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L'armée syrienne a lancé mercredi une contre-offensive pour tenter de repousser les rebelles menés par des islamistes radicaux qui sont arrivés aux abords de la grande ville de Hama, dans le centre du pays, après une offensive fulgurante menée depuis le nord.
Après s'être emparés de dizaines de localités et de la majeure partie d'Alep, la deuxième ville de Syrie, les rebelles sont arrivés mardi, selon une ONG, "aux portes" de Hama, une ville stratégique pour l'armée car sa protection est essentielle pour celle de la capitale Damas, située à environ 220 kilomètres plus au sud.
Des décennies plus tard, les cicatrices de ce massacre, qui a poussé des milliers de Syriens à l'exil, ne sont toujours pas guéries.
C'est aussi dans cette ville que se sont déroulées certaines des plus grandes manifestations au début du soulèvement prodémocratie de 2011, dont la répression a déclenché la guerre civile.
- Des bruits "terrifiants" -
Mercredi, de "violents affrontements" opposaient l'armée aux rebelles au nord-est et au nord-ouest de Hama, selon l'agence de presse officielle Sana.
"La nuit dernière, les bruits étaient terrifiants et on entendait clairement le bruit des bombardements incessantes", a témoigné un chauffeur de 36 ans, prénommé Wassim, joint par l'AFP. "Je vais rester chez moi parce que je n'ai aucun endroit où aller. Nous sommes fatigués, nous sommes sur les nerfs depuis quatre jours".
Les forces du régime, qui n'avaient pas opposé de résistance significative à Alep, ont lancé "après minuit une contre-offensive", sous une couverture aérienne, dans la région de Hama, et ont repoussé les assaillants, a annoncé mercredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
Cette ONG basée au Royaume-Uni, qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, a signalé d'importants déplacements de population dans cette région, alors que des dizaines de milliers de civils ont déjà fui les régions plus au nord d'Alep et Idleb.
Mardi, des nuages de fumée noire s'élevaient de la ville de Sourane, à une vingtaine de kilomètres au nord de Hama, où des images de l'AFP ont montré des civils fuyant, entassés dans des camions et des remorques, pendant que des combattants rebelles, brandissant leurs armes, patrouillaient à bord de pick-up.
- Contacts diplomatiques -
Les combats et les bombardements, qui ont fait 602 morts en une semaine, dont 104 civils, selon l'OSDH, sont les premiers de cette ampleur depuis 2020 en Syrie.
Parmi les morts, figurent aussi 299 combattants du groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), qui mène l'offensive rebelle avec des factions alliées, selon cette ONG, et 199 soldats et combattants progouvernementaux.
La Russie et l'Iran, les principaux alliés de Damas, ainsi que la Turquie, un soutien majeur des rebelles, sont en "contact étroit" pour stabiliser la situation en Syrie, a annoncé mercredi la diplomatie russe.
Le pays, meurtri par la guerre civile qui a fait un demi-million de morts, est à présent morcelé en plusieurs zones d'influence, où les belligérants sont soutenus par différentes puissances étrangères.
Alors qu'un calme relatif se maintenait depuis 2020 dans le nord-ouest après un cessez-le-feu parrainé par Ankara et Moscou, une coalition de rebelles dominée par HTS, l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda, a lancé le 27 novembre une offensive éclair dans cette région.
En quelques jours, les rebelles se sont emparés de vastes pans du nord de la Syrie et d'une grande partie d'Alep, qui échappe totalement au contrôle du régime pour la première fois depuis le début de la guerre civile, infligeant un lourd revers aux forces du régime appuyées par des avions syriens et russes.
L'Iran s'est dit prêt mardi à "étudier" tout envoi de troupes en Syrie si ce pays en faisait la demande.
- Les hôpitaux débordés -
A Alep, tenues par des rebelles armés, un étudiant en médecine a raconté mardi à l'AFP que le personnel de l'hôpital était "largement absent, avec des services fonctionnant à la moitié de leur capacité". "Nous tentons de répondre aux urgences, nous économisons le matériel", a-t-il témoigné en refusant de donner son nom.
L'ONU a fait état mardi "de nombreuses victimes civiles, dont un grand nombre de femmes et d'enfants" dans des attaques des deux camps et de la destruction d'établissements de santé, d'écoles et de marchés.
Les hôpitaux d'Alep, dont moins de huit continuent à fonctionner, sont débordés, a affirmé l'Organisation mondiale de la santé.
Selon le Norwegian Refugee Council, le réseau de distribution d'eau a été endommagé.
Face à l'offensive rebelle, Bachar al-Assad a dénoncé lundi une tentative de "redessiner la carte régionale".
Avec l'appui militaire de la Russie, de l'Iran et du mouvement libanais pro-iranien Hezbollah, le régime avait repris en 2015 une grande partie du pays et en 2016 la totalité d'Alep, dont la partie est avait été prise en 2012 par les rebelles.
(A.Lehmann--BBZ)