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Vingt ans que la balle orange attendait ça en France: les basketteuses de Villeneuve-d'Ascq ont imité un autre club nordiste, Valenciennes en 2004, pour rallier la finale de l'Euroligue en prenant une place forte du continent, Prague (84-78), à Mersin sur la côte anatolienne.
Une dernière marche turque attend les Villeneuvoises, à savoir les tenantes du titre Fenerbahce ou les locales de Mersin, pour devenir dimanche (18H00) le troisième club français sacré dans la reine des compétitions de clubs en Europe, après Bourges (1997, 1998 et 2001) puis donc Valenciennes (2002 et 2004).
"C'est historique", a savouré le pivot Kariata Diaby. "Ce sera gravé dans la tête de beaucoup pendant longtemps."
Une poignée de minutes avant ses mots, une colonne de coéquipières venait de traverser les entrailles de la salle en entonnant, Américaines comprises, le chant né chez les voisins du foot à Lens: "Olélé olala mais qu'est-ce qui s'est passé ? On les a chicotées !"
"Oui, oui, une équipe française", plastronne en anglais l'arrière originaire de Philadelphie Kamiah Smalls, secouant le crane et pointant de l'index le drapeau tricolore sur son maillot.
Avant d'expliciter: "Ce n'est pas une immense surprise pour nous d'atteindre la finale. Beaucoup d'équipes et beaucoup de gens nous ont sous-estimées", jubile-t-elle en allusion aux moyens moindres de son équipe ( 3 M EUR).
- Valériane Vukosavljevic-Ayayi n'a pas suffi -
"Pas venues en victimes" pour reprendre les mots de leur entraîneur, les joueuses de Rachid Meziane n'ont été paralysées ni par leurs vingt premières minutes moyennes (37-45) ni les premiers pas de l'histoire de leur club sur un parquet de Final Four de C1. Quand leur adversaire, l'USK Prague de Valériane Vukosavljevic-Ayayi, jouait lui sa troisième demi-finale en trois ans.
La Bleue, médaillée de bronze à Tokyo, a flambé (24 points) contre son ex-club nordiste (2016-2017). "Elle peut-être satisfaite de sa prestation. Dans les grands matches, elle répond toujours présent", a loué sa coach Natalia Hejkova.
Sans que cela suffise à éteindre la confiance construite par Villeneuve-d'Ascq dans cette même salle Servet-Tazegül un jour de décembre. Quand elles s'étaient offert Mersin (70-54).
"Ce moment a été le début de beaucoup de choses pour nous", décrit Kamiah Smalls, meilleure marqueuse des "Guerrières" vendredi avec ses 18 points. Au relais de la double MVP du championnat de France, sa compatriote Kennedy Burke, qui a peu pesé à l'intérieur (6 points).
- Partage de pizzas, de bowlings et du scoring -
Preuve que les joueuses de Rachid Meziane ne dépendent pas de leurs stars pour briller. L'étoile montante du basket français, appelée vers d'autres cieux que ceux du Nord la saison prochaine, Janelle Salaün n'a pas connu l'après-midi idéale: 15 points mais beaucoup de tirs forcés (6/13) et quelques ballons perdus (3).
Reste que son repositionnement au poste 4 au mitan du match a fini par limiter l'influence de Valériane Vukosavljevic-Ayayi. Bûcheuse méthodique, elle n'avait en tête que de finir le travail dimanche –"il reste un match"-- quand le reste de l'équipe communiait.
Illustration en coulisses de "l'esprit cohésif sur le terrain" mis en place par Rachid Meziane qui a mené la Belgique au sacre européen l'an passé.
Dans la métropole lilloise, ses joueuses partagent pizzas et parties de bowling ensemble. A Mersin, elles ont partagé la marque. Outre, Smalls et Salaün, trois autres "Guerrières" ont dépassé ou approché la dizaine d'unités: Kariata Diaby (14), Shavonte Zellous (11) et Caroline Hériaud (9).
Les leaders de la saison régulière du championnat de France ont suivi les préceptes de leur ordonnateur: "On doit continuer à être dans le partage comme on le fait jusqu'à présent avec six joueuses à plus de 10 points de moyenne toutes compétitions confondues. Voilà un peu l'idée sans dévoiler tout le plan de jeu", souriait déjà la veille Rachid Meziane, plus souriant que jamais vendredi.
(S.G.Stein--BBZ)