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Des dizaines de milliers de Libanais chassés par les hostilités entre le Hezbollah et Israël ont pris le chemin du retour mercredi, après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu qui met fin à deux mois de guerre ouverte entre l'armée israélienne et le mouvement islamiste libanais.
La trêve, qui a débuté à 04H00 (02H00 GMT), met un terme au conflit enclenché il y a plus de 13 mois, qui a fait des milliers de morts et 900.000 déplacés au Liban, chassant également quelque 60.000 habitants du nord d'Israël.
Les habitants déplacés du sud du Liban, de la banlieue sud de Beyrouth et de la Békaa, dans l'est du pays, des bastions du Hezbollah, ont immédiatement pris la route du retour.
La banlieue sud de Beyrouth, encore bombardée mercredi à l'aube, était sillonnée de partisans du mouvement, brandissant son drapeau jaune ou des portraits de leur chef, Hassan Nasrallah, tué fin septembre par Israël.
Le Hezbollah prépare désormais des funérailles "populaires et officielles" pour ce dirigeant, a déclaré un de ses responsables, en tournée organisée à l'intention des médias dans ces quartiers.
De retour à Nabatiyé, Ali Mazraani s'est dit "choqué par la destruction massive" de cette ville du sud du Liban, qui semble "désormais étrangère".
Confrontée aussi à des "destructions énormes" dans son village de Zebqine, Hawraa Beizh, une professeure d'université, a toutefois décidé de s'y réinstaller. "C'est notre terre", dit-elle.
L'armée israélienne a averti les habitants de la région de rester à l'écart de ses positions ou des localités dont elle a ordonné l'évacuation et a fait état de plusieurs escarmouches, indiquant avoir tiré sur des "suspects".
Le Hezbollah avait ouvert un front "de soutien" au Hamas contre Israël au début de la guerre à Gaza, déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien.
Après des mois d'échanges de tirs, Israël a lancé le 23 septembre des bombardements massifs sur les fiefs du mouvement à travers le Liban, avant de lancer le 30 septembre des opérations terrestres dans le sud du pays, à sa frontière nord.
- "La sécurité d'Israël" -
L'armée libanaise a annoncé entamer "en coordination" avec la force de paix de l'ONU, la Finul, le renforcement de sa présence dans le sud.
Aux termes de l'accord, l'armée israélienne dispose de 60 jours pour se retirer progressivement du Liban. Le Hezbollah doit aussi se retirer de la frontière sud du pays avec Israël et remonter au nord du fleuve Litani, à une trentaine de la frontière.
Selon les autorités libanaises, au moins 3.823 personnes ont été tuées dans le pays depuis octobre 2023, la plupart depuis fin septembre. Du côté israélien, 82 militaires et 47 civils sont morts en 13 mois, selon les autorités.
D'après le président américain Joe Biden, l'accord doit empêcher "ce qui reste du Hezbollah" et d'autres groupes de "menacer à nouveau la sécurité d'Israël".
Washington et Paris, à la manoeuvre diplomatique, se sont appuyés sur la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU qui a mis fin à la précédente guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006, et stipule que seules l'armée nationale et la Finul peuvent être déployées dans les régions frontalières du sud du Liban.
Israël se réserve "une totale liberté d'action militaire" au Liban, "si le Hezbollah viole l'accord et tente de se réarmer", a souligné son Premier ministre, Benjamin Netanyahu.
Le mouvement chiite fera preuve d'une "coopération totale" pour le déploiement de l'armée dans le sud, a affirmé à l'AFP un de ses députés, Hassan Fadlallah.
Mais ses membres "sont les enfants des villages" du sud, d'où "personne" ne peut les chasser, a-t-il ajouté.
- "Pression" sur le Hamas et l'Iran -
Selon M. Netanyahu, la trêve permettra à Israël de "se concentrer sur la menace iranienne" et d'"intensifier" sa pression sur le Hamas.
Les éditorialistes israéliens étaient sceptiques, redoutant que le Hezbollah ne reconstitue ses forces ou pointant l'absence d'avancées pour une trêve à Gaza et le retour des otages.
Israël compte "faire tous les efforts nécessaires pour créer les conditions d'un nouvel échange d'otages", a assuré le ministre israélien de la Défense, Israël Katz.
"Il y a un sentiment de plus grande sécurité, nos enfants peuvent retourner à l'école", s'est réjoui Youri, 43 ans, déplacé de son kibboutz Yiron, près de la frontière, à Haïfa, dans le nord d'Israël. Mais "nous ne nous sentons pas complètement rassurés", car "le Hezbollah a encore des forces", a-t-il ajouté.
Ennemi juré d'Israël, l'Iran a salué "l'arrêt de l'agression" israélienne", son ambassade à Beyrouth félicitant sur X "la Résistance" pour sa "glorieuse victoire".
Un responsable du Hamas s'est réjoui d'une "réussite majeure pour la résistance" et a affirmé à l'AFP que son mouvement était lui aussi "prêt à un accord de cessez-le-feu" à Gaza.
Médiateur dans ce conflit, le Qatar a dit espérer "un accord similaire" pour faire taire les armes dans le territoire palestinien assiégé, dévasté et en proie à une catastrophe humanitaire.
En Cisjordanie occupée, l'Autorité palestinienne a émis l'espoir que la trêve "contribue à arrêter la violence et l'instabilité" dans la région.
La guerre à Gaza a été déclenchée par l'attaque du Hamas, qui a entraîné la mort de 1.207 personnes du côté israélien, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.
L'offensive israélienne menée en représailles à Gaza a fait au moins 44.282 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
(T.Burkhard--BBZ)