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Comme beaucoup de skateurs, Vincent Milou ne s'est "jamais projeté" aux Jeux olympiques, mais après y avoir goûté à Tokyo, il s'est construit un skate-park à domicile dans la forêt landaise pour se donner les moyens de briller à Paris cet été.
Il y a trois ans, au Japon, le Landais de 27 ans finit quatrième, au pied du podium. "À cette époque-là, je suis au maximum de ce que je sais faire", analyse-t-il aujourd'hui.
Pour viser plus haut, il décide de construire un skate-park sur mesure au-dessus de l'atelier familial, sur 350 m2, avec son charpentier de frère, Maxime.
C'est à l'étage d'un bâtiment tout en bois, implanté dans une zone artisanale de Saubrigues, dans les Landes, que Vincent Milou peaufine sa préparation. Rampes et modules sont en place, les logos des sponsors affichés sur les murs.
"Tout bouge, je peux mettre les modules à différentes hauteurs, les dimensions reprennent plus ou moins la base de ce qu'on aura aux Jeux, en version miniature, explique le skateur, médaillé d'argent aux X Games en 2022. Si je sais faire une figure ici, je peux la faire n'importe où ailleurs", explique-t-il.
En skateur professionnel, Vincent Milou a fait ses preuves dans les skate-parks, dans les rues des villes du monde entier et surtout à travers ses vidéos, véritables boussoles de l'univers skate.
Les JO, il ne les avait jamais envisagés. "J'ai toujours fait du skate pour moi, pour m'amuser. J'adorais regarder les JO petit, mais je ne m'y suis jamais projeté, ce n'est pas quelque chose dont j'avais envie."
La compétition est venue naturellement à lui, au fil de ses prouesses techniques, et notamment aux États-Unis où Willy Santos, figure du skate californien dans les années 1990, lui a ouvert des portes.
- Les JO divisent les skateurs -
Approché en 2020 par la Fédération française de skate en vue de la création d'une équipe tricolore, le jeune homme y réfléchit pourtant à deux fois. L'esprit du skate et celui des JO sont deux univers parallèles. "Une partie de moi pense que le skate aux Jeux ce n'est pas le skate, mais c'est aussi l'évolution logique de la médiatisation des compétitions et des Jeux qui veulent rajeunir leur audience".
Sa décision prise, Vincent Milou se donne "à 100%". Depuis un an, il a mis entre parenthèses sa carrière de skateur pro, les vidéos et les sponsors, pour se consacrer à son objectif : "Faire un podium".
Pour Alexis Jauzion, entraîneur de l'équipe de France de skateboard, la présence dans la délégation de skateurs comme Vincent Milou ou Aurélien Giraud -- autre "médaillable" français --, à la carrière et la notoriété déjà acquise dans le milieu, est "une chance".
"Certains de mes homologues dans d'autres pays ont du mal à recruter les meilleurs parce que la compétition ne fait pas l'unanimité dans le monde du skate", explique le technicien.
Vincent Milou s'est aussi donné comme mission "d'expliquer et de montrer que le skate reste un jeu".
Alexis Jauzion vante la "créativité" de Vincent Milou, skateur "au style particulier", qui dénote. "Vincent propose davantage de style et de finesse, il s'exprime en utilisant les modules différemment des autres, c'est un peu son côté +French touch+, qu'il cultive", sourit l'entraîneur.
(T.Burkhard--BBZ)