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Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, limogé mardi, aura été le stratège de la guerre totale contre le Hamas et le Hezbollah avant de devenir trop encombrant pour le Premier ministre Benjamin Netanyahu, en demandant la conscription des ultra-orthodoxes.
Ancien général devenu homme politique, M. Gallant, 65 ans, a dirigé d'une main de fer l'offensive militaire israélienne contre le Hamas dans la bande de Gaza en représailles à l'attaque du mouvement islamiste palestinien en territoire israélien le 7 octobre 2023.
M. Gallant a ordonné un "siège complet - pas d'électricité, pas de nourriture, pas d'eau, pas de gaz" dès le 9 octobre sur Gaza alors que l'armée israélienne pilonnait le territoire palestinien surpeuplée avec des frappes aériennes.
Il s'est ensuite imposé dans la guerre contre le Hezbollah au Liban voisin, déterminé à faire revenir chez eux les quelque 60.000 habitants du nord d'Israël déplacés par les tirs de roquettes du mouvement armé, qui a ouvert un front contre Israël depuis le 8 octobre 2023, en soutien au Hamas.
"L'action militaire" étant "le seul moyen de garantir" leur retour, selon M. Gallant, Israël a lancé fin septembre une offensive aérienne, puis terrestre dans le sud du Liban, contre les fiefs du Hezbollah, dont il a tué le chef, Hassan Nasrallah, dans un bombardement d'ampleur sur Beyrouth le 27 septembre.
- "Concessions douloureuses" -
Mais au sein du cabinet de guerre, les relations avec M. Netanyahu s'étaient dégradées depuis un an sur la conduite de la guerre à Gaza.
M. Gallant était fermement opposé à tout contrôle militaire israélien ou à toute responsabilité sur la gouvernance de la bande de Gaza après la guerre.
Fin octobre, il affirmait aussi qu'Israël devrait faire "des concessions douloureuses" pour libérer les 97 otages encore retenus en captivité à Gaza, car "tous les objectifs ne peuvent être atteints uniquement par des opérations militaires".
Une position susceptible de faire apparaître M. Netanyahu comme un jusqu'au-boutiste ne se souciant pas du sort des otages.
Les ordres d'appels lancés par l'armée pour 10.000 hommes de la communauté ultra-orthodoxe, dont une partie sont traditionnellement exemptés du service militaire obligatoire, aura été un autre camouflet pour le Premier ministre.
Après un an de guerre et alors que les réservistes sont épuisés par les longues périodes sous les drapeaux, la conscription des juifs ultra-orthodoxes a suscité les foudres des partis ultra-orthodoxes, alliés clés de la coalition du Premier ministre.
- Bûcheron en Alaska -
Durant sa carrière politique entamée 2015, M. Gallant a aussi été un important soutien des colonies israéliennes en Cisjordanie occupée, considérées comme illégales au regard du droit international, et qui abritent aujourd'hui environ 490.000 colons.
Né le 8 novembre 1958 à Jaffa, près de Tel-Aviv, ce fils de juifs polonais rescapés de la Shoah a fait une longue carrière dans l'armée. Général en 2002, il devient l'attaché militaire du Premier ministre, Ariel Sharon.
Officier dans les commandos de marine de la "Shayetet-13" (Flottille-13), il avait participé à une opération au Liban en 1978 contre le mouvement palestinien Fatah, durant laquelle de nombreux combattants palestiniens avaient été tués.
De 1982 à 1984, il prend une pause de l'armée pour devenir bûcheron en Alaska.
Commandant de la division militaire contrôlant la bande de Gaza à la fin des années 1990, il a notamment dirigé le retrait unilatéral de l'armée et l'évacuation des colons du territoire palestinien à l'été 2005.
Il a aussi commandé l'opération "Plomb durci" dans la bande de Gaza fin 2008-début 2009, fatale à 1.440 Palestiniens et 13 Israéliens et qui avait valu à Israël d'être accusé par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU de possibles "crimes de guerre".
Nommé chef d'état-major en 2010, Yoav Gallant avait finalement été écarté de ce poste à la suite d'allégations par la presse d'appropriation illégale de terrains. L'affaire avait été classée.
Après l'armée, il a brièvement dirigé une société de forage appartenant au magnat franco-israélien Beny Steinmetz, avant de se lancer en politique.
Député du parti Koulanou (centre-droit) en 2015 puis ministre du Logement, il a rejoint le Likoud (droite) en 2019, devenant ministre de l'Immigration, puis de l'Education, dans les gouvernements de M. Netanyahu.
(P.Werner--BBZ)