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Les Croates votent dimanche pour élire leur président, un poste largement honorifique qui devrait sauf surprise rester aux mains du sortant, le socialiste aux accents populistes Zoran Milanovic, un revers pour les conservateurs du HDZ, à la tête du gouvernement depuis des années.
Crédité de plus de 60% des voix dans les derniers sondages, Milanovic, 58 ans, avait failli l'emporter dès le premier tour avec plus de 49% des voix. Son rival, le conservateur Dragan Primorac, est crédité de moins de 30%.
S'il a peu de pouvoirs, le président est vu par les Croates comme un rouage important du pays, garant du bon fonctionnement des institutions. Il est aussi le chef des armées et le représentant de la Croatie et des ses 3,8 millions d'habitants sur la scène internationale.
Cette année, son élection a lieu sur fond d'inflation record - la plus haute de la zone euro, de scandales de corruption et d'un manque de main d'oeuvre qui bouscule le tourisme, secteur vital pour le pays, la construction et le commerce.
Milanovic, figure de la vie politique croate depuis des années et Premier ministre de 2011 à janvier 2016, s'en est pris au HDZ, rappelant les scandales de corruption qui ont entaché le parti. Il a aussi joué sa partition populiste, s'en prenant notamment à l'Union européenne dont la Croatie fait partie depuis 2013.
"Je ne suis pas fan" du président, explique à l'AFP Mia, 35 ans, qui refuse de donner son nom de famille "mais je vais voter contre le HDZ. [Le parti) a trop de pouvoir et Plenkovic est en train de devenir un autocrate", a-t-elle dit à l'adresse du chef du gouvernement Andrej Plenkovic.
Interrogé quelques jours avant les élections, Hrvoje, un enseignant de Zagreb qui préfère aussi ne pas donner son nom de famille, fait valoir les même raisons pour voter Milanovic. "Le président n'a pas beaucoup de pouvoir, mais il est important d'avoir un contrepoids fort au HDZ".
- "Cervelle de pigeon" -
Le président sortant critique aussi souvent l'aide militaire à Kiev, tout en condamnant l'invasion russe de l'Ukraine. Et croque régulièrement le Premier ministre - son ennemi politique de toujours - en "greffier de Bruxelles".
De quoi lui permettre de séduire les socialistes mais aussi une partie de l'électorat traditionnellement à droite, selon les analystes politiques croates.
"Milanovic est une sorte d'omnivore politique", résume pour l'AFP le politologue Zarko Puhovski. Il s'est créé l'image, en quelques années, de celui "qui dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas".
En face, Primorac, pédiatre, médecin légiste, fan de taekwondo et spécialiste en génétique médicale, a fait campagne sur les valeurs conservatrices du HZD - patriotisme et famille, et sur une "Croatie unie".
Mais même les partisans du HDZ sont critiques du manque de charisme de ce scientifique de 59 ans, qui n'a pas pourtant pas hésité à s'en prendre vertement à Milanovic, une "marionnette pro-Kremlin" qui "abîme" la crédibilité de la Croatie au sein de l'Otan et de l'UE.
C'est "un lâche", "une honte", a lâché Primorac en parlant de Milanovic, qui a en retour évoqué "la cervelle de pigeon" du conservateur.
Les bureaux de vote ouvriront à 07H00 locales (06H00 GMT), et les résultats attendus dans la soirée.
(G.Gruner--BBZ)