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L'ex-Premier ministre malaisien Najib Razak, emprisonné et jugé dans un nouveau volet du vaste scandale de corruption 1MDB, doit présenter cette semaine sa défense et plaider pour purger le reste de sa peine en résidence surveillée.
L'ancien dirigeant du pays d'Asie du Sud-Est, qui purge déjà une peine de six ans de prison pour une affaire de corruption liée au détournement d'argent du fonds souverain 1Malaysia Development Berhad (1MDB), est accusé dans plusieurs autres volets du scandale financier qui a entraîné sa défaite aux élections de 2018.
L'homme de 71 ans doit s'exprimer à partir de lundi devant la Haute cour sur quatre chefs d'accusation d'abus de pouvoir en lien avec des pots-de-vin présumés de 2,27 milliards de ringgits (510 millions de dollars) et 21 chefs d'accusation de blanchiment d'argent.
L'affaire porte sur la société Tanore Finance Corp, qui, selon les autorités américaines, a été utilisée pour détourner de l'argent du fonds 1MDB.
En octobre, Najib Razak avait présenté ses excuses pour le scandale 1MDB survenu pendant son mandat mais a assuré ne pas avoir eu connaissance de virements illégaux effectués à partir du fonds souverain aujourd'hui dissout.
S'il est reconnu coupable, il risque de lourdes amendes et des peines allant jusqu'à 20 ans pour chaque chef d'abus de pouvoir.
Son avocat principal, Muhammad Shafee Abdullah, a indiqué qu'ils étaient "plus déterminés" que jamais à se battre.
- Demande d'assignation à résidence -
La Cour d'appel examinera par ailleurs jeudi le recours de M. Najib contre le rejet de sa demande de pouvoir effectuer le reste de sa peine en résidence surveillée.
Sa demande reposait sur un décret présumé du précédent roi de Malaisie l'autorisant à accomplir le reste de sa peine à domicile.
Mais le document en question n'a pas été rendu public et le monarque ne s'est pas exprimé sur le sujet.
Si la cour d'appel juge le recours recevable, la demande sera à nouveau examinée par la justice.
Un projet de loi permettant la résidence surveillée comme peine alternative pour certains délits l'année prochaine a par ailleurs généré des spéculations.
Le gouvernement du Premier ministre Anwar Ibrahim a nié que le texte ait été conçu pour permettre à Najib Razak d'échapper à la prison.
Andrew Khoo, avocat à Kuala Lumpur, a estimé qu'il serait ardu pour Najib Razak de faire accepter sa requête, étant donné la gravité des faits.
"Cela enverrait un mauvais message au public, à savoir que même les personnes condamnées pour des délits graves peuvent purger leur peine de prison depuis leur domicile", a-t-il déclaré à l'AFP.
- Superyacht et œuvres d'art -
Le détournement de centaines de millions de dollars du fonds 1MDB, censé œuvrer au développement économique de la Malaisie, pour des dépenses privées comme un superyacht ou des œuvres d'art, ont joué un rôle majeur dans la défaite aux élections de Najib Razak et de son parti en 2018.
Ce scandale a déclenché des enquêtes aux Etats-Unis, en Suisse et à Singapour, dont les systèmes financiers auraient été utilisés pour blanchir l'argent.
Selon le ministère américain de la Justice, plus de 4,5 milliards de dollars ont été détournés de 1MDB entre 2009 et 2015 par des hauts responsables du fonds et leurs complices.
Najib Razak a commencé à purger une peine de 12 ans de prison en août 2022 pour des infractions liées à l'utilisation abusive de fonds publics provenant de SRC International, une ancienne entité de 1MDB.
Sa peine a ensuite été réduite de moitié par la commission des grâces de Malaisie.
Depuis, Najib Razak a remporté quelques victoires juridiques. Le 27 novembre, un tribunal malaisien a autorisé l'abandon des poursuites pour corruption dans l'une des cinq affaires liées à 1MDB.
Ces accusations concernaient des paiements de plus d'un milliard de dollars qui auraient été envoyés à l'International Petroleum Investment Company, fonds souverain d'Abu Dhabi. Une autre accusation de falsification d'audit s'est soldée par un acquittement en 2023.
(K.Müller--BBZ)