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Les négociations pour tenter de trouver un accord sur la prévention et la lutte contre les pandémies se sont achevées vendredi sans consensus, mais des espoirs restent permis que le fruit de deux ans de négociations ardues ne soit pas jeté aux oubliettes.
Marqués par les ravages causés par le Covid-19 – qui a tué des millions de personnes, mis à genoux l'économie mondiale et détruit des systèmes de santé – les 194 pays membres de l'Organisation mondiale de la santé ont tenté de s'entendre sur des engagements contraignants en matière de prévention, de préparation et de réponse à des pandémies afin de ne pas refaire les même erreurs.
Les tractations sont devenues plus intenses à l'approche de la date butoir que les membres s'étaient fixé : l'Assemblée mondiale de la santé 2024, qui début lundi à Genève.
"Ce n'est pas un échec", a lancé le directeur général de l'OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, aux délégués vendredi soir.
Optimiste de nature, il veut voir dans cette pause une "bonne opportunité de se régénérer" parce que "le monde a toujours besoin d'un traité sur les pandémies et le monde a toujours besoin de se préparer".
- "Nous n'en avons pas terminé"-
L'assemblée, qui est l'organe de décision suprême de l'OMS, va devoir faire le point et décider de la suite à donner.
Les pays veulent clairement parvenir à un accord ont expliqué à l'AFP Roland Driece et Precious Matsoso, qui ont présidé ensemble aux négociations.
"Ce n'est pas la fin", martèle Mme Matsoso, soulignant que ce sont les mêmes ministres qui ont lancé le processus qui vont devoir décidé que faire des progrès réalisés jusqu'à présent.
"Ce sont eux qui vont dire : 'OK, vous n'avez pas fini ça. S'il vous plaît, remettez vous au travail et finalisez" l'accord, a-t-elle expliqué.
Roland Driece veut aussi voir les aspects positifs, même si le projet d'accord "n'est pas un accord, mais c'est un texte alors que nous sommes partis d'une feuille blanche. De rien".
"Ce serait vraiment complètement idiot s'ils ne mettaient pas la touche finale" à un accord, juge le néerlandais.
Les marchandages, discussions et réunions qui finissaient souvent à 3H00 du matin ont permis aux négociateurs de s'entendre sur 17 pages du texte qui en compte 32 au total, a révélé Mme Matsoso.
- Points d'achoppement -
"Il s'agit bien d'une pause. La plupart des Etats membres veulent continuer et consolider les acquis", a confié à l'AFP un diplomate asiatique participant aux négociations, sous couvert d'anonymat.
"Les gens ont besoin de temps pour ajuster leurs positions. La grande question est de savoir ce qu'il faudra pour que le Nord et le Sud convergent. Il faut du temps", a-t-il ajouté.
Les principaux différends tournaient autour des questions d’accès et d’équité : accès aux agents pathogènes détectés dans les pays et aux produits permettant de les combattre comme des vaccins, issus des recherches sur ces microbes.
D’autres points de contention concernaient le financement durable, la surveillance des agents pathogènes, les chaînes d'approvisionnement et la distribution équitable non seulement des tests, des traitements et des vaccins, mais également des moyens de les produire.
"Le mieux est d'avoir un bon texte inclusif. Que ce soit maintenant ou plus tard n'a pas d'importance", a expliqué à l'AFP un négociateur africain, avant d'insister : "Nous voulons poursuivre le processus. Nous voulons vraiment ce texte".
- Engagement ferme -
Après l'annonce de la fin des négociations, de nombreux pays ont souligné leur engagement.
La négociatrice américaine Pamela Hamamoto s'est dite "heureuse que nous ayons le projet de texte qui témoigne du travail que nous avons accompli ensemble".
L'Éthiopie a déclaré que les pays africains "restent fermement engagés". Le Royaume-Uni a souligné de "réels progrès", tandis que l'Union européenne a redit son "entière détermination" à mener les négociations à terme.
Le Bangladesh souhaite toujours obtenir un "résultat positif qui servira l'humanité", tandis que l'Indonésie a déclaré que "nous devrions continuer jusqu'à ce que cela se soit achevé".
Des discussions parallèles ont eu lieu sur la révision du Règlement sanitaire international, adopté pour la première fois en 1969 et mis à jour pour la dernière fois en 2005. Les résultats des négociations sur le RSI seront également présentés lors de l'assemblée de la semaine prochaine.
Le RSI fournit un cadre juridique définissant les droits et obligations des pays dans la gestion des événements et des urgences de santé publique susceptibles d'affecter plusieurs pays.
(T.Burkhard--BBZ)