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Et maintenant, qui pour diriger les Finances? Quel porte-parole? Donald Trump continue à former son équipe, à coups de nominations parfois fracassantes qui récompensent le plus souvent la fidélité absolue à sa personne.
Pas question pour le tribun de 78 ans de répéter ce qu'il a décrit comme la "plus grande erreur" de son premier mandat (2017-2021), dans un podcast enregistré fin octobre avec le très influent Joe Rogan.
"J'ai choisi certaines personnes que je n'aurais pas dû choisir", à savoir "des personnes qui n'étaient pas loyales", avait-il déclaré.
"Les choix de Trump répondent à deux critères: la loyauté et la rupture", analyse pour l'AFP Todd Belt, professeur de sciences politiques à l'université George Washington. Il veut s'entourer de fidèles qui "ne vont pas passer leur temps à lui dire ce qu'il ne peut pas faire."
Restent encore à pourvoir les postes de secrétaire du Trésor, de chargé du Commerce extérieur et de porte-parole de la Maison Blanche, entre autres.
Le président élu, qui prendra ses fonctions le 20 janvier, a envoyé des ondes de choc mercredi avec ses choix pour la direction du renseignement et pour le ministère de la Justice.
Reste à voir s'ils sont confirmés par le Sénat, une procédure qui commence avec la rentrée parlementaire en janvier et qui est bouclée après la prestation de serment du nouveau président.
Les sénateurs républicains sont certes majoritaires, mais certains semblent peu enthousiastes face aux personnalités désignées.
Ainsi Tulsi Gabbard, une transfuge du Parti démocrate connue pour ses positions favorables à la Russie, comme directrice du renseignement.
Elle avait rejoint le camp conservateur pendant un meeting de Donald Trump en octobre, en décrivant le républicain, debout à ses côtés avec un sourire approbateur, comme un "président qui a le courage et la force de se battre pour la paix".
L'annonce qui, de loin, a fait le plus de vagues est celle de Matt Gaetz comme ministre de la Justice. Ce trumpiste tonitruant, qui a été soupçonné de relations avec une jeune fille mineure, a mené à l'automne 2022 le renversement du patron républicain de la Chambre des représentants, semant une pagaille politique monstre.
Cet élu de Floride représentant la droite radicale "doit être la pire nomination de ministre de l'histoire américaine", a asséné John Bolton, ancien conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, désormais critique du milliardaire.
- Télégéniques -
Donald Trump, à l'exception d'une visite éclair à Washington mercredi, est retranché depuis sa victoire dans sa résidence de Floride. Selon la presse, il choisit ses lieutenants en visionnant des interventions télévisées des candidats.
Son premier mandat avait été une succession de limogeages spectaculaires. Plusieurs anciens conseillers ou ministres se sont, comme John Bolton, retournés contre lui par la suite.
Cette fois, le 45e et bientôt 47e président des Etats-Unis privilégie des personnalités qui n'ont parfois aucune expérience de l'appareil d'Etat, mais qui le soutiennent sans réserve.
Comme Elon Musk, qui dirigera une commission de réduction de la dépense publique et de dérégulation, dont les contours juridiques restent flous. Sur son réseau social X, l'homme le plus riche du monde a invité les personnes à "QI élevé" et "prêtes à travailler plus de 80 heures par semaine sur des tâches ingrates de réduction des dépenses" publiques, à lui envoyer leurs CV.
Plusieurs futurs ministres ou conseillers sont des invités réguliers sur la chaîne préférée des conservateurs, Fox News.
Donald Trump, lui-même un ancien animateur de téléréalité et grand consommateur de télévision, "aime les gens qui passent bien à l'écran. C'est très important pour lui", souligne Todd Belt.
Le républicain avait complimenté la future ministre à la Sécurité intérieure, la controversée Kristi Noem, sur son apparence pendant un meeting.
Pour diriger le Pentagone, Donald Trump a carrément choisi un animateur de Fox News, Pete Hegseth. La nomination de cet ancien militaire qui n'a pas d'expérience du commandement de haut niveau a été une énorme surprise.
Le futur président a toutefois fait un choix qui tranche avec cette quête de loyauté absolue: le sénateur de Floride Marco Rubio, avec lequel il a eu dans le passé des relations conflictuelles, doit diriger la diplomatie.
(K.Lüdke--BBZ)