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Le Parlement européen s'apprête à approuver mercredi à Strasbourg la nouvelle équipe de la Commission européenne, qui veut rapidement se mettre en ordre de bataille malgré la controverse sur la vice-présidence accordée à l'extrême droite italienne.
Un sentiment d'urgence a prévalu à une cinquantaine de jours de l'investiture de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis.
Si elle obtient bien le feu vert des eurodéputés à la mi-journée, la nouvelle équipe d'Ursula von der Leyen entrera en fonction début décembre pour cinq ans, en pleines turbulences géopolitiques.
Entre le retour du milliardaire Trump à la Maison Blanche, les guerres en Ukraine et au Proche-Orient et la bataille commerciale avec la Chine, "l'environnement a radicalement changé" par rapport à 2019, souligne la Suédoise Ylva Johansson, qui va quitter ses fonctions de commissaire européenne à l'immigration.
Le nouvel exécutif de l'UE est confronté "à davantage de menaces". Mais "la Commission est beaucoup plus opérationnelle qu'il y a cinq ans", assure-t-elle, mettant en avant la réponse européenne pendant la crise du Covid-19 ou la mobilisation face à la guerre en Ukraine.
Se préparer au retour de M. Trump est "le défi le plus urgent" de ce second mandat d'Ursula von der Leyen, abonde Luigi Scazzieri, analyste au Centre for European Reform. Sur "deux fronts": le commerce avec la promesse du président élu républicain d'augmenter les droits de douane sur les produits européens et "la sécurité" avec le risque d'un désengagement des Etats-Unis en Ukraine.
Malgré ces enjeux, le Parlement européen aura peiné avant d'approuver la nouvelle Commission.
Les groupes se sont affrontés sur la vice-présidence accordée à l'Italien Raffaele Fitto (Cohésion des territoires), membre du parti d'extrême droite Fratelli d'Italia de Giorgia Meloni, alors que la gauche réclamait le maintien d'un "cordon sanitaire".
La droite s'en est prise à l'inverse à la socialiste espagnole Teresa Ribera (vice-présidente à la Transition et à la concurrence), actuelle ministre du gouvernement de Pedro Sanchez, en l'accusant d'avoir mal géré les inondations qui ont fait des centaines de morts dans la région de Valence fin octobre.
Après plusieurs jours de bras de fer, le PPE (droite), les centristes de Renew et les sociaux-démocrates ont fini par sceller un accord dans la douleur pour approuver l'ensemble des commissaires proposés, une première depuis 20 ans.
Parmi les nouveaux visages, l'ancienne Première ministre estonienne Kaja Kallas devient la nouvelle cheffe de la diplomatie de l'UE et le centriste français Stéphane Séjourné obtient une vice-présidence dotée d'un large portefeuille sur la stratégie industrielle.
- "Besoin de stabilité" -
Cette nouvelle Commission affiche comme priorité la compétitivité économique et penche à droite avec une quinzaine de portefeuilles attribués au PPE (droite), première force politique du Parlement.
Le chef du PPE Manfred Weber n'a pas caché sa satisfaction. C'est une Commission "très équilibrée", a-t-il lancé, en mentionnant une possible majorité parlementaire allant d'ECR (extrême-droite), où siègent les eurodéputés italiens de Giorgia Meloni, jusqu'à certains Verts.
Au passage, Weber a de nouveau balayé les accusations de la gauche sur ses ambiguïtés avec l'extrême droite.
"Il y a des lignes rouges" et pas de coopération possible avec ceux qui ne sont pas "pro-Europe, pro-Ukraine et pro-Etat de droit", a réaffirmé le responsable allemand, en faisant le distinguo entre les troupes de Giorgia Meloni et les deux autres groupes d'extrême droite.
A la tête des sociaux-démocrates, l'Espagnole Iratxe Garcia-Pérez a mis en avant le "besoin de stabilité" en Europe pour expliquer son soutien à la nouvelle équipe.
Mais l'octroi d'une vice-présidence à Raffaele Fitto continue de diviser le groupe, et des défections sont attendues lors du vote des eurodéputés.
"On franchit une ligne rouge, et on ne repassera jamais en sens inverse, donc ça ne sera pas avec nous", a grincé le Français Raphaël Glucksmann. "On devrait avoir une commission de combat, capable de défendre l'intérêt général européen, et je ne crois pas que Fratelli d'Italia soit sur cette ligne-là."
Même divergence chez les écologistes. "La désignation d'un vice-président d'extrême droite crée un précédent tragique qui ouvre la voie au pire", a dénoncé la Française Marie Toussaint. "L'Europe recule à chaque fois que l'extrême droite avance."
(L.Kaufmann--BBZ)