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Tantôt fantomatique puis décisif pour qualifier les Bleus grâce à une victoire contre le Danemark (30-29), Vincent Gérard a de nouveau prouvé toute son importance au sein de l'équipe de France, avant de retrouver en demi-finale la Suède, ennemi d'il y a un an au Mondial.
"Niko, comment on dit "abandonner" en anglais ?" Dans le brouhaha de la zone mixte d'après match, Vincent Gérard interpelle le demi-centre Nikola Karabatic tout en s'adressant à un média étranger.
Pendant quelques secondes, le gardien tricolore a oublié le fameux mot. Peut-être parce qu'"abandonner" ne faisait pas partie de son vocabulaire mercredi, alors qu'il est passé par tous les sentiments contre le Danemark, qui a longtemps fait souffrir les Bleus malgré une équipe remaniée. Avant la "remontada" (30-29).
Comme ses coéquipiers, Vincent Gérard a d'abord trop raté. Incapable de résister au talent de Jacob Holm (neuf buts), il n'a effectué son premier arrêt qu'à la 43e minute, devant Niclas Kirkelokke, jusque-là très en réussite.
Puis trois nouvelles parades de taille ont suivi, à sept minutes d'intervalle, autre signe du renouveau français.
A la 55e minute, son arrêt du pied (28-27) devant René Antonsen emmenait ensuite l'action d'égalisation d'Hugo Descat sur pénalty.
- "Là pour rendre service au groupe" -
"C'est toujours plus simple d'abandonner et se dire +ce n'est pas mon jour+", est revenu jeudi le portier de 35 ans. "C'est très frustrant mais par rapport à l'équipe, on n'a pas le droit de s'énerver. Ca fait un mois que les mecs sont ensemble et ce serait un manque de respect."
Car lui n'a pas été avec "les mecs" depuis un mois. Touché par un drame familial, Vincent Gérard n'a rejoint le groupe France que dans les derniers jours de préparation. Il l'exprime avant le début de l'Euro avec une joie simple.
"Quand ça a été le moment, j'ai pu revenir en me disant bien que j'étais là pour rendre service au groupe et apporter mon expérience et ma joie de vivre, car oui je suis très heureux d'être là."
Cela se voit. A l'entraînement, lors d'un bref match de foot au milieu de la salle de Budapest mardi, le portier parisien court partout, harangue ses coéquipiers, explose de joie au moment de marquer, comme un gamin.
"L'épisode douloureux qu'il traverse l'emmène dans des pensées qu'on ne souhaite à personne. Le fait de le revoir avec cette joie simple, de vouloir apporter à l'équipe de France est très fort", admettait la veille du Danemark Guillaume Gille.
Et Vincent Gérard n'a eu aucun mal à entrer dans sa compétition. Lors du premier tour, il assure devant la Croatie (quatorze arrêts) et la Serbie (douze). Face aux Pays-Bas pour le premier match du tour principal, il régale devant Luc Steins ou Kay Smits.
- Mauvais souvenir suédois -
Ces performances ont "lancé" les Bleus, "donné du rythme" pour Gille. "C'est un gros challenge, un défi de remontrer de quoi il était capable au niveau international."
La suite est un peu moins flamboyante. Un carton rouge à la 17e contre le Monténégro, une performance en demi-teinte contre l'Islande (cinq) et le Danemark (cinq).
Mais contrairement au match qui a tourné à la débâcle contre l'Islande (29-21), Vincent Gérard a cette fois-ci, avec les Bleus, renversé la vapeur pour aller chercher les demies, où il faudra faire tomber la Suède.
Le champion d'Europe en 2014, dernière année où la France a glané le titre continental, se souvient par ailleurs du souvenir amer laissé par les Suédois lors du Mondial-2021 en Egypte, en demi-finale (32-26).
"C'est sûr que la Suède n'avait pas été un bon match pour moi", admettait Gérard mercredi, se rappelant probablement d'une statistique catastrophique : Un arrêt pour vingt tirs.
"Mais encore une fois, chaque match à son histoire. Depuis janvier 2021, j'ai l'impression que ça fait dix ans..."
Et il faudra peut-être un Vincent Gérard version dernier quart d'heure danois pour que l'histoire soit belle.
(F.Schuster--BBZ)