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Un petit mandat et puis s'en va: le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou ne sera pas reconduit à la tête de la SNCF lors de l'assemblée générale du groupe lundi, mais il assurera l'interim jusqu'à la fin des Jeux olympiques et paralympiques.
Après la compétition, "la présidente de l'Assemblée nationale et le président du Sénat seront saisis par le président de la République du nom du successeur envisagé de M. Jean-Pierre Farandou", a indiqué le gouvernement, sans plus de détails, dans un communiqué.
L'annonce est intervenue quelques heures avant une audition de Jean-Pierre Farandou par la commission Aménagement du territoire et développement durable du Sénat, pour s'expliquer notamment sur l'accord sur les fins de carrière dans l'entreprise publique, signé fin avril avec l'ensemble des syndicats.
Cet accord, qui prévoit un échelon de rémunération supplémentaire pour les cheminots en fin de carrière et des mesures de retraite anticipée pour certaines professions comme les conducteurs ou les contrôleurs, a provoqué la colère de la droite et d'une partie du gouvernement, qui y a vu un contournement de la réforme des retraites.
Jeudi dernier, Bruno Le Maire annonçait même la convocation du PDG de la SNCF à Bercy pour s'expliquer, notamment sur le financement de la mesure, évaluée à environ 35 millions d'euros selon des sources ferroviaires.
- Pas un bon signe -
"OK, cette annonce est faite mais maintenant, c'est quoi le projet du gouvernement pour la SNCF et le corps social cheminot", s'est interrogé auprès de l'AFP le secrétaire général de la CFDT-Cheminots Thomas Cavel, inquiet de voir partir le PDG qui avait annoncé la mise en place d'une "plateforme de progrès social" en février pour désamorcer la crise provoquée par la grève des contrôleurs.
L'annonce de la fin du mandat de M. Farandou "semble mettre un frein à cette ambition et ce n'est pas un bon signe", a-t-il déploré.
"C'est du deux poids, deux mesures. Le gouvernement préfère convoquer un dirigeant d'entreprise qui a négocié et qui a respecté le dialogue social de l'entreprise pour éviter des grèves et des désagréments pour les usagers", a déclaré le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel.
Il a dénoncé en miroir les pratiques des "PDG de Stellantis et Sanofi qui licencient, délocalisent. C'est eux qu'il faut virer."
Du côté de Sud-Rail, syndicat en pointe dans les luttes sociales au sein de la SNCF, "j'ai un sentiment ambivalent", a confié à l'AFP Fabien Villedieu.
"C'est un PDG avec lequel on s'est beaucoup opposés. Mais je trouve que là, il y a quand même un coté un peu injuste", a-t-il déclaré.
- Bénéfice record -
"Il a fait le job, dans le sens ou t'as une SNCF qui aujourd'hui génère beaucoup d'argent (...) et pour de basses raisons politiques, on le vire", a-t-il développé.
Nommé en 2019, Jean-Pierre Farandou avait pour mission principale de redresser les comptes de la SNCF et de faire appliquer la réforme ferroviaire de 2018.
Son mandat a été marqué par plusieurs crises, à commencer par celle de la pandémie de Covid-19, qui a mis les trains à l'arrêt pendant plusieurs mois et nécessité d'organiser des trains sanitaires pour transporter les malades dans le pays.
Deux grosses grèves auront également marqué son passage à la tête du groupe, en 2019-2020 et en 2023, à chaque fois pour s'opposer à la réforme des retraites proposée par les gouvernements d'Emmanuel Macron.
Jean-Pierre Farandou a aussi ramené les comptes de l'entreprise dans le vert avec un bénéfice historique de 2,4 milliards d'euros en 2022 et à nouveau 1,3 milliard en 2023, permettant de financer de nombreux investissements, à commencer par la régénération du réseau et l'achat de nouveaux trains comme les fameux TGV M, attendus pour le second semestre 2025.
(U.Gruber--BBZ)