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Cerveau de la campagne pour le Brexit introduit au coeur du pouvoir par le Premier ministre britannique Boris Johnson, son ex-conseiller Dominic Cummings a fait de son ancien allié un ennemi juré et lance contre lui des charges redoutables.
Dernière en date des flèches empoisonnées décochées contre le dirigeant conservateur, Dominic Cummings l'a accusé sur son blog d'avoir menti au Parlement en affirmant qu'il ignorait la tenue d'une fête à Downing Street en mai 2020 quand le Royaume-Uni était confiné.
"Les gens demandent parfois quand il arrêtera d'essayer de détruire Boris. La réponse est jamais", a confié un ancien collègue dans les colonnes du Financial Times.
Ironie du sort, celui qui raille l'élitisme a lui-même été accusé au printemps 2020 d'avoir enfreint le confinement et de traiter par le mépris les règles qui s'appliquent à tous.
- Poids considérable -
Depuis son départ de Downing Street fin 2020 sur fond de luttes intestines, Dominic Cummings a multiplié les interventions qui sonnent comme une revanche, fort d'une réputation de ne reculer devant rien pour arriver à ses fins.
Quelques mois après sa sortie par la célèbre porte noire frappée du N°10, son carton d'affaires sur les bras, il a attaqué, aussi bien sur son blog que lors d'une longue audition parlementaire, l'inaptitude selon lui de l'exécutif à gérer la pandémie, qui a fait plus de 152.000 morts au Royaume-Uni.
Choisi par Boris Johnson comme conseiller spécial lors de son arrivée au pouvoir en juillet 2019, Dominic Cummings avait jusqu'à sa chute pris un poids considérable et s'est trouvé au coeur de nombreuses polémiques qui lui ont fait s'attirer autant d'ennemis, y compris au sein du Parti conservateur dont il n'a jamais été membre.
- "Psychopate patenté" -
Il est, entre autres, soupçonné d'avoir été à l'origine d'une série de licenciements brutaux d'assistants ministériels accusés de ne pas défendre avec assez de vigueur la cause du Brexit, et même d'avoir causé le départ en février 2020 du ministre des Finances Sajid Javid qui refusait de se séparer de tous ses conseillers au profit de ceux de Downing Street.
A couteaux tirés avec les fonctionnaires, en raison de son désir de refaçonner l'administration, il avait voulu diversifier ses profils en lançant un appel aux "tordus" et "marginaux" à le rejoindre.
Dans un téléfilm, "Brexit: The Uncivil War" (Brexit, la guerre incivile), Dominic Cummings, interprété par Benedict Cumberbatch, est dépeint en agitateur déployant des tactiques tirées de "L'Art de la guerre" du maître chinois Sun Tzu.
Qualifié de "psychopathe patenté" par l'ancien Premier ministre conservateur David Cameron, cet adepte des bonnets de laine, T-Shirt informes et vestes polaires a été couronné fin 2019 homme le plus mal habillé du monde par le magazine masculin GQ.
Né le 25 novembre 1971 à Durham (Nord de l'Angleterre), d'un père gestionnaire d'un projet de plateforme pétrolière et d'une mère institutrice, il a fréquenté une école privée puis la prestigieuse université d'Oxford. Il est marié à une journaliste de l'hebdomadaire The Spectator et père d'un enfant.
Russophile, passionné par l'écrivain Dostoïevski, il a vécu en Russie après ses études et y a contribué, dans les années 1990, au lancement d'une compagnie aérienne qui n'a finalement pas décollé.
De retour au Royaume-Uni, il a fait ses armes en politique en menant plusieurs campagnes, notamment contre l'adoption de l'euro.
En 2002, il est nommé directeur de la stratégie du Parti conservateur mais part huit mois plus tard, jugeant "incompétent" le chef des Tories de l'époque, Iain Duncan Smith. Il est ensuite devenu conseiller spécial du ministre de l'Education, Michael Gove, aujourd'hui chargé du Logement dans le gouvernement Johnson.
Directeur de la campagne pro-Brexit "Vote Leave", il a joué un rôle décisif en menant une offensive basée sur les réseaux sociaux et la collecte de données personnelles. Des méthodes depuis largement dénoncées, entre publicités ciblées et slogans trompeurs.
(P.Werner--BBZ)