avec l'ancien président républicain de 78 ans, lequel a encore qualifié cette magistrate californienne de 60 ans de "stupide".
Alors que les adversaires labourent depuis des semaines les sept Etats pivots qui devraient décider du résultat final, leurs avions se sont même croisés samedi sur le tarmac de l'aéroport de Charlotte, en Caroline du Nord.
En meeting dans cet Etat-clé du sud-est, M. Trump a renouvelé ses attaques contre "Kamala au faible QI", dont une éventuelle présidence à partir du 20 janvier déclencherait "une dépression du genre de 1929".
"Voulez-vous perdre votre emploi et peut-être votre maison et votre retraite?", a harangué le tribun populiste.
- "L'Amérique aux Américains" -
Le dirigeant à la rhétorique d'extrême droite a encore promis de "laisser l'Amérique aux Américains".
Le climat est particulièrement électrique dans un pays fracturé, avec des violences verbales, des controverses politico-médiatiques tous les jours et des craintes de violences physiques après le 5 novembre.
D'autant que le résultat risque d'être extrêmement serré et que le camp républicain a déjà lancé des allégations de fraudes.
La démocrate s'affiche, elle, en rassembleuse, "présidente pour tous les Américains" d'un géant multiculturel de 347 millions d'habitants qui s'est construit grâce à des vagues d'immigrations.
"Dans moins de 90 jours, ce sera lui ou moi dans le Bureau ovale", a prévenu Mme Harris devant une foule enthousiaste à Charlotte.
Alors que des sondages nationaux donnent les deux à égalité, un sondage local dans le petit Etat de l'Iowa (nord), fief républicain, estime samedi soir que Kamala Harris devancerait Donald Trump de trois points.
Mais le milliardaire new-yorkais de l'immobilier, qui pourrait réussir un retour gagnant à la Maison Blanche malgré des condamnations et inculpations au pénal et au civil, s'est montré confiant: "Le 5 novembre sera le jour le plus important de l'histoire américaine".
- "Réduites au silence" -
Outre l'économie et l'immigration clandestine, les droits de femmes sont un thème central de cette campagne, surtout depuis que la Cour suprême a dynamité en 2022 la protection fédérale du droit à l'avortement en renvoyant aux 50 Etats américains le choix de légiférer.
Plusieurs manifestations pour défendre ce droit fondamental et soutenir Mme Harris ont eu lieu samedi dans tout le pays, dont une marche à Washington de 15.000 personnes selon les organisatrices.
Pancarte rose "Grand-mère en colère" à la main, Sheridan Steelman est venue du Michigan (nord) avec ses deux sœurs. "Rester sur la touche, c'est ce que j'ai fait depuis toujours, mais aujourd'hui il y a trop d'enjeux", a proclamé cette professeure d'anglais de 74 ans
Si Donald Trump est élu, "on sera de plus en plus réduites au silence".
Sur la télé préférée des conservateurs, Fox News, l'ancien président a critiqué un spot publicitaire "ridicule" des démocrates où des femmes votent pour Kamala Harris sans le dire à leurs maris.
La campagne 2024, où des milliards de dollars sont dépensés, est scrutée dans le monde entier, notamment en Europe et au Proche-Orient.
Il faut dire qu'elle a été hors du commun.
En l'espace de quelques semaines cet été, le président Joe Biden, 81 ans, a jeté l'éponge et laissé la place à Mme Harris et M. Trump a été la cible de deux tentatives d'assassinat.
Les deux adversaires ont tout fait depuis pour convaincre les indécis chez les femmes, les jeunes, les Afro-américains, Arabo-musulmans et Latino-américains.
L'élection pourrait être si disputée qu'il faudra peut-être des jours à partir de mardi soir avant un résultat national définitif, alors que 75 millions d'Américains ont déjà posté ou glissé dans des urnes leur bulletin de manière anticipée.
Des partisans trumpistes ont déjà le regard tourné sur l'après-scrutin. Ainsi, Jace Boda, ingénieur, est persuadé qu'"il y aura beaucoup de fraudes". "Kamala va devenir présidente, mais Trump va gagner", pense-t-il.
(Y.Berger--BBZ)