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Emmanuel Macron a affirmé mardi qu'il n'avait pas l'intention de nommer de nouveau gouvernement avant la fin des Jeux olympiques, "mi-août", et a balayé la candidature surprise avancée par la gauche pour Matignon, appelant les forces du front républicain anti-RN à s'unir.
Coup de théâtre une heure avant l'interview du chef de l'Etat sur France 2, France Inter et franceinfo: le Nouveau Front populaire, divisé depuis qu'il est arrivé en tête contre toute attente aux élections législatives des 30 juin et 7 juillet, est parvenu à s'entendre sur le nom de Lucie Castets, une haute fonctionnaire de la ville de Paris inconnue du grand public. L'alliance de gauche a mis en avant une personnalité engagée dans les "luttes associatives pour la défense et la promotion des services publics".
"Je pense que je suis une candidate crédible et sérieuse pour un président qui valorise les profils techniques", a dit cette représentante de la société civile à l'AFP, plaidant pour "l'abrogation de la réforme des retraites" et une "amélioration du pouvoir d'achat".
Fin de non recevoir immédiate du président de la République. "Il est faux de dire que le Nouveau Front populaire aurait une majorité, quelle qu'elle soit", a-t-il répondu. "La question n'est pas un nom. La question, c'est quelle majorité peut se dégager à l'Assemblée", a-t-il ajouté.
Selon lui, "personne ne peut appliquer son programme", "ni le nouveau Front populaire, ni la majorité sortante, ni la droite républicaine".
"La responsabilité de ces partis" qui se sont unis dans un front contre l'extrême droite entre les deux tours des législatives, "c'est de savoir faire des compromis", a donc estimé Emmanuel Macron. C'est "quelque chose que toutes les démocraties européennes font" et "que nos compatriotes attendent", même si ce "n'est pas dans notre tradition".
- "Trêve" -
En attendant, le chef de l'Etat a confirmé son intention de temporiser, le temps de cette "trêve olympique et politique" défendue la veille.
"De manière évidente, jusqu'à la mi-août, on doit être concentré sur les Jeux", car l'inverse "créerait un désordre", a-t-il fait valoir. "Et puis à partir de là, en fonction de l'avancée de ces discussions, ce sera ma responsabilité de nommer un Premier ministre ou une Première ministre et lui confier la tâche de constituer un gouvernement et d'avoir le rassemblement le plus large qui lui permette d'agir et d'avoir la stabilité", a-t-il dit.
Au passage, il a épinglé ceux qui, jusque dans son camp, ont fait en sorte que le Rassemblement national n'accède à aucun poste de direction au sein de la nouvelle Assemblée nationale. "Ça n'est pas une bonne chose", car les élus RN ont "une légitimité" et "il n'y a pas de sous-député", a-t-il martelé.
Furieux de voir la candidature de Lucie Castets rejetée pour Matignon, le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a accusé le chef de l'Etat de vouloir "imposer de force son front républicain", assurant qu'il n'était "pas question" de "faire une alliance avec lui". Le non respect du résultat des législatives "conduit à la politique du pire", a aussi mis en garde le patron des socialistes Olivier Faure.
Avec cette interview, après être resté quasiment muet depuis sa défaite aux législatives, Emmanuel Macron espère pouvoir désormais se concentrer sur les Jeux, qui occupent tout son agenda à J-3 de la cérémonie d'ouverture.
"Les Français ont envie maintenant d'un peu de repos" pour "rentrer dans les Jeux", avait-il expliqué dès lundi. "C'est aux responsables politiques de travailler", avait-il lancé, tout à son nouveau motto de "président qui préside", en prenant de la hauteur, après avoir gouverné dans les moindres détails sept ans durant.
Emmanuel Macron n'a toujours pas fixé de date-butoir pour nommer un Premier ministre en remplacement du démissionnaire Gabriel Attal, chargé des affaires courantes.
- "Pacte" -
Le patron des sénateurs de droite Bruno Retailleau est lui d'accord pour laisser le gouvernement démissionnaire "tenir le temps d'une trêve olympique, mais certainement pas au-delà". "Septembre c'est trop long" pour avoir un vrai exécutif, "à mon avis en août", a-t-il affirmé.
Il a proposé lundi, avec La Droite Républicaine de Laurent Wauquiez, groupe charnière à l'Assemblée, un "pacte législatif" pour faire adopter des textes "d'urgence" sans participer directement à une coalition gouvernementale.
Les stratèges élyséen considèrent que l'alliance qui s'est nouée entre le camp présidentiel et La Droite Républicaine pour faire réélire la macroniste Yaël Braun-Pivet à la présidence de l'Assemblée peut constituer un "embryon" de coalition. La preuve en tout cas que "le barycentre" politique est plutôt "au centre", voire "au centre-droit", et que la gauche n'est pas en mesure de former une majorité, explique l'un d'eux.
Désormais à la tête des députés macronistes, Gabriel Attal a demandé à deux élus de consolider des propositions pour avancer son propre "pacte de coalition" susceptible d'attirer "la gauche et/ou la droite républicaines".
(K.Lüdke--BBZ)