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Une proposition de loi en vue d'une légalisation de l'aide à mourir sera déposée mercredi à la Chambre des Communes britannique, puis débattue fin novembre, près de dix ans après une tentative qui avait été largement rejetée.
Avant d'arriver au pouvoir cet été, le Premier ministre travailliste Keir Starmer s'était engagé à permettre au Parlement de se prononcer sur l'aide à mourir. Le précédent vote à la chambre basse remonte à 2015.
Le suicide assisté ou assistance au suicide - qui consiste à fournir à une personne une substance létale afin qu'elle mette fin à ses jours - est illégal en Angleterre, au Pays de Galles et en Irlande du Nord et fait encourir une peine de 14 ans de prison en cas d'aide ou d'incitation.
En Ecosse, il n'est pas criminalisé en tant que tel mais une personne aidant quelqu'un à mourir peut être poursuivie pour homicide volontaire.
L'euthanasie est interdite au Royaume-Uni, considérée comme un meurtre ou un assassinat.
Le contenu de la proposition de loi qui sera présentée mercredi par la députée travailliste Kim Leadbeater n'est pas encore connu. Son examen aura lieu le 29 novembre, au cours de la session hebdomadaire dédiée aux textes législatifs à l'initiative des élus.
Comme dans d'autres pays où la légalisation d'une aide médicale à mourir a été débattue, le sujet est délicat au Royaume-Uni, entre les partisans du suicide assisté qui défendent un droit à "mourir dignement" et ses opposants qui craignent d'éventuelles dérives.
"Je crois fermement que nous devrions donner aux personnes confrontées à une fin de vie insupportable le choix de ce à quoi ressemblera leur fin", a défendu Kim Leadbeater dans une tribune parue début octobre dans le Guardian.
Elle estime que la loi actuelle, qui "n'a pas changé depuis plus de 60 ans", peut s'avérer "cruelle et injuste".
Keir Starmer a précisé qu'il n'y aurait pas de consignes de vote sur ce texte.
Ces dernières années, des personnalités ont régulièrement remis le sujet dans le débat public, comme l'ancienne journaliste de la BBC Esther Rantzen, atteinte d'un cancer du poumon et qui a annoncé l'an dernier prévoir de se rendre en Suisse pour avoir recours au suicide assisté si elle le juge nécessaire.
- Dignité et choix -
Plusieurs sondages ont montré que les Britanniques étaient majoritairement favorables à une modification de la loi.
Selon le dernier en date, réalisé par le King's College de Londres et publié la semaine dernière, 63% des personnes interrogées soutiennent une légalisation de l'aide médicale à mourir d'ici à cinq ans.
"Cela donnerait aux personnes mourantes un véritable choix sur la manière dont elles veulent mourir", argumente Sarah Wootton, la présidente de Dignity in Dying, qui milite pour le suicide assisté.
Elle appelle les députés à voter "pour le choix, pour la sécurité, pour la compassion et pour la dignité".
Le sondage révèle aussi certaines inquiétudes, même chez ceux favorables à une évolution de la loi.
Plus de la moitié (53%) craignent que certains ne puissent être victimes de pressions pour recourir au suicide assisté et 83% affirment que la mauvaise qualité des soins palliatifs est un facteur important dans leur positionnement sur le sujet.
"L'accent devrait être mis sur l'amélioration des soins palliatifs", dit ainsi à l'AFP Alistair Thompson, le porte-parole de l'association Care Not Killing (Prendre soin plutôt que tuer), opposée au suicide assisté. Il dénonce un système "sous-financé", qui risque de "mettre la pression sur de nombreuses personnes pour mettre fin à leur vie prématurément".
M. Thompson déplore également le "chemin dangereux" emprunté par certains pays comme les Pays-Bas et la Belgique, où l'aide médicale à mourir a été progressivement élargie, par exemple aux mineurs.
Cette nouvelle proposition de loi intervient au moment où plusieurs territoires rattachés à la Couronne prennent des initiatives pour faire évoluer leur droit.
En mai, le Parlement de l'île anglo-normande de Jersey a donné son feu vert à la préparation d'ici à 2027 d'un texte de loi en vue d'une aide à mourir ouverte aux malades en phase terminale.
Des textes sont actuellement examinés sur l'Ile de Man et en Ecosse qui dispose de pouvoirs délégués en matière de santé.
(B.Hartmann--BBZ)