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Après avoir annoncé lundi à Mayotte une batterie de mesures destinées au redressement de l'archipel, François Bayrou a achevé son déplacement mardi dans la région en répétant que le département ravagé par le cyclone Chido n'avait pas vocation à devenir "une île bidonville".
"Je ne peux pas regarder les Mahorais dans les yeux en acceptant que leur île devienne le rendez-vous de tous les bidonvilles les plus dangereux et les plus indignes", a déclaré le Premier ministre depuis la Réunion, principale base logistique de l'aide à Mayotte.
"Qui serions-nous si nous acceptions, sans rien dire, en se croisant les bras, que Mayotte devienne une île bidonville. Jamais nous ne pouvons accepter ça", a-t-il assuré avant de s'envoler pour Paris.
Interrogé à propos des baraquements déjà reconstruits, M. Bayrou a affirmé qu'"on va évidemment intervenir". "Mais il faut trouver des centres d'accueil. Ça ne se fait pas en claquant des doigts, mais en tout cas, l'Etat a la responsabilité de dire +ceci n'est pas acceptable+", a-t-il dit.
"De même qu'il n'est pas acceptable de se trouver à Mayotte avec une immigration absolument incontrôlée", a-t-il ajouté, tout en reconnaissant ce sujet "extrêmement difficile" du fait de la proximité géographique mais aussi culturelle avec les Comores.
Selon l'Insee, le département de Mayotte compte 320.000 habitants, mais il y a en peut-être 100.000 à 200.000 de plus en comptant les sans-papiers.
- Un plan "Mayotte debout" -
Lundi, après une visite d'une journée à Mayotte à la tête d'une importante délégation ministérielle, M. Bayrou a présenté son plan "Mayotte debout", qui "a une seule ligne directrice: pas de phrases, des décisions concrètes et précises, des engagements concrets et précis".
En parallèle aux mesures, une loi d'urgence sera présentée vendredi en Conseil des ministres, avec une présentation au Parlement sous quinze jours. Un projet de "loi programme de refondation" de l'archipel, préparé et conçu avec les élus de Mayotte, sera mis au point dans les trois mois.
Avec l'objectif, a expliqué le chef du gouvernement à l'AFP, de "s'inscrire dans la démarche du président de la République", qui avait annoncé de premières mesures d'urgence lors d'un déplacement à Mayotte après le cyclone, qui a causé, selon le dernier bilan officiel, la mort de 39 personnes.
- Reprise des liaisons aériennes avec Paris -
Mardi, à la Réunion, alors que le nouveau ministre des Outre-mer Manuel Valls était resté à Mayotte pour poursuivre le dialogue avec les élus et le travail de coordination, le Premier ministre a salué tous les acteurs civils et militaires impliqués depuis deux semaines dans l'acheminement de l'aide.
"Ça ne serait pas la même chose si vous n'étiez pas là. Et donc je ne peux qu'exprimer de la gratitude à l'égard de ce que vous faites", a-t-il lancé aux bénévoles de la plateforme d'intervention régionale de l'océan Indien de la Croix-Rouge.
M. Bayrou a inspecté le "hub logistique" pour Mayotte situé sur une base aérienne à proximité de l'aéroport Roland-Garros.
"C'est plus de 1.000 tonnes de fret qui ont été acheminées à destination de Mayotte depuis la base aérienne. C'est le plan de charge de quatre années de travail en quinze jours. Nous travaillons jour et nuit pour réceptionner et charger dans nos avions militaires à destination de Mayotte", lui a expliqué le général Jean-Marc Giraud, qui commande les Forces armées dans la zone sud de l'océan Indien.
"Nous avons du mal à redistribuer le fret que nous recevons et à le mettre sur des avions militaires plus petits. D'où le fait qu'une partie de ce fret aérien va partir sur des porte-conteneurs de la CMA CGM", a-t-il ajouté.
L'aéroport de Mayotte accueillera à nouveau des vols commerciaux à partir de mercredi. La compagnie aérienne Air Austral va ainsi reprendre ses liaisons quotidiennes avec Mayotte avec un premier vol qui partira de Roissy mardi soir.
(L.Kaufmann--BBZ)