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C'est l'épilogue d'un feuilleton qui aura duré deux ans: le vaccin contre le Covid-19 du laboratoire français Sanofi a été approuvé par l'Union européenne jeudi, venant rejoindre plusieurs autres sérums déjà autorisés.
Conformément à l'avis favorable rendu jeudi par l'Agence européenne des médicaments (EMA), la Commission européenne a donné son feu vert comme dose de rappel à VidPrevtyn Beta, basé sur la technologie dite à protéine recombinante, développé conjointement par Sanofi et le britannique GlaxoSmithKline.
Ce vaccin, qui a donné des résultats positifs contre le variant Omicron lors d'essais cliniques, est formulé avec l'antigène du variant Bêta et l'adjuvant de GSK.
VidPrevtyn Beta est indiqué pour la vaccination de rappel chez l'adulte ayant reçu antérieurement un vaccin contre le Covid-19 à ARN messager ou à adénovirus, indique le laboratoire. Les doses sont prêtes à être distribuées dans les pays de l'Union européenne et au Royaume-Uni, conformément aux contrats d'achat anticipé, portant sur 70 millions de doses, indique-t-il.
"Une dose de rappel de VidPrevtyn Beta devrait être au moins aussi efficace que Comirnaty (de Pfizer) pour restaurer la protection contre le Covid-19", a déclaré l'EMA dans un communiqué.
Ce nouveau sérum vient rejoindre ceux du tandem germano-américain Pfizer-BioNTech, de Moderna, AstraZeneca, Janssen, Novavax et Valneva, déjà approuvés en Europe. Mais avant d'en arriver là, son parcours a été semé d'embûches. Cela a d'ailleurs valu de nombreuses critiques à Sanofi, tant le laboratoire, pourtant spécialiste mondial des vaccins, a engrangé de retard par rapport à ses concurrents.
Alors qu'il avait initialement promis un milliard de doses en 2021, celles-ci ne se sont jamais matérialisées, en raison d'un problème de dosage lors des essais cliniques. Parallèlement, Sanofi a aussi tenté de développer un vaccin anti-Covid utilisant la technologie de l'ARN messager, avant de finalement renoncer.
A l'inverse, Moderna et Pfizer/BioNtech ont mis sur le marché leurs vaccins en un temps record. Dès fin 2020, leurs sérums, utilisant la technologie innovante de l'ARN, ont été approuvés en Europe, près de deux ans donc avant celui de Sanofi.
"C'est, il faut le reconnaître, un échec (...) par rapport à la rapidité qu'il fallait", avait admis le président de Sanofi, Serge Weinberg, devant l'assemblée générale des actionnaires, en mai. Le groupe a en réaction investi massivement dans l'ARN messager, avec à la clef un centre de recherche de vaccins à ARN en développement dans la région lyonnaise.
- Quel marché? -
Si cet épilogue était attendu, le nouveau vaccin tout juste homologué peut-il trouver sa place, dans ce marché déjà largement dominé par d'autres laboratoires? Moderna, Pfizer et BioNTech se sont déjà taillé la part du lion. A titre d'exemple, Pfizer a engrangé 36 milliards de dollars en 2021 pour son vaccin Covid.
La production à travers le monde a même atteint de tels niveaux que des fabricants ont déjà cessé la fabrication, faute de demande, à l'image du Serum Institute of India. En France, alors que la huitième vague de Covid est en cours, les autorités de santé recommandent une dose de rappel seulement pour les personnes à risque de forme grave de la maladie. En résumé, pour les spécialistes du secteur pharmaceutique, la bataille a déjà été menée.
Même Moderna a, il y a quelques jours, revu à la baisse ses prévisions de ventes pour son vaccin Spikevax pour 2022, qui rapportera 18 à 19 milliards de dollars, deux à trois milliards de moins qu'initialement prévu.
De son côté, le laboratoire franco-autrichien Valneva a annoncé, jeudi, qu'il allait couper dans ses effectifs, pour supprimer jusqu'à un quart des postes, après avoir cessé la production de son propre vaccin Covid-19, autorisé par l'Union européenne courant juin.
A moins qu'il ne s'agisse aussi pour Sanofi d'affûter ses armes pour un potentiel vaccin combiné grippe/Covid, projet dans lequel d'autres se sont déjà lancés, comme Pfizer et Moderna.
(B.Hartmann--BBZ)