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C'est reparti pour un round mardi à l'Elysée, où Emmanuel Macron a invité les cadres des forces politiques, hors RN et LFI, pour essayer de défricher la route lui permettant de nommer un Premier ministre, et surtout d'éviter une censure.
Après avoir enchaîné des réunions camp par camp, le chef de l'Etat invite à 14H00 les chefs de partis et présidents de groupe parlementaire de la plupart des forces politiques du pays.
Le chef de l'Etat ne va pas "construire un socle programmatique" mais veut leur proposer "un contrat de méthode", explique son entourage.
"Les lignes ont énormément bougé depuis cet été" quand les socialistes refusaient toute discussion sans l'ensemble des formations du Nouveau Front populaire, a-t-on ajouté.
Cela repousse en tout cas encore la nomination d'un nouveau Premier ministre.
Michel Barnier présidera d'ailleurs un (dernier ?) Conseil des ministres mercredi pour présenter le projet de "loi spéciale" sur le budget qui permettra notamment à l'Etat de lever l'impôt à partir du 1er janvier, dans l'attente d'un budget pour 2025. Ce texte sera examiné lundi à l'Assemblée. Son adoption ne fait guère de doute.
Pour l'heure, six jours après la censure de Michel Barnier, l'entourage d'Emmanuel Macron dit espérer "avancer sur un accord concernant une méthode" pour la nomination d'un nouveau chef de gouvernement. Manière aussi de renvoyer la balle aux forces politiques, qui rechignent à jouer le jeu.
Pas question de participer "à un gouvernement +d'intérêt général+ avec LR ou des macronistes ou je ne sais qui", a ainsi affirmé la patronne des Ecologistes Marine Tondelier, alors que la participation à cette réunion à l'Elysée divise à gauche.
- Mélenchon hausse le ton -
Les socialistes, écologistes et communistes, membres du Nouveau Front populaire, seront bien là. Mais les Insoumis qui avaient déjà décliné une invitation à l'Elysée, n'ont pas été invités et reprochent à leurs alliés d'aller négocier.
Le coordinateur de LFI Manuel Bompard a appelé mardi sur France 2 ses alliés du NFP "à ne pas céder aux sirènes et à la tentation du gouvernement national". Et le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon a haussé le ton: "Qui pense pouvoir gagner un seul siège sans nous?", a-t-il prévenu depuis Redon (Bretagne) devant plusieurs médias dont l'AFP.
Dans un courrier adressé lundi soir à Emmanuel Macron, les cadres du PS expriment, eux, leur "conviction que seuls le dialogue républicain et la confrontation des points de vue peuvent permettre de trouver une issue à cette situation de blocage".
Ils posent trois conditions: aucune participation à un gouvernement dirigé par la droite ou dit "technique"; un Premier ministre "de gauche"; "un véritable changement de cap politique" sur des sujets comme "les retraites, le pouvoir d'achat, la justice fiscale"...
A défaut d'une abrogation de la réforme des retraites, le communiste Fabien Roussel a suggéré sur franceinfo "une voie de passage", à travers "une conférence sociale", pour permettre à des "dizaines de milliers de salariés de partir en retraite comme s'il n'y avait pas eu cette réforme".
Mais l'hypothèse d'un Premier ministre de gauche est jugée "pas crédible" par le chef des députés Droite républicaine Laurent Wauquiez, qui a assuré ses troupes que la réunion de mardi ne pourrait qu'être une occasion de parler de "la méthode pour obtenir une non-censure" et "en aucun cas (d'une) participation à un gouvernement ou sur un programme".
Le petit groupe Liot, constitué d'indépendants, proposera de son côté "un pacte de non-dissolution", préalable à l'aboutissement de tout accord de "non-censure", a prévenu le député Harold Huwart.
Avec une trentaine de responsables et autant de visions différentes autour d'une même table, cette consultation élyséenne risque-t-elle de virer à la cacophonie ?
- "Faute morale" -
Non convié, le Rassemblement national de Marine Le Pen se félicite de voir Emmanuel Macron lui donner "la médaille de l'opposition", a-t-elle lancé, fustigeant des "agapes pour se partager les postes".
La réunion de mardi à l'Elysée ne fait pas non plus l'unanimité chez les soutiens d'Emmanuel Macron, qui sera seul aux commandes de ce nouveau format de consultation, sans collaborateurs.
"Il se trompe, ce n'est pas à lui de faire la majorité, c'est à son Premier ministre", estime un compagnon de route.
Pressenti parmi les favoris pour prendre la tête du gouvernement, le patron du MoDem François Bayrou s'est aussi montré sceptique, selon des sources au parti. Et l'éventuelle arrivée à Matignon de l'expérimenté centriste hérisse la gauche.
Quant à l'ex-Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve, "le président la République nous a assuré que cette option n'était pas sur la table", a assuré Marine Tondelier sur LCI.
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(L.Kaufmann--BBZ)