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"Rien n'interdit qu'il fasse son métier": l'international français Hugo Auradou, toujours poursuivi pour viol en Argentine, a rejoué en Top 14 samedi avec son club de Pau dans l'indifférence du public de Perpignan, qui contrastait avec l'effervescence médiatique.
Le deuxième ligne de 21 ans n'avait plus rechaussé les crampons pour un match officiel depuis le 6 juillet et le fameux Argentine-France.
Toujours mis en examen avec le Rochelais Oscar Jegou pour viol aggravé, mais dans l'attente d'un non-lieu demandé vendredi par le parquet de Mendoza, Auradou était titularisé d'entrée samedi, 91 jours plus tard.
Pas au Hameau, où la Section paloise s'apprête à recevoir deux fois d'affilée, mais à Perpignan, dans un stade Aimé-Giral réputé pour sa chaude ambiance, parfois hostile, et à guichets fermés (14.232 spectateurs) pour la huitième fois d'affilée.
La "cathédrale" catalane est pourtant restée majoritairement indifférente à la présence d'Auradou sur le terrain.
"Je suis venue avec mes copines voir gagner l'Usap. Auradou, on s'en fiche", s'exclame Léa, une étudiante de 22 ans, qui a "suivi l'affaire de loin".
"Tant qu'il est présumé innocent, je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas rejouer", estime de son côté Robert, supporter perpignanais encarté depuis 1982. "Rien n'interdit qu'il fasse son métier. Et son métier, c'est de jouer au rugby."
Seules quelques railleries ont accompagné les joueurs palois à leur arrivée au stade, une heure et demie avant le coup d'envoi. A l'annonce de la composition d'équipe, pas de réaction hostile non plus du public.
- Crampes -
C'est plutôt du côté médiatique qu'il fallait chercher une certaine effervescence. De nombreux médias nationaux étaient présents, avec 34% de demandes d'accréditations supplémentaires par rapport à un match "ordinaire".
Toutes les caméras étaient tournées vers Auradou, à sa descente du car palois, lors de son échauffement ou au moment de son entrée sur la pelouse.
Il fallait attendre un peu plus de neuf minutes et une touche proprement captée à cinq mètres de l'en-but catalan pour qu'il touche son premier ballon. Mais là encore, le public d'Aimé-Giral n'a rien montré.
Concentré sur les tâches défensives, le deuxième ligne a réalisé un match correct, sans vagues. Il a joué 74 minutes avant d'être victime de crampes et de céder sa place à Thomas Jolmès.
Il y a bien eu quelques sifflets à sa sortie, mais ils ne lui étaient pas forcément destinés: l'Usap était alors encore menée au score avant d'arracher la victoire (11-10) grâce à une pénalité dans les arrêts de jeu.
"Il a été très bon, efficace à l'image de la saison dernière", a commenté le manager de Pau Sébastien Piqueronies. "On l'a trouvé plein d'énergie, très alerte et efficace dans le domaine aérien. Il a été serein et déterminé. L'accueil du public? On n'avait pas de crainte particulière."
Sollicité par les médias, Auradou ne s'est pas présenté en conférence de presse après la rencontre. C'est sur la pelouse qu'il préfère s'exprimer en attendant les suites de l'affaire.
(U.Gruber--BBZ)