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Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis rencontre mardi à Londres son homologue britannique Keir Starmer, avec l'objectif d'avancer sur la restitution à Athènes des frises du Parthénon qui se trouvent au British Museum, une querelle historique empoisonnant les relations bilatérales.
Avant sa visite au Royaume-Uni, la première depuis l'arrivée au pouvoir du travailliste Keir Starmer, Kyriakos Mitsotakis s'est dit "fermement convaincu" que les marbres du Parthénon reviendraient à Athènes plus de deux siècles après leur départ pour Londres.
"Je suis fermement convaincu que les frises seront restituées. Les discussions avec le British Museum se poursuivent", a assuré le chef du gouvernement grec samedi sur la chaîne de télévision ANT1.
Ces négociations pour tenter de résoudre une querelle qui empoisonne les relations bilatérales depuis plus de 50 ans "ne concernent pas le gouvernement britannique, mais le British Museum", a toutefois souligné M. Mitsotakis.
La question sera "évidemment l'un des enjeux de la rencontre bilatérale" avec Keir Starmer, a déclaré lundi le porte-parole du gouvernement à Athènes.
De son côté, Downing Street a affirmé que les frises du Parthénon "ne figureront pas à l'agenda du Premier ministre" Keir Starmer. "Il se concentrera sur le soutien à l'Ukraine et sur la nécessité urgente d'un cessez-le-feu à Gaza", a indiqué son porte-parole.
"Notre position sur les marbres du Parthénon n'a pas changé", a poursuivi ce porte-parole, ajoutant que cette question restait "du ressort du British Museum".
- Trésor antique -
La Grèce est déterminée à retrouver son patrimoine. Un retour à Athènes de ce trésor antique exposé dans l'un des plus grands musées du monde depuis 1816 constituerait pour le dirigeant conservateur une victoire politique incontestable.
Dans cette optique, Kyriakos Mitsotakis a mené avec son chef de la diplomatie, Yiorgos Gerapetritis, des "rencontres privées" avec des responsables du British Museum dont son dirigeant George Osborne à "deux ou trois reprises" cette année, selon la télévision britannique Sky News.
Les discussions sont "bien avancées", selon le Guardian, qui cite mardi des sources proches des négociations. L'accord consisterait en un partenariat culturel qui verrait les frises retournées à Athènes, en échange d'oeuvres de premier plan envoyées à Londres.
Athènes a démenti toute tractation secrète mais selon les médias britanniques, le Premier ministre Keir Starmer se montre beaucoup plus ouvert à un retour de ces chefs d'oeuvre antiques à Athènes que son prédécesseur, Rishi Sunak.
Ce dernier avait infligé un camouflet diplomatique à M. Mitsotakis il y a un an en annulant à la dernière minute une rencontre prévue entre eux.
Ce coup de chaud entre Londres et Athènes était intervenu après des propos de M. Mitsotakis qui avaient, semble-t-il, vivement mécontenté Downing Street.
Le Grec, ardent défenseur d'un retour des marbres, avait jugé que conserver une partie des frises du Parthénon hors de Grèce revenait à "couper Mona Lisa (la Joconde) en deux".
Alors à la tête de l'opposition, M. Starmer avait assuré que M. Sunak avait "manifestement perdu la boule".
- "Pillage", "acquises légalement" -
Athènes réclame depuis des décennies le retour de ces précieuses frises longues de 75 mètres et détachées du Parthénon.
Les autorités grecques soutiennent qu'elles ont été l'objet d'un "pillage" orchestré en 1802 par Lord Elgin, ambassadeur britannique auprès de l'Empire ottoman.
Mais Londres affirme que les sculptures ont été "acquises légalement" par Lord Elgin, qui les a revendues au British Museum.
Une loi britannique de 1963 empêche le musée d'effectuer des restitutions.
Au Royaume-Uni, où selon un sondage YouGov de 2023, une majorité de Britanniques se montrent favorables à une restitution, les opposants craignent un effet domino qui verrait les revendications de plusieurs pays s'accumuler.
Au sommet de l'Acropole, le Parthénon, inscrit au patrimoine culturel de l'Unesco, est un temple construit au Ve siècle avant JC en hommage à la déesse Athéna.
Le nouveau musée de l'Acropole, inauguré en 2009, a réservé un espace pour accueillir les frises du Parthénon à l'étage du bâtiment où sont reconstitués en taille réelle les quatre côtés du temple. Les frises exposées à Londres ont été remplacées par des moulages.
L'Acropole d'Athènes est le site archéologique le plus visité de Grèce.
(S.G.Stein--BBZ)