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Le Soudan du Sud a rejeté jeudi des accusations d'une organisation de surveillance basée aux États-Unis affirmant que la famille du président Salva Kiir aurait bâti un vaste empire commercial dans le pays, l'un des plus pauvres du monde.
The Sentry, spécialisée dans la traque de l'argent de la corruption, a affirmé avoir cartographié 126 entreprises de la famille Kiir opérant dans des secteurs "centraux" pour l'économie sud-soudanaise, notamment l'exploitation minière, le pétrole, les banques, le commerce, l'aviation, la sécurité privée et la logistique.
"Étant donné l'ampleur et la portée de ce réseau, la transparence est essentielle pour déterminer si ces entreprises sont utilisées à des fins illicites, en particulier compte tenu des antécédents de corruption du Soudan du Sud", a déclaré l'organisation dans un rapport publié cette semaine et intitulé "Kiirdom".
"Les entreprises liées à la famille Kiir ont été identifiées à plusieurs reprises dans des listes de sociétés impliquées dans des scandales d'approvisionnement ayant entraîné la perte de milliards de dollars de fonds publics qui auraient dû être utilisés pour répondre aux besoins fondamentaux du peuple sud-soudanais", ajoute-t-elle.
Mais le bureau du président sud-soudanais a rejeté des allégations "sans fondement et malveillantes" et déclaré que la constitution du pays n'interdisait à aucun citoyen, y compris à ses proches, de se livrer à des activités commerciales.
"Les allégations, présentées comme des conclusions d'enquête, ne sont rien d'autre qu'une chasse aux sorcières délibérée destinée à saper la Première famille et à déstabiliser l'unité de la nation", selon un communiqué du bureau.
The Sentry a publié une quantité colossale de données sur sa plateforme, et affirme avoir découvert que 23 membres de la famille Kiir - dont sa femme Mary Ayen Mayardit, au moins neuf enfants et petits-enfants, ainsi que son beau-frère et sa famille - ont été actionnaires de sociétés.
Mais le nom du président n'apparaît sur aucun document d'entreprise que l'organisation a identifié.
La constitution de transition du Soudan du Sud, élaborée en 2011 après son indépendance du Soudan, stipule que le président, son adjoint, ainsi que les ministres et autres fonctionnaires de l'État ne doivent effectuer aucune transaction commerciale pendant leur mandat.
La Commission des droits de l'homme des Nations unies au Soudan du Sud a imputé le blocage du processus de transition à la corruption et au manque de gouvernance et de responsabilité politique.
Ses enquêtes ont révélé que les revenus, en particulier ceux du pétrole, "continuent d'être gravement mal gérés au profit des élites politiques et de leurs réseaux de clientélisme", selon un communiqué.
Le Soudan du Sud dispose d'abondantes ressources pétrolières, mais a perdu depuis février sa principale source de revenus après qu'un oléoduc lui permettant d'exporter son pétrole a été endommagé par les combats au Soudan.
(T.Burkhard--BBZ)