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"Ce n'était pas le plan, c'était juste stupide", a déclaré Tadej Pogacar après son attaque à 100 kilomètres de l'arrivée qui lui a permis de devenir champion du monde dimanche à Zurich, un "rêve qui devient réalité".
QUESTION: Que s'est-il passé dans votre tête lorsque vous avez attaqué à 100 km de l'arrivée ?
REPONSE: "Je ne sais pas. Après être parti, je me suis dit: +mais qu'est-ce que tu fais ? Tu te tires une balle dans le pied.+ Puis j'ai vu Jan Tratnik m'attendre et ça m'a donné de l'espoir. C'est une machine, il a tiré de gros relais. J'étais vraiment content qu'il soit là. Mais il restait encore plein de tours à accomplir. Après je suis tombé sur Pavel (Sivakov). On a pu collaborer un peu. Quand il a lâché, je me suis dit une nouvelle fois que j'étais stupide."
Q: Votre attaque n'était donc pas préméditée ?
R: "Ce n'était pas le plan, c'était juste stupide. On ne décide pas de faire quelque chose de stupide comme ça. Ce n'était absolument pas réfléchi. C'est pour ça que c'était stupide. Mais ça a marché. Incroyable. En fin de compte ce n'était peut-être pas si stupide que ça (rires)."
Q: Vous avez un temps attendu Pavel Sivakov, c'était pour profiter de son aide ou l'aider lui ?
R: "Les deux. J'avais besoin de lui car on était encore loin de l'arrivée, et lui avait besoin de moi pour essayer d'aller chercher une médaille. Faire un tour avec un pote m'a rendu les choses plus faciles et je le remercie pour ça. J'aurais bien aimé qu'il décroche une médaille. Je suis triste pour lui car il l'aurait mérité."
Q: Vous avez-eu peur à la fin lorsque l'écart a diminué?
R: "Je comptais les kilomètres dans ma tête. Je me suis vraiment arraché. C'était très dur car le réservoir était vide. Je commençais à ne plus y voir clair, je tenais à peine sur les pédales mais j'ai serré les dents. Je me devais de le faire."
Q: Vous étiez au courant des écarts ?
R: "Oui j'avais de bonnes infos, tous les deux kilomètres environ, grâce à l'ardoisier et aussi par les assistants quand je prenais un bidon ou la voiture. Je demandais l'écart et qui roulait derrière ou pas. Ça m'a aidé pour savoir quand appuyer fort et quand récupérer un peu. 45 secondes sur un parcours comme celui-là, ce n'est pas mal. Je savais que derrière ils étaient cuits aussi et j'espérais que ça n'allait pas trop collaborer, comme c'est souvent le cas."
Q: Que signifie ce titre pour vous ?
R: "Quand j'étais gosse, je n'osais même pas rêver porter ce maillot arc-en-ciel un jour. Je m'imaginais au départ du Tour de France ou d'un Championnat du monde mais pas le gagner. Ces dernières années, je chassais les victoires sur le Tour, le Giro, le Tour des Flandres, sans jamais faire des Mondiaux un vrai objectif. Mais cette année, je savais que, vu le parcours, j'avais une belle opportunité et je me suis préparé en conséquence. C'est plus qu'un rêve qui devient réalité. Je suis impatient de porter ce maillot en course et de m'amuser."
Q: Votre compagne Urska Zigart a raconté que vous aviez raté le réveil ce matin ?
R: "Oui... On devait se lever tôt, et je ne suis pas le genre de gars qui aime se lever tôt. J'avais mis trois alarmes, mais c'est Urska qui a fini par me réveiller."
Q: C'est beaucoup d'émotions ?
R: "Oui, le dernier kilomètre a été fou, quand j'ai vu mes coéquipiers, puis Urska. Depuis, je suis au bord des larmes à chaque interview."
PROPOS recueillis en conférence de presse
(T.Burkhard--BBZ)