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Surnommé l'"automate" pour son style austère, le social-démocrate Olaf Scholz se relance dans la course à la chancellerie avec un taux de popularité parmi les plus bas de l'histoire allemande récente.
Sa recette pour essayer de regagner du terrain : un coup de barre à gauche, comme il l'a exposé lundi au Bundestag, en défendant notamment une augmentation du salaire minimum ou une réduction de la TVA sur les produits alimentaires à 5% pour soulager les foyers vulnérables.
Il a aussi promis de continuer à soutenir l'Ukraine contre la Russie mais sans lui fournir de puissantes armes à longue portée de peur d'entraîner son pays dans la guerre.
Une position qui satisfait une part importante de l'opinion publique et de son parti de centre gauche (SPD), traditionnellement enclin au dialogue avec Moscou.
Peu charismatique, le dirigeant de 66 ans compense par une pugnacité à toute épreuve. Récemment, il a fait taire ceux qui lui préféraient son ministre de la Défense, Boris Pistorius, chouchou des sondages, comme candidat des sociaux-démocrates à la chancellerie.
Et lors des législatives en 2021, il a déjoué tous les pronostics en menant son parti à la victoire. Alors ministre des Finances d'Angela Merkel, il s'est présenté pendant la campagne électorale comme le véritable héritier de la chancelière conservatrice, allant jusqu'à un certain mimétisme dans la gestuelle.
- "Une nouvelle ère" -
Cette attitude rassurante dans un pays à la population vieillissante avait contribué à le propulser au pouvoir fin 2021.
Après un début discret, où le hashtag "#Où est Olaf Scholz ?" faisait florès sur les réseaux sociaux, le pacifiste au front dégarni avait surpris par sa réaction déterminée à l'attaque de l'Ukraine par la Russie en février 2022.
Dans un discours au Bundestag, applaudi jusque dans les rangs conservateurs, il avait acté un tournant historique, "une nouvelle ère" nécessitant d'augmenter drastiquement les dépenses militaires allemandes, à rebours de la longue tradition du pays.
Il a tourné d'un coup la page des seize années Merkel et rompu avec la Russie, qui fournissait jusqu'alors à l'Allemagne de l'énergie à bas prix pour sa puissante industrie.
Mais les querelles incessantes qui ont fini par laminer sa coalition ont aussi nourri les critiques sur son manque de leadership. Tout comme sa frilosité dans les grandes crises diplomatiques a régulièrement agacé ses partenaires, dont la France.
Sa récente incursion sur le réseau TikTok n'a pas vraiment rafraîchi son image : il y a présenté un "ami fidèle", son cartable noir et usé dans lequel il range ses dossiers, sa tablette et ses lunettes.
Né le 14 juin 1958 à Osnabrück (nord-ouest) d'un père voyageur de commerce et d'une mère au foyer et élevé près de la ville de Hambourg (nord), dont il fut plus tard maire, le jeune Scholz avait de l'ambition dès son plus jeune âge.
- Cheveux longs -
"Il m'a dit à douze ans qu'il voulait devenir chancelier", a déclaré son père, Gerhard Scholz, au quotidien allemand Bild à propos de l'aîné de ses trois fils.
Selon lui, son rejeton était si bon élève qu'"il pouvait donner des cours de latin à son professeur".
M. Scholz, alors longue chevelure bouclée en bataille, rejoint le puissant mouvement des jeunes du SPD, les "Jusos" en 1975. Activiste de gauche, il participe à des manifestations pour la paix en pleine guerre froide.
Dans les années 1980, il devient vice-président des "Jusos", mais jugé alors trop à gauche, il échoue à en devenir le leader.
Après une formation de juriste, il fonde son propre cabinet d'avocats à Hambourg spécialisé dans le droit du travail en 1985, avant d'être élu député au Bundestag en 1998.
C'est au cours de son mandat de secrétaire général du SPD, de 2002 à 2004, qu'il s'est vu affubler du surnom de "Scholzomat" pour sa propension à répondre aux questions de manière monocorde et son infatigable défense des impopulaires réformes du chancelier Gerhard Schröder.
Adepte de l'aviron et de la course à pied, M. Scholz vit à Potsdam, dans la banlieue de Berlin, avec son épouse Britta Ernst, également membre du SPD et qui fut un temps ministre régionale. Ils n'ont pas d'enfants.
(L.Kaufmann--BBZ)