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Le ton est monté d'un cran vendredi entre Marine Le Pen et Eric Zemmour, à la veille de meetings importants pour les deux rivaux d'extrême droite engagés dans une guerre de positions qui se joue également à gauche à neuf semaines de la présidentielle.
Au-delà des petites phrases au vitriol et accusations de débauchages ou d'entretenir des "liaisons dangereuses" avec des groupuscules néo-nazis, l'enjeu est de taille pour les porte-étendards de l'extrême droite au moment où elle totalise, selon les sondages d'intentions de vote, plus d'un tiers de l'électorat.
Si le président Emmanuel Macron, toujours pas déclaré mais le premier à avoir dépassé les 500 parrainages d'élus nécessaires pour se présenter, reste la cible principale, Mme Le Pen et l'ex-polémiste s'affrontent dans ce qui apparaît de plus en plus comme une primaire sauvage.
Une compétition d'autant plus féroce que chaque camp est confronté à ses propres limites: Marine Le Pen a "du mal à irradier au-delà de son noyau dur" au premier tour et Eric Zemmour "obère ses chances de succès" au second tour par sa "radicalité", selon le sondeur Jérôme Sainte-Marie (PollingVox).
Samedi, Mme Le Pen, qui est créditée d'environ 17 à 18% des intentions de vote au premier tour contre 12 à 14% pour Eric Zemmour, réunit quelque 3.000 personnes à Reims pour une "convention présidentielle". L'ex-polémiste attend le même jour environ 8.000 partisans à Lille.
Et attendant ce duel à distance, l'affrontement entre les deux candidats tourne au règlement de comptes.
- "Personnes sulfureuses" -
Dans un entretien au Figaro, la candidate du Rassemblement national a dénoncé le "communautarisme" d'Eric Zemmour, autour duquel elle croit retrouver "une série de chapelles", "venues puis reparties" de l'ancien Front national: "Il y a les catholiques traditionalistes, les païens et quelques nazis".
S'exprimant sur CNews vendredi, le président du RN Jordan Bardella a relevé que Mme Le Pen s'était attachée ces dernières années à "écarter des personnes sulfureuses qu'on retrouve aujourd'hui autour, dans les meetings ou l'équipe de campagne d'Eric Zemmour".
Réponse immédiate dans le camp Zemmour, Gilbert Collard, qui a fait défection du RN, a jugé sur RTL "extraordinaire de voir que Marine Le Pen utilise contre le mouvement Reconquête! une insulte du type que le Rassemblement national a subi pendant des années". L'eurodéputé a encore ironisé sur le fait que Mme Le Pen "va finir présidente de SOS Racisme".
Alors que son mouvement est suspecté d'attirer une ribambelle d'extrémistes dont le Parti de la France, fondé par d'anciens frontistes en 2009, M. Zemmour, qui a été condamné pour provocation à la haine raciale, s'en est défendu cette semaine disant ne pas fréquenter "ces gens-là".
"Les gens nazis et antisémites ne me soutiennent pas, ne peuvent pas me soutenir puisque je suis de confession juive", avait-il estimé mercredi sur LCI.
Signe supplémentaire des vives tensions entre les deux camps: à Marseille, le RN se déchire après qu'une élue (exclue du parti depuis) a donné son parrainage à l'ancien polémiste.
Cernée dans les sondages par l'extrême droite, Valérie Pécresse (autour de 16%) a taclé vendredi depuis les Ardennes Marine Le Pen "absolument pas crédible pour diriger" le pays mais aussi Eric Zemmour, représentant "la France de l'ORTF, la télé en noir et blanc" sans oublier de brocarder l'"immobilisme" du président sortant.
- Défection socialiste -
A gauche, la rivalité s'intensifie aussi, notamment entre la socialiste Anne Hidalgo, autour des 3% dans les sondages, et l'ancienne ministre de la Justice, Christiane Taubira (autour de 5%).
Le patron de la puissante fédération PS du Nord Benjamin Saint-Huile a jeté l'éponge vendredi.
La gauche "offre un spectacle désolant. Elle semble se faire à l'idée que collectivement, on doive se contenter d'une candidature de témoignage", a déploré celui qui était Premier secrétaire depuis l'an dernier d'une des quatre plus importantes fédérations socialistes de France.
Malgré ces vents contraires, Anne Hidalgo ne cesse de répéter qu'elle ira jusqu'au bout, et peut déjà se prévaloir de dominer à gauche la course aux parrainages grâce à un puissant réseau local.
D'autant plus que Christiane Taubira n'a pas capitalisé sur sa victoire à la Primaire populaire et a traversé une semaine émaillée de plusieurs couacs.
Pendant ce temps, le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon s'est rendu au Mans pour y commémorer la journée nationale des mémoires de la traite et de l'esclavage. Il a appelé à la "résistance morale" et à la "contre offensive" face "à ceux qui s’avancent vers nous, les Zemmour, les Le Pen".
(U.Gruber--BBZ)