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La Russie a annoncé mercredi que son chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov, sous sanctions européennes, sera jeudi et vendredi à Malte pour une réunion de l'OSCE, son premier déplacement dans l'UE depuis le début de l'assaut russe contre l'Ukraine en février 2022.
L'Ukraine, qui a précédemment réclamé la suspension de la Russie de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, n'a pas réagi dans l'immédiat.
"Les 5 et 6 décembre, le ministre russe des Affaires étrangères et une délégation russe participeront à la prochaine réunion du Conseil ministériel de l'OSCE" à Malte, a déclaré la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, lors de son briefing quotidien.
L'écrasante majorité des 57 Etats membres de l'OSCE ont dénoncé l'assaut russe contre l'Ukraine et finance sa résistance à l'armée russe.
Cette organisation internationale avait été créée à l'époque de la Guerre froide comme une plateforme de dialogue Est-Ouest.
La visite de M. Lavrov intervient en pleines spéculations sur le lancement d'un éventuel processus de paix autour de l'Ukraine, soutenue militairement par les pays de l'UE, et à un mois et demi du retour à la Maison Blanche de l'imprévisible Donald Trump, qui fait craindre à Kiev l'arrêt de l'aide vitale des Américains.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a été le premier dirigeant occidental à reprendre lien avec Vladimir Poutine, mi-novembre lors d'un appel téléphonique, le premier entre les deux dirigeants depuis fin 2022.
Cette initiative de Berlin a provoqué la colère de Kiev - le président ukrainien Volodymyr Zelensky estimant que M. Scholz avait ouvert "la boîte de Pandore"-, et l'incompréhension d'autres chancelleries, déterminées à continuer à armer l'Ukraine pour qu'elle arrive en position de force à la table des négociations le moment venu.
A Malte, "il n'y aura pas d'entretien" avec M. Lavrov, a d'ores et déjà tranché le chef de la diplomatie polonaise, Radoslaw Sikorski, accusant Moscou de "viole(r) clairement" les règles de l'OSCE.
"La question est de savoir si la Russie, en tant qu'agresseur, doit continuer à participer à des organisations" comme l'OSCE, a-t-il ajouté.
- Organisation en crise -
Si M. Lavrov peut venir, sa porte-parole, Mme Zakharova, ne sera par contre pas du voyage. Son visa délivré pour l'occasion a finalement été annulé mercredi par les autorités maltaises, selon Moscou, "un événement sans précédent", a dénoncé le ministère russe.
La dernière visite de M. Lavrov dans l'Union européenne remontait à décembre 2021 en Suède, selon son ministère, à l'occasion d'une autre réunion de l'OSCE.
Depuis que Vladimir Poutine a ordonné à son armée d'attaquer l'Ukraine le 24 février 2022, les échanges diplomatiques entre M. Lavrov et les Occidentaux se limitent principalement aux réunions de l'ONU à New York.
Fin 2023, le chef de la diplomatie russe s'était rendu en Macédoine du Nord, pays européen membre de l'Otan, pour une autre réunion de l'OSCE.
Sa présence à Skopje avait poussé plusieurs pays -- l'Ukraine, les pays baltes et la Pologne - à boycotter le rassemblement ministériel.
Les autres participants avaient, dans leur immense majorité, pris à partie M. Lavrov, dénonçant tour à tour une "agression injustifiée et injustifiable".
Le ministre russe n'avait pas tout entendu, ayant quitté la salle de réunion à plusieurs reprises, après avoir accusé l'OSCE, "dans un état déplorable", d'être devenue un "appendice" de l'Otan et de l'UE.
En juillet dernier, Moscou avait suspendu sa participation à l'Assemblée parlementaire de l'OSCE, la qualifiant de "russophobe" et "discriminatoire".
(L.Kaufmann--BBZ)