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Coup d'arrêt au retour des soignants non vaccinés contre le Covid. Alors que le débat reprend de l'ampleur, la Haute autorité de santé, qui devait servir de juge de paix sur le sujet, se prononce contre leur réintégration.
La HAS, dont les avis servent de base aux décisions de santé publique du gouvernement, s'est dite vendredi "favorable au maintien de l'obligation de vaccination contre (le) Covid-19 des personnels exerçant dans les établissements de santé et médico-sociaux".
Cet avis était très attendu car les débats ont beaucoup repris ces dernières semaines, notamment dans la sphère politique, sur l'opportunité de réintégrer les soignants qui ne sont pas vaccinés contre le Covid.
En effet, les soignants français - médecins, infirmiers... - qui exercent à l'hôpital ou dans les Ehpad, et plus globalement les employés de ces établissements de santé, sont obligés depuis l'an dernier d'être vaccinés contre la maladie.
Les non vaccinés se voient donc interdits d'exercer leur activité, une situation dénoncée par une partie de l'opposition.
Les partisans d'une réintégration se trouvent principalement à gauche, chez la France Insoumise (LFI), et à l'extrême droite, au Rassemblement national (RN), mais aussi à droite chez les Républicains (LR).
Ils font valoir que les vaccins anti-Covid ont perdu beaucoup de leur efficacité contre la transmission de la maladie, bien qu'ils restent protecteurs sur le plan individuel contre les formes graves.
Ils jugent aussi aberrant d'empêcher des soignants d'exercer leur activité dans un contexte de manque de personnel, bien que la proportion de personnes suspendue soit extrêmement minoritaire dans les hôpitaux.
L'avis de la HAS, sur lequel le gouvernement doit encore s'exprimer, revêt donc une grande importance, d'autant que les parlementaires viennent de décider jeudi qu'une éventuelle réintégration des soignants serait automatique dès que l'autorité donnerait son accord.
- Désaccords entre médecins -
Ce feu vert n'est finalement pas à l'ordre du jour: "les données ne sont pas de nature à remettre en cause aujourd'hui cette obligation vaccinale", juge la HAS.
Celle-ci met en avant le grand nombre actuel de contaminations en France, lié au lignage BA.5 du variant Omicron, et s'inscrit contre l'argument qui voudrait que les vaccins n'ont plus d'intérêt sur le plan collectif.
Même si les vaccins ont largement perdu de leur efficacité contre les contaminations, celle-ci n'a pas totalement disparu, en particulier dans les mois qui suivent une dose de rappel, juge l'autorité.
L'obligation d'être vaccinés favorise donc "une meilleure protection des personnes soignées ou accompagnées, au premier rang desquelles les plus vulnérables", conclut la HAS.
Cet avis est dans la droite ligne d'autres positions récentes, à commencer par l'Académie de médecine. Cette instance, qui contrairement à la HAS n'a pas de rôle officiel mais porte le consensus de la discipline, a fait part cette semaine de sa "ferme opposition".
Légèrement moins tranché, le Conseil scientifique, sur le point de s'éteindre après avoir orienté pendant plus de deux ans les politiques du gouvernement face au Covid, s'est dit jeudi "très réservé" sur une réintégration.
Mais d'autres grandes figures scientifiques, peu suspectes de complaisance envers les mouvances anti-vaccination, estiment à l'inverse qu'il est temps de réintégrer les soignants non vaccinés.
C'est le cas de l'épidémiologiste Antoine Flahault qui, contrairement à la HAS, a jugé mercredi sur Twitter que "le maintien de la suspension des soignants non vaccinés (n'était) plus fondé sur le plan scientifique" au vu de la perte d'efficacité des vaccins.
"Blâmer ces personnels de santé pour leur comportement passé irresponsable et illégal, oui. Ne pas les réintégrer, non !", a-t-il tranché, poussant à son tour d'autres médecins à exprimer leur désaccord.
Certains adversaires de la réintégration jugent en effet celle-ci inacceptable non pas d'un point de vue scientifique mais éthique, dans l'idée que les soignants non-vaccinés ont failli à leur mission en mettant en danger des malades.
(L.Kaufmann--BBZ)