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Atos, lourdement endetté, a annoncé jeudi prolonger le délai "jusqu'au début de la semaine du 10 juin" pour la sélection d'une offre de reprise "privilégiée", entre celle de l'homme d'affaires tchèque Daniel Kretinsky et l'autre d'un consortium mené par Onepoint, son principal actionnaire.
"La direction d'Atos discute avec les parties concernées afin d'améliorer certains termes de leurs propositions révisées dans le meilleur intérêt de la société. La conciliatrice requiert un délai supplémentaire afin de s'assurer du soutien maximal des créanciers financiers de la société en faveur de leur proposition privilégiée", a indiqué le groupe informatique français dans un communiqué.
Peu après l'ouverture de la Bourse de Paris jeudi, le cours de l'action d'Atos était en hausse (+4,13%), à 1,14 euros.
L'entreprise, pilier technologique des JO de Paris cet été, avait annoncé avoir besoin de 1,1 milliard d'euros de liquidités pour son activité en 2024-2025 et vouloir réduire de 3,2 milliards d'euros sa dette brute, de 4,8 milliards d'euros, pour sauvegarder son activité.
Parmi les deux offres "révisées" encore en lice figurent celle d'EPEI, du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky (en discussions pour racheter une partie d'Atos, avant rupture des négociations en février), allié au fonds Attestor, et celle de Onepoint, premier actionnaire de l'entreprise avec environ 11% du capital, dans un consortium comptant également la société d'investissement de l'homme d'affaires Walter Butler, l'entreprise Econocom, et un groupe de certains créanciers d'Atos.
- Activités "stratégiques" -
Selon des documents officiels publiés par Atos lundi, M. Kretinsky et Attestor ont soumis une offre pour reprendre l'ensemble du périmètre du groupe, qui prévoit l'annulation d'environ 3,4 milliards d'euros de dette contre 4 milliards initialement. Ils se disent prêts à apporter 500 millions d'euros d'augmentation de capital et à investir jusqu'à 200 millions d'euros supplémentaires pour répondre aux besoins en liquidités de la société.
De son côté, l'offre menée par David Layani, patron de Onepoint, et les créanciers associés prévoit une restructuration de la dette à hauteur de 2,9 milliards d'euros et une augmentation de capital de 250 millions d'euros, entraînant la répartition du capital suivante: 21% pour le consortium mené par Onepoint et 9% pour les obligataires.
En parallèle, l'État français a répété à plusieurs reprises sa volonté d'acquérir les activités d'Atos jugées "stratégiques" (supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire, contrats avec l'armée française et produits de cybersécurité), afin qu'elles ne tombent pas entre les mains d'acteurs étrangers.
L'émission d'une offre de l'Etat en vue d'acquérir 100% des branches "Advanced Computing", "Mission-Critical Systems" (MCS) et activités de cybersécurité, pour une valeur estimée "entre 700 millions et 1 milliard d'euros", est attendue pour mi-juin 2024, a indiqué Atos lundi.
Le ministère de l'Economie a aussi réalisé un prêt de 50 millions d'euros à l'entreprise et acquis une "action de préférence" lui permettant de mettre son veto à certaines opérations au niveau de Bull, la filiale qui construit ses supercalculateurs.
Partenaire informatique mondial du Comité international olympique (CIO) depuis 2002, Atos sera l'un des piliers technologiques des JO-2024 de Paris (26 juillet-11 août), avec pour missions la gestion des accréditations, la diffusion instantanée des résultats ou encore la cybersécurité.
(O.Joost--BBZ)