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Le président américain Joe Biden effectue mardi et mercredi un déplacement en Angola destiné à affirmer les ambitions de Washington face à la Chine, une visite historique qui risque d'être en partie éclipsée par sa décision de gracier son fils Hunter.
M. Biden, qui cèdera le pouvoir le 20 janvier à Donald Trump, doit s'entretenir mardi à Luanda avec son homologue angolais Joao Lourenço.
Pour des raisons de sécurité, les autorités locales ont décrété deux jours fériés le temps de la visite.
Le président américain prononcera aussi un discours au Musée national de l'esclavage, dans la capitale de cette ancienne colonie portugaise, qui borde l'Océan atlantique.
Mercredi, il se rendra à Lobito, ville portuaire à environ 500 kilomètres au sud de Luanda, pour vanter l'investissement emblématique de sa présidence en Afrique, le "Couloir de Lobito".
- Couloir de Lobito -
M. Biden y rencontrera les dirigeants des pays concernés par ce projet, à savoir, outre l'Angola, la République démocratique du Congo, la Zambie et la Tanzanie, selon la Maison Blanche.
Le gigantesque projet de voie ferrée est destiné à acheminer vers le port de Lobito des matières premières stratégiques telles que le cuivre et le cobalt.
Ce chantier est "une vraie révolution pour l'engagement des Etats-Unis en Afrique", a assuré mardi John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, pendant un échange avec les journalistes.
"Nous avons l'espoir fervent que la future équipe (...) comprendra comment cela contribuera à plus de sécurité, de prospérité et de stabilité économique pour le continent", a-t-il ajouté.
Le "couloir de Lobito", également soutenu par l'Union européenne, est conçu comme une vitrine des ambitions américaines en Afrique, un continent relativement négligé ces dernières années par la première puissance mondiale, alors que la Chine y investit très lourdement.
"Nous ne demandons pas aux pays de choisir entre les Etats-Unis et la Chine ou la Russie. Nous cherchons simplement des projets d'investissements fiables pour le peuple angolais et les peuples du continent, parce que trop de pays se sont fiés à des investissements irréguliers, et se retrouvent désormais ravagés par les dettes", a dit John Kirby, dans une allusion à Pékin.
- Dette -
L'Angola est endetté à hauteur de 17 milliards de dollars auprès de la Chine, soit 40% du total de sa dette.
Joe Biden avait promis en 2022 de se rendre en Afrique. Il s'est rendu en Egypte cette année-là pour participer à une conférence de l'ONU sur le climat, mais n'avait pas encore tenu sa promesse d'une visite officielle seulement consacrée aux relations entre l'Amérique et les pays africains.
Son voyage est le premier du genre d'un président américain sur le continent depuis 2015. Par ailleurs, jamais un chef d'Etat de la première puissance mondiale ne s'était rendu en Angola.
Cette visite inédite intervient toutefois à un moment où Joe Biden n'a plus guère de poids politique.
Surtout, elle risque d'être éclipsée par la grâce présidentielle étendue tout juste accordée par le démocrate de 82 ans à son fils Hunter.
Il s'agit d'une volte-face fracassante pour le président sortant, qui jusqu'ici avait assuré qu'il laisserait la justice suivre son cours concernant son cadet, cible privilégiée de ses adversaires trumpistes.
- Hunter Biden -
Hunter Biden attendait de connaître sa peine dans des affaires de détention illégale d'arme à feu et de fraude fiscale.
L'ancien homme d'affaires, au passé marqué par des addictions à l'alcool et au crack, est désormais protégé de toute poursuite judiciaire pour des faits ayant eu lieu entre janvier 2014 et décembre 2024.
Cette période couvre aussi sa présence au conseil d'administration de la société ukrainienne Burisma.
Les républicains avaient lancé une enquête en destitution contre Joe Biden en lien notamment avec la relation de son fils avec cette entreprise gazière.
Donald Trump, persuadé que la justice a été instrumentalisée contre lui-même et ses partisans par le camp Biden, a décidé de nommer de fidèles lieutenants au ministère de la Justice et à la tête de la police fédérale, le FBI.
(F.Schuster--BBZ)