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Les députés sud-coréens ont commencé samedi à voter pour ou contre la destitution du président Yoon Suk Yeol, menacé pour sa tentative ratée d'imposer la loi martiale et de faire museler le Parlement par l'armée le 3 décembre.
Alors que des dizaines de milliers de manifestants pro et anti-Yoon sont massés à Séoul, les premiers devant le Parlement et les seconds dans le centre-ville, le président de l'Assemblée nationale Woo Won-shik a ouvert la séance vers 16H05 (07H05 GMT).
L'imposition de la loi martiale "est une violation claire de la Constitution et une grave infraction à la loi", a déclaré à la tribune Park Chan-dae, le chef de file des députés du Parti démocrate, la principale force d'opposition. "Yoon Suk Yeol est le cerveau de cette rébellion".
"Je vous demande instamment de voter en faveur de la destitution afin de laisser une leçon historique selon laquelle ceux qui détruisent l'ordre constitutionnel devront rendre des comptes", a poursuivi M. Park. "Yoon Suk Yeol est le plus grand risque pour la République de Corée".
Le scrutin à bulletin secrets, qui doit durer une quarantaine de minutes, a commencé vers 16H30 (07H30 GMT), les députés faisant la queue pour déposer un à un leur bulletin dans l'urne.
Le 7 décembre, une première motion de destitution avait échoué, la plupart des députés du Parti du pouvoir au peuple (PPP) de M. Yoon ayant quitté l'hémicycle avant le vote pour empêcher le quorum d'être atteint.
Pour être adoptée, la motion doit recueillir au moins 200 voix sur 300. L'opposition menée par le Parti démocrate compte 192 sièges, et le PPP 108. Les adversaires de M. Yoon doivent donc faire basculer au moins huit députés du PPP dans leur camp pour obtenir sa chute.
Jusqu'à présent, sept députés du PPP ont ouvertement dit qu'ils voteraient pour la destitution.
- 200.000 manifestants -
Devant le Parlement, par un froid glacial, quelque 200.000 personnes selon la police sont massées pour attendre l'issue du vote.
Des bénévoles distribuent des patchs chauffants, du café et de la nourriture.
"Si Yoon n'est pas destitué aujourd'hui, je reviendrai la semaine prochaine", dit à l'AFP Yoo Hee-jin, 24 ans, qui se déclare "furieuse" contre le président. "Je continuerai à venir chaque semaine jusqu'à ce que cela se produise", jure-t-elle.
Plusieurs milliers de partisans de M. Yoon sont, eiux, rassemblés dans le centre de Séoul, brandissant des drapeaux sud-coréens et américains et réclamant l'arrestation des dirigeants d'opposition.
"Yoon n'avait d'autre choix que de déclarer la loi martiale. J'approuve toutes les décisions qu'il a prises en tant que président", dit à l'AFP Choi Hee-sun, 62 ans.
Si la motion passe, M. Yoon sera suspendu en attendant que la Cour constitutionnelle valide sa destitution. L'intérim sera alors assuré par le Premier ministre Han Duck-soo.
La Cour aura 180 jours pour se prononcer. Si elle confirme la destitution,, 63 ans, deviendra le deuxième président de l'histoire de la Corée du Sud à subir ce sort, après Park Geun-hye en 2017. Mais il existe aussi un précédent de destitution votée par le Parlement puis invalidée deux mois plus tard par la Cour constitutionnelle: celle de Roh Moo-hyun en 2004.
Pendant ce temps, le filet policier se resserre sur le président, visé par une enquête pénale pour "rébellion" et interdit de quitter le pays.
- Arrestations -
Vendredi, le parquet a annoncé l'arrestation du chef du commandement militaire de Séoul, et un tribunal a lancé des mandats d'arrêt contre le chefs de la police nationale et celui de la police de Séoul, citant un "risque de destruction de preuves".
L'ancien ministre de la Défense Kim Yong-hyun, considéré comme la personne ayant poussé le président à imposer la loi martiale, avait été le premier a être arrêté le 8 décembre. Il avait tenté deux jours plus tard de se suicider en détention.
Yoon Suk Yeol avait sidéré la Corée du Sud dans la nuit du 3 au 4 décembre en instaurant la loi martiale, une première en plus de quatre décennies dans le pays, et en envoyant l'armée au Parlement pour essayer d'empêcher les députés de se réunir.
Dans un hémicycle cerné par les forces spéciales, les députés avaient tout de même réussi à tenir une séance d'urgence et à voter un texte réclamant l'abolition de la loi martiale, auquel le président avait été constitutionnellement obligé d'obéir.
(P.Werner--BBZ)