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Manchester City, méconnaissable en défense, est devenu un colosse aux pieds fragiles qui ne fait plus peur à personne, sauf à ses supporters et à Pep Guardiola, entraîneur empêtré dans une série cataclysmique de six matches sans victoire.
Le géant d'Angleterre et d'Europe s'est effondré de manière spectaculaire mardi chez lui contre Feyenoord (3-3) en dilapidant une avance de trois buts sur le tard, un naufrage qui épaissit encore la crise après cinq défaites consécutives.
C'est devenu "Calamitous City", selon le Daily Star, voire "Sin City" (la ville du péché) pour le Mirror, à l'unisson d'une presse britannique gourmande en jeux de mots et superlatifs. "La misère de City continue", résume le Guardian, quand le Daily Mail parle d'une "implosion" pour des Mancuniens "au plus bas".
La glissade des super-héros au maillot bleu ciel, serial-gagneurs depuis l'arrivée de Guardiola en 2016, n'en finit plus et l'Espagnol n'arrive pas à activer le frein à main, pour l'heure.
Son équipe a bâti un palmarès exceptionnel, sur les plans national (six des sept derniers titres en Premier League) et international (Ligue des champions, Supercoupe d'Europe et Coupe du monde des clubs), grâce à une défense de fer, entre autres.
Or, son arrière-garde vient d'encaisser dix-sept buts en six matches, dont trois en l'espace d'un quart d'heure, mardi, face à une équipe de Rotterdam supposément bien inférieure.
- "Faibles, légers, fragiles" -
"Nous n'avions jamais vu une telle fragilité défensive de la part de Manchester City auparavant. On a l'impression que c'est le cas dans chacun des matches qu'ils ont joués ces derniers temps", a pointé l'ancien ailier anglais Andros Townsend sur les ondes de la BBC.
Alan Shearer, ex-capitaine de l'Angleterre, a livré un sévère constat à l'antenne d'Amazon Prime: "ils ont l'air faibles, ils ont l'air légers, ils ont l'air fragiles", a-t-il résumé. "Même à deux minutes de la fin, alors qu'ils mènent 3-2, ils tirent un coup franc rapidement. Pourquoi?", s'est-il demandé.
C'est la question à 1000 livres Sterling que se pose également Guardiola, qui a attendu son 942e match comme entraîneur pour laisser filer la victoire dans un match où son équipe menait de trois buts.
"Nous avons perdu beaucoup de matches ces derniers temps. Nous sommes fragiles et nous avons bien sûr besoin d'une victoire", a reconnu après match le Catalan. La suite? "Se reposer un ou deux jours, se vider la tête mentalement et penser au prochain (match)".
Le sabordage en fin de match a viré à l'auto-mutilation pour Guardiola, apparu devant les médias avec des griffures sur le nez et le crâne: "je voulais me faire du mal", a-t-il déclaré dans un sourire.
- Et maintenant, Liverpool -
Mais c'est probablement sa défense qui souffre le plus en ce moment. "Il leur manque un leader vocal, un leader fort à l'arrière", a analysé l'ancien défenseur français de Man City, Gaël Clichy, sur Prime.
Indisponible depuis cinq matches, Ruben Dias manque particulièrement à ses coéquipiers. John Stones est à l'infirmerie, Kyle Walker a perdu sa place de titulaire et Josko Gvardiol vient d'enchaîner boulette sur boulette contre Tottenham (0-4) et Rotterdam (3-3).
Guardiola n'a pas non plus été inspiré en sortant Nathan Aké à la 68e minute, et à 3-0, pour lancer le jeune Jahmai Simpson-Pusey (19 ans) en défense centrale.
Le mécano en chef devra vite resserrer les boulons s'il veut maintenir son espoir de titre en Premier League. Dimanche, son équipe se rend à Anfield pour défier Liverpool, l'actuel leader qui tourne en moyenne à deux buts marqués par match cette saison en championnat.
(A.Lehmann--BBZ)