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Emmanuel Macron a concédé vendredi qu'une partie des revendications des soignants étaient "légitimes" et promis de formuler des réponses à la crise du système de santé avec "respect et intelligence", face à des personnels hospitaliers qui lui ont crié leur mal-être et leur épuisement.
"Il y a des demandes qui existent et qui ont leur part de légitimité et qu’il faut entendre", a-t-il déclaré à son arrivée au Centre hospitalier Sud Francilien (CHSF) de Corbeil-Essonnes (Essonne).
"Il y a aussi une situation à laquelle on doit tous faire face et une responsabilité collective pour que nos compatriotes aient aussi des soignants et puissent trouver pour eux-mêmes, leurs enfants, leurs parents une réponse", a-t-il ajouté.
"On va essayer de faire tout cela avec engagement, respect, intelligence", a assuré le chef de l'Etat, venu adresser ses voeux aux soignants et qui doit faire à cette occasion des annonces "concrètes" à la mi-journée face à un système de santé "à bout de souffle".
Emmanuel Macron, qui était accompagné du ministre de la Santé François Braun, a pu prendre en direct le pouls de l'état du système de soins lors d'un échange avec les équipes du service d'urgences pédiatriques du CHSF.
"C'est très dur", "on veut vous témoigner de notre fatigue", "la rémunération n’est certainement pas à la hauteur des efforts accomplis”, ont enchaîné infirmières, sage-femmes, puéricultrices.
- "Plusieurs vitesses" -
Signe du caractère prioritaire accordé à la crise qui frappe l'hôpital mais aussi la médecine de ville, c'est la première fois depuis qu'il est arrivé à l'Elysée en 2017 qu'Emmanuel Macron dédie une cérémonie de vœux spécifiquement aux "acteurs de la santé, hospitaliers et libéraux".
Ses annonces sont très attendues par des personnels qui ne cessent de dénoncer la "déliquescence" de l'offre de soins, avec des urgences débordées et un manque criant de soignants, sur fond de triple épidémie hivernale de Covid-19, grippe et bronchiolite.
Dans un rare communiqué commun, l'ordre et les syndicats de médecins ont esquissé jeudi, à la veille des "décisions politiques", leur ligne rouge en affirmant "s'opposer à une médecine à plusieurs vitesses" qui ne respecterait pas leur rôle de "chef d'orchestre" du système.
Le premier mandat d'Emmanuel Macron a été marqué, après l'irruption de la pandémie en 2020, par le "Ségur de la santé", avec 12 milliards d'euros annuels pour mieux rémunérer les soignants et 19 milliards d'investissements dans les hôpitaux.
Mais dès 2018, son plan "Ma Santé 2022" avait installé sa philosophie, avec la suppression du "numerus clausus" qui plafonnait le nombre d'étudiants en médecine.
Le défi reste néanmoins majeur alors qu'il faut dix ans pour former un médecin. “On n’a pas assez de soignants et on va mettre des années à en faire" mais "on peut mettre plus de paramédicaux", a lancé le président.
- Foyers de mécontentement -
Durant la campagne pour sa réélection au printemps, Emmanuel Macron avait d'ailleurs fait de la santé l'un des deux "chantiers majeurs" de son second quinquennat, avec l'école.
Il avait reconnu qu'il faudrait "aller beaucoup plus loin, plus vite et plus fort", notamment en renforçant la prévention, "la simplification de l'hôpital", "l'accès aux soins en urgence" et la lutte contre les déserts médicaux.
François Braun, lors de sa nomination en juillet, évoquait même un "système de santé à bout de souffle". Mais, malgré quelques mesures et rallonges budgétaires décidées en urgence ces derniers mois, la crise ne cesse de s'intensifier.
Et les foyers de mécontentement se multiplient.
Les médecins libéraux ont manifesté par milliers jeudi à Paris, point d'orgue d'une grève qui a débuté au lendemain de Noël pour réclamer le doublement de la consultation, de 25 à 50 euros.
Le ministre de la Santé s'est dit jeudi "prêt à augmenter cette consultation", mais en échange d'efforts pour permettre aux Français d'accéder plus aisément à un médecin, et certainement pas à hauteur des 50 euros demandés.
FO-Santé, deuxième syndicat de la fonction publique hospitalière, a appelé à son tour à une grève illimitée à partir du 10 janvier pour protester contre "l'inaction" du gouvernement. Tandis que les biologistes libéraux menacent de fermer leurs laboratoires à partir de lundi.
(T.Renner--BBZ)