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À 26 ans, Mathilde Lamolle, championne d'Europe du tir au pistolet en 2021 et multiple championne de France, a déjà participé deux fois aux Jeux olympiques. Jusqu'aux JO de Paris, celle qui a été finaliste à 10 m lors des Jeux de Tokyo raconte son parcours à l'AFP.
Dans ce dixième épisode, elle décrit les effets bénéfiques de son retour à Marseille, la quête des "deux ou trois points" qui l'installeraient plus solidement au haut niveau et la difficile course au quota olympique.
. "Confort mental et affectif"
"J'ai un peu réaménagé mon projet en revenant à Marseille en fin de saison dernière, pour retrouver ce stand de tir, mes points de repères et mes collègues d'entraînement. Ça se passe bien, je vois de la qualité dans ce que je fais et c'est génial d'avoir retrouvé ça. Il y a un vrai confort mental et affectif à retrouver ma famille et mes amis. J'ai eu de bons repères et de bons résultats en travaillant ici auparavant. J'ai retrouvé ça, mais ce qui fait vraiment la différence, ce sont les à-côtés et ce que j'ai gagné en qualité de vie. Ça aide à la performance."
. Casser les barrières
"Au plan des résultats, ça reste fragile à 10 mètres, j'alterne le très bon et les très grosses contre-performances. C'est tout ou rien et on voit que ça n'est pas ma discipline de prédilection. A 25 mètres, les résultats ont été plutôt bons. Je suis régulière dans cette discipline et même les contre-performances me laissent tout près de la finale. C'est vraiment encourageant pour la suite de la saison et les JO.
Pour grappiller les deux ou trois points qui me manquent pour être systématiquement en finale, ça va se jouer sur l'état d'esprit. Je suis limite pour entrer en finale et ça influe sur ma performance, parce que je sais que je n'ai pas le droit à l'erreur. Mais ce que je fournis à l'entraînement montre que j'ai ma place en finale sur toutes les compétitions. Simplement, j'ai ce petit doute, ce petit manque de confiance qui fait que je n'arrive pas en compétition complètement sereine. C'est largement à ma portée. Je dois réussir à me libérer, à me dire que j'ai le niveau des meilleurs mondiales et que je le montre depuis plusieurs années. Intégrer ça m'aiderait à m'exprimer pleinement en compétition.
Avant Tokyo, j'étais très en forme et très régulièrement sur les podiums. Ce qui a changé, c'est que le niveau international a augmenté alors que moi, j'ai un peu stagné. A l'époque, ça passait, je rentrais en finale. Mais aujourd'hui ça a grimpé de un ou deux points et moi, je suis restée au niveau où je tirais il y a deux-trois ans. Même si j'ai énormément progressé à l'entraînement, ça ne s'exprime pas encore en match et je me retrouve souvent aux portes des finales. Il faut que j'arrive à me convaincre que mon vrai niveau est bien plus haut que ça. Je dois casser ces barrières pour m'exprimer pleinement. J'y travaille avec mon préparateur mental."
. "Un peu stressant"
"La particularité de cette olympiade, c'est que la distribution des quotas a changé. On ne saura peut-être vraiment qui va aux Jeux que mi-juin, donc au dernier moment. C'est nouveau et un peu stressant. Mais je me dis que le quota et la sélection devraient arriver naturellement. Si ça ne vient pas, c'est que je n'ai rien à faire aux Jeux. Je ne dirais pas que je suis confiante, mais je laisse les choses venir et je sais que si je continue sur ma lancée, je vais faire quelque chose de bien. Si ça n'arrive pas, c'est que clairement je n'ai pas le niveau et que ça ne sert à rien d'y aller. Je ne me prends pas trop la tête, j'essaie de rester concentrée sur mes performances individuelles."
Propos recueillis par Stanislas TOUCHOT
(P.Werner--BBZ)