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Le Sénégal compte depuis dimanche soir les votes aux législatives. Les nouveaux dirigeants visent la majorité la plus large possible pour appliquer l'agenda de rupture et de justice sociale avec lequel ils ont été portés au pouvoir il y a huit mois.
Le Pastef, parti du président et du Premier ministre, arrive en tête dans une grande majorité des premiers centres de vote dont les médias annoncent les résultats provisoires au fur et à mesure de leur affichage.
Le Pastef bat deux têtes de liste de l'opposition, le maire de Dakar Barthélémy Dias et le deuxième de la présidentielle 2024 Amadou Ba, dans leur bureau de vote, selon ces résultats.
Le chef du gouvernement Ousmane Sonko l'emporte largement dans son bureau à Ziguinchor (sud), indiquent ces résultats.
Des projections fiables de la nouvelle Assemblée pourraient être disponibles lundi matin grâce aux médias. Aucun incident significatif n'a été rapporté. La coalition Takku Wallu Sénégal de l'ancien président Macky Sall a cependant dénoncé dans un communiqué une "fraude massive organisée par le Pastef".
Différents acteurs ont fait état d'une participation typiquement moindre que celle de la présidentielle de mars(61,3%). Aux législatives de 2022, 46,6% des inscrits avaient voté.
Pascal Goudiaby, 56 ans, espérait que "le Pastef (gagne) les élections pour avoir la majorité (...) pour mieux dérouler leur mandat. La priorité, c’est le chômage, les jeunes sont tellement confrontés au chômage".
Bassirou Diomaye Faye a été élu président au premier tour en mars, dénué de toute expérience exécutive mais tiré vers le sommet par l'enthousiasme et l'aspiration au changement d'une population jeune et éprouvée par trois années de confrontation politique et de crise économique.
Son bouillant mentor Ousmane Sonko, qui aurait dû être à sa place si sa candidature n'avait été invalidée, est devenu Premier ministre.
Pendant des mois, ces avocats d'un "panafricanisme de gauche" ont mené une cohabitation conflictuelle avec une Assemblée toujours dominée par l'ancienne majorité présidentielle. M. Faye l'a dissoute dès que les délais constitutionnels l'ont permis, en septembre.
Environ 7,3 millions d'électeurs étaient donc appelés dimanche à élire 165 députés qui siégeront pour cinq ans.
- "Tout coûte cher" -
Les électeurs devaient décider de donner ou non au duo Faye-Sonko les moyens de tenir ses promesses: améliorer la vie d'une population dont une grande partie se bat au quotidien pour joindre les deux bouts, partager avec elle les revenus des ressources naturelles comme les hydrocarbures et de la pêche qui auraient été bradés à l'étranger, combattre la corruption, transformer l'Etat et sa justice...
"Je pense que celui à qui tu as donné la confiance à la présidentielle, il faut lui renouveler la confiance pour qu’il puisse accomplir ce qu’il a entamé. On veut que la vie coûte moins cher aux Sénégalais. Tout coûte cher, l’eau, l’électricité, la nourriture", a indiqué Touré Aby, 56 ans.
Le coût de la vie reste une préoccupation majeure, comme le chômage, à plus de 20%. Les nouveaux gouvernants sont à leur tour confrontés à la vague de ces centaines de compatriotes qui partent chaque mois en pirogue chercher un avenir meilleur en Europe.
Historiquement, les Sénégalais mettent en cohérence leur choix de la présidentielle et des législatives et le parti des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) de M. Sonko est donné favori par les experts.
- Opposition dispersée -
En face, l'opposition est dispersée. Elle a fait campagne en reprenant à son compte le grief formulé par un certain nombre de Sénégalais selon lequel, pendant huit mois, M. Sonko a beaucoup parlé et peu agi. L'intéressé s'en défend en arguant de l'état dans lequel lui et M. Faye ont trouvé le pays et des multiples résistances à l'entreprise de changement des pratiques et du système.
(S.G.Stein--BBZ)