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La Fédération française de football a investi "entre 10 et 12 millions d'euros" pour créer une ligue féminine professionnelle, lancée en juillet, aussi "performante" que celles aux États-Unis ou ailleurs en Europe, a assuré à l'AFP Jean-Michel Aulas, président de la LFFP, également vice-président de la FFF.
La désormais "Arkema Première Ligue" débute vendredi par la rencontre entre Fleury et l'Olympique lyonnais, champion en titre. Samedi le Paris SG, grand rival des lyonnaises, se déplace à Montpellier.
Question: Cascarino, Baltimore, Lakrar... Plusieurs joueuses sont parties jouer à l'étranger en Europe ou aux États-Unis, qu'est-ce que cela dit du niveau de la ligue professionnelle ?
Réponse: "Nous essayons que notre Ligue nouvellement créée fasse partie des meilleures et soit aussi performante que celles des Etats-Unis et du Royaume-Uni. Delphine Cascarino est partie aux USA mais il y a des internationales américaines qui sont venues en France en retour. On a mis en place toute une série d'outils structurants sur le plan de la performance, en particulier des caméras fixes qui enregistrent tous les entraînements et fournissent des données statistiques. On a fait des investissements pour les clubs, pour les championnats et pour les centres de formation. Aujourd'hui, il y a huit centres en France.
Q: Concernant l'attractivité de cette ligue, pensez-vous que des clubs sont capables de rivaliser sportivement avec l'OL et le PSG ?
R: "Le Paris FC s'est qualifié l'année dernière pour la C1. Fleury a battu l'Olympique Lyonnais en demi-finale de la Coupe de France féminine la saison passée. Toute une série de clubs ne sont pas encore à ce niveau mais ont envie d'y parvenir comme Montpellier ou Nantes et Strasbourg qui viennent d'arriver en première division. Notre objectif c'est d'avoir six clubs qui soient compétitifs pour disputer, d'ici trois ans, le titre. C'est la raison pour laquelle on a mis en place ce système de play-offs. Des règles sont mises en place, en particulier les licences club à obtenir en observant un certain nombre de points sur le plan des effectifs, des éducateurs, des médecins, de la formation, des infrastructures, pour qu'il y ait une égalité progressive dans les moyens mis en œuvre. Tout cela sans niveler le championnat par le bas car nous avons deux des meilleurs clubs européens".
Q: Le système des play-offs avait été critiqué notamment par les Lyonnaises, qui le jugeaient injuste. Entendez-vous ces critiques ?
R: "On a fait en sorte que le classement donne l'attribution automatique aux qualifications de Ligue des champions et que les play-offs permettent d'aller chercher le titre donc cela a fait grincer au moment des matches pour un ou deux clubs mais il y en avait dix autres qui étaient satisfaits, donc la démocratie nous incite à faire en sorte de prolonger ce système".
Q: Les cas d'Orléans et Bordeaux montrent encore que le football féminin est toujours la première victime des problèmes financiers des clubs, est-ce le cas ?
R: "C'était vrai, mais ça ne va plus l'être. Ma mission c'est de démontrer la crédibilité du football féminin. La Fédération a investi entre 10 et 12 millions d’euros dans le lancement de la LFFP. En ce moment même, nous sommes en contact avec 3 ou 4 investisseurs étrangers de premier plan qui veulent investir dans le football féminin français. Ils doivent aider à ce que le foot féminin trouve sa maturité, après avoir montré sa crédibilité. Nous avons l'objectif de 500.000 licenciées féminines. Nous travaillons avec le diffuseur Canal+ pour augmenter le nombre de téléspectateurs des matches et augmenter ainsi la manne des droits TV. Nous souhaitons que des équipes, comme Marseille, atteignent le plus haut niveau et drainent avec elles un public qui se déplace au stade. En deuxième division, le match Le Mans – Marseille a attiré 5.000 spectateurs, dont 1.500 supporters marseillais, c'est beaucoup à ce niveau".
Q: Récemment, des joueuses de troisième division ont dénoncé leurs conditions de travail, les avez-vous entendues ?
R: "En première et deuxième division, la licence club mise en place doit permettre d'éviter cela avec la remontée de tous les problèmes rencontrés. Aucun président de club ne peut passer outre les conditions posées par la licence. Cette licence n'existe pas en troisième division, mais notre objectif, c'est que les joueuses disposent de bonnes conditions pour exercer leur métier. Nous avons mis en place cette licence cette année et si tout n’est pas réglé, il y a eu des effets rapides. Nous nous sommes tous émus du sort de la section féminine de Bordeaux. Nous ne sommes pas parvenus à la sauver, mais en parler, c’est aussi déjà avancer".
Propos recueillis par Leo HUISMAN et Alice LEFEBVRE.
(G.Gruner--BBZ)