Berliner Boersenzeitung - Corée du Sud: Yoon face à une nouvelle motion de destitution samedi

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Corée du Sud: Yoon face à une nouvelle motion de destitution samedi
Corée du Sud: Yoon face à une nouvelle motion de destitution samedi / Photo: Philip FONG - AFP/Archives

Corée du Sud: Yoon face à une nouvelle motion de destitution samedi

L'opposition sud-coréenne a exhorté vendredi les députés du parti au pouvoir à se joindre à elle pour voter samedi au Parlement une deuxième motion de destitution contre le président Yoon Suk Yeol, faisant appel à leur responsabilité historique.

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L'impopulaire président conservateur avait sidéré la Corée du Sud le 3 décembre en instaurant soudainement la loi martiale, une première en plus de quatre décennies dans le pays, avant de faire marche-arrière à peine six heures plus tard sous la pression du Parlement et de milliers de manifestants.

Une première motion de destitution avait échoué le 7 décembre. La plupart des députés du Parti du pouvoir au peuple (PPP) de M. Yoon avaient quitté l'hémicycle avant le vote, empêchant le quorum d'être atteint.

Mais après une semaine de tractations en coulisses et alors que le filet se resserre autour du président, visé par une enquête pénale pour "rébellion" et interdit de quitter le pays, l'opposition semble en meilleure posture cette fois-ci, estiment les analystes.

Le vote est prévu samedi à 17H00 (08H00 GMT). La motion a besoin de 200 voix sur 300 pour être adoptée, et l'opposition, forte de 192 sièges, doit pour cela convaincre au moins huit des 108 députés du PPP de basculer dans son camp.

Vendredi, Lee Jae-myung, le chef du Parti démocrate, principale force d'opposition, a exhorté les élus du PPP à se rallier à sa cause en invoquant leur responsabilité face à l'histoire.

"Ce que les législateurs doivent protéger, ce n'est ni Yoon ni le parti au pouvoir (...) mais la vie de tous les gens qui protestent dans les rues glaciales", a lancé M. Lee. "Nous vous invitons à soutenir le vote de destitution de demain. L'histoire se souviendra de votre choix et en tiendra compte".

- Vote serré en perspective -

Vendredi en début d'après-midi, sept députés du PPP avaient déjà publiquement dit qu'ils voteraient pour la destitution, promettant un scrutin serré.

Si la motion passe, M. Yoon sera suspendu de ses fonctions en attendant que la Cour constitutionnelle valide sa destitution. L'intérim sera assuré par le Premier ministre Han Duck-soo.

La Cour aura 180 jours pour se prononcer. Si elle confirme la destitution, M. Yoon deviendra le deuxième président de l'histoire de la Corée du Sud à subir ce sort, après Park Geun-hye en 2017.

Mais il existe aussi un précédent de destitution votée par le Parlement mais invalidée par la Cour constitutionnelle: celle de Roh Moo-hyun en 2004.

- "Acte de rébellion" -

Même s'il échappe à la destitution, Yoon Suk Yeol pourra toujours être tenu pour "légalement responsable" de son coup de force, explique à l'AFP Kim Hyun-jung, chercheuse à l'Institut de droit de l'Université de Corée.

"Il s'agit clairement d'un acte de rébellion", poursuit-elle. "Même si la motion de destitution n'est pas adoptée, le président ne peut échapper à sa responsabilité pénale".

Alors que la Corée du Sud s'enfonce dans la crise politique, Yoon Suk Yeol a exprimé sa défiance. Lors d'une allocution télévisée jeudi, il a juré de se battre "jusqu'à la dernière minute".

Depuis sa désastreuse tentative d'imposer la loi martiale et de museler le Parlement en y envoyant l'armée, des dizaines de milliers de Sud-Coréens sont descendus dans les rues de Séoul pour réclamer sa démission et son incarcération.

Selon un sondage Gallup publié vendredi, la cote de popularité du président a chuté à un nouveau plus bas de 11%, et 75% des personnes interrogées sont favorables à sa destitution.

Les manifestants représentent tout l'éventail de la société sud-coréenne, depuis les jeunes fans de K-pop agitant des bâtons lumineux jusqu'aux retraités ayant subi les heures sombres de la dictature militaire dans les années 1980.

"La destitution est une nécessité", affirme à l'AFP Kim Sung-tae, un ouvrier de l'industrie automobile de 52 ans travaillant dans une entreprise qui fabrique des pièces automobiles. "Nous nous battrons pour restaurer la démocratie".

"Je suis furieux que nous devions tous payer le prix pour avoir élu ce président", approuve Kim Hwan-ii, un enseignant.

(A.Lehmann--BBZ)