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Depuis que Willy Sagnol a contribué à qualifier la Géorgie pour son tout premier grand tournoi international, l'Euro-2024, il est devenu un héros au pays, avec les stars Khvicha Kvaratskhelia et Georges Mikautadze.
"Un héros, non, pas du tout, j'ai juste fait mon travail", tempérait-il lors d'un colloque réunissant plusieurs sélectionneurs organisé par l'UEFA.
Mais s'il a bénéficié du travail de fond de la Fédération géorgienne de football (GFF) et d'une belle génération de joueurs, autour de Khvicha "Kvara" Kvaratskhelia, la star du Napoli, et de Georges Mikautadzé, le meilleur joueur du FC Metz, Sagnol a bel et bien transformé son équipe en trois ans.
Le vice-champion du monde 2006 la joue modeste, mais son émotion a explosé le 26 mars dernier quand la Géorgie a remporté son barrage contre la Grèce (0-0, 4 t.a.b. à 2). Huit jours après avoir fêté ses 47 ans, il était en larmes pour cette qualification historique.
"Les deux, trois semaines qui ont suivi la qualification, on (...) se demand(ait): +Est-ce vrai ce qui nous arrive ? Est-ce qu'on a vraiment réussi à se qualifier pour une grande compétition ?+", a raconté Sagnol au site de la Fifa.
Pourtant rien ne semblait destiner le Stéphanois aux 58 sélections en équipe de France à s'asseoir sur le banc de la Géorgie.
Il n'avait plus entraîné depuis cinq ans, après avoir entraîné les U20 puis les Espoirs français, les Girondins de Bordeaux, et avoir occupé un poste d'adjoint au Bayern Munich, où il a dirigé un match comme intérimaire après l'éviction de Carlo Ancelotti à l'automne 2017.
"Il y a eu une vraie coupure, mais elle était volontaire", explique Sagnol. "Parfois, vous avez des impératifs familiaux et les priorités ne sont alors plus au foot."
- "Heureux" -
Pendant le confinement, "je me suis dit que je voulais être à la fois entraîneur et heureux", se souvient-il. "Je m'étais dit que si éventuellement un projet qui sortait de l'ordinaire se présentait, c'est peut-être celui-là que je devrais regarder avec le plus d'attention".
"Je n'ai rien en commun avec la Géorgie et quand j'ai appris qu'ils me voulaient, je me suis dit: +Mais pourquoi la Géorgie ?+ je ne connaissais pas du tout", admet-il.
Mais les deux principaux dirigeants de la fédération géorgienne connaissaient les qualités, et notamment le caractère bien trempé, d'un joueur affronté quand il jouait au Bayern Munich (2000-2008). Levan Kobiashvili, le président, passé par Schalke 04, et le vice-président Aleksandr Iashvili, qui a joué à Fribourg, lui ont confié en février 2021 l'équipe nationale.
Les débuts sont difficiles, sept défaites en neuf matches, mais ils laissent Sagnol travailler, et ensuite la machine se met en route.
Le technicien français explique avoir "rajeuni l'effectif", profitant d'une politique de long terme mise en place par la GFF, "les infrastructures, les académies", détaille-t-il. Avant, "il n'y avait même plus de stades pour que les gamins puissent jouer".
Avec Kvaratskhelia, Mikautadze, Budu Zivzivadze, double buteur contre le Luxembourg (2-0) en demi-finales des barrages, ou le gardien de Valence Giorgi Mamardashvili, Sagnol a quelques bons joueurs pour réussir ce premier tournoi.
Le finaliste du Mondial-2006 a également choisi de vivre sept mois par an en Géorgie. "J'ai vraiment tenu à passer beaucoup de temps là-bas car selon moi, la culture locale a un vrai impact sur la façon dont joue une équipe nationale, il était important de la comprendre".
"L'idée, ce sera déjà de donner une belle image du football géorgien (...) et glaner quelques pourcentages de confiance en plus et davantage d'expérience", conclut Sagnol.
(Y.Yildiz--BBZ)