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Le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé samedi une série de mesures destinées à répondre à la crise des soins de ville mais certaines pourraient faire grincer des dents, comme l'instauration d'une sanction de cinq euros pour les "lapins" posés aux médecins.
Dans un entretien accordé à la presse quotidienne régionale samedi, le chef du gouvernement a affiché sa volonté de récupérer 15 à 20 millions de créneaux médicaux.
Selon Matignon, il s'agit de "répondre au souci majeur des Français: l'accès aux médecins, la capacité de trouver un rendez-vous dans des délais acceptables".
Mesure de fond et mais de long terme, le gouvernement va continuer de pousser les murs des facultés de médecine: le nombre de places en deuxième année passera de 10.800 en 2023 à 12.000 en 2025, puis 16.000 en 2027, a-t-il annoncé.
Mais le remplacement de l'ancien "numérus clausus" (places très limitées) par ce "numérus appertus" ne commencera à produire ses effets qu'à partir de 2035, le temps de former ces professionnels.
Dans l'attente, la stratégie du gouvernement vise donc à "reconquérir du temps médical".
Ainsi les patients qui n'honorent pas leurs rendez-vous et annulent moins de 24H à l'avance vont devoir payer: la sanction ou "taxe lapin", déjà annoncée en janvier, sera de 5 euros et ira directement dans la poche du médecin.
La somme pourra être retenue via l'empreinte bancaire par les plateformes de prise de rendez-vous ou par les soignants eux-mêmes en cas de prise de rendez-vous en direct.
La pénalité reste à la main du médecin qui pourra décider de ne pas l'appliquer s'il juge les raisons du patient valables. Cette mesure nécessite une loi, qui sera rapidement examinée par le Parlement, selon Matignon, qui "espère" une entrée en vigueur dès 2025.
L'exécutif veut aussi "simplifier les procédures" pour "libérer du temps" aux praticiens. Gabriel Attal liste diverses mesures déjà annoncées qui doivent rapidement entrer en vigueur, comme la possibilité pour les pharmaciens de délivrer dès juin des antibiotiques pour les angines et cistites.
-"accès direct" aux spécialistes-
Il annonce qu'il va "expérimenter" dans 13 départements "l'accès direct" aux masseurs-kinésithérapeutes, prévu par la loi Rist, mais aussi l'accès direct à des médecins spécialistes, sans que le patient n'ait besoin de passer par un médecin généraliste, une idée qui risque de hérisser certains syndicats.
"Lever cette contrainte" permettrait de "faciliter les parcours de soins" et "éviter des consultations inutiles", souligne Matignon.
Rue de Varenne, on rappelle que 2.700 praticiens diplômés en dehors de l'Union européennes ont cette année réussi le concours qui leur permet d'intégrer les hôpitaux français (sous des statuts plus précaires que les soignants diplômés en France, ndlr), dont une moitié qui n'étaient auparavant pas sur le territoire.
Autre "pilier" de l'accès aux soins: la permanence des soins ambulatoires, soit les gardes de soirs (18h00 à minuit) et weekends en cabinets de ville. Aujourd'hui "5% des territoires ne sont pas couverts et 4 millions de Français n'ont pas de solution", souligne Matignon.
Pour que "chaque français ait toujours un médecin de garde à moins de 30 minutes de chez lui", l'exécutif souhaite notamment accorder un "bonus" ou une "aide financière" à tout médecin qui accepterait de sortir temporairement de sa zone pour prendre une garde dans un territoire dépourvu.
Il veut aussi demander à d'autres soignants de participer à ces gardes, comme les infirmiers, qui pourraient notamment faire un "premier filtre", les sage-femmes, capables de "répondre à un grand nombre" de problématiques rencontrées par les femmes, ou encore les dentistes.
Mais le retour des "obligations de garde" n'est pas immédiatement au programme, indique Matignon qui veut d'abord faire appel aux bonnes volontés.
En matière de Santé mentale, l'exécutif va aussi muscler son dispositif "Mon Soutien psy": le montant remboursé de la consultation est revalorisé et passera de 30 à 50 euros, avec désormais 12 consultations remboursées par an en accès direct.
Les mutuelles devraient elles être mises à contribution pour payer les "30% de reste à charge" que règlent aujourd'hui les patients.
Enfin sur le délicat volet de l'Aide médicale d’État (AME), M. Attal a précisé que la réforme serait dévoilée "d’ici cet été"
(Y.Berger--BBZ)