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La flotte du Vendée Globe a rendez-vous mercredi soir avec son premier coup de tabac. En tête dans l'océan Indien, Charlie Dalin et Sébastien Simon sont les plus exposés mais, s'ils passent sans trop de casse, ils pourraient prendre une option déterminante pour la suite.
"Cela tourne dans ma tête, ça fait beaucoup de vélo. Je n'arrive pas à savoir quoi penser de leur option Sud", a confié mercredi matin aux organisateurs Yoann Richomme (Paprec Arkea), actuel troisième de la course autour du monde en solitaire, en référence aux deux hommes de tête.
Depuis le Cap de Bonne Espérance, le Varois de 41 ans collait aux basques du duo Dalin-Simon. Mais comme le reste des poursuivants, il s'est finalement résolu il y a quelques jours à mettre le cap vers le nord-est pour tenter d'éviter le gros de la tempête, quitte à perdre plus de 200 milles sur Dalin et Simon.
Mercredi, en fin d'après-midi, Dalin (Macif) était en tête, à l'avant de cette dépression, à un peu plus de 300 milles (550 km) dans le nord-est de l'archipel des Kerguelen, une cinquantaine de milles devant Simon (Groupe Dubreuil).
"Ce sont des conditions qu'on aimerait bien voir s'arrêter", a décrit un Richomme déjà bien secoué à la mi-journée, alors que son voilier commençait à subir les effets de la tempête, dans une zone pourtant moins exposée, à près de 300 milles au nord du duo de tête.
- Tandem de choc -
Dalin et Simon, eux, ont décidé de poursuivre leur chemin vers l'Est sans trembler, tous deux lancés dans une course contre-la-montre pour se placer plus à l'avant de la "prune" australe annoncée, dans l'espoir d'en minimiser l'impact.
Selon les dernières prévisions, ils pourraient vraisemblablement éviter de se faire avaler en son centre, où une houle supérieure à dix mètres est attendue, largement capable de mettre à mal des Imoca dernière génération.
Mais dans tous les cas, "on va subir la dépression (...) Cela va être 48 heures qui vont être très désagréables. Je pense qu'on va faire le dos rond pour essayer de passer ce moment délicat", a lâché Sébastien Simon.
Pour les deux hommes de tête, le menu n'est dans tous les cas pas très appétissant: des vagues allant jusqu'à sept mètres, un vent établi à 35 noeuds (65 km/h) et des rafales à plus de 50 noeuds.
"Quand je suis parti sur cette route, les fichiers étaient un peu plus optimistes. Là, les derniers sont un peu chauds. Franchement cela ne va pas être simple", a reconnu mercredi auprès de son équipe Charlie Dalin.
Ils auront surtout l'obligation de ne pas trop ralentir dans ces conditions très musclées et dangereuses si les vagues arrivent par le travers, car la dépression se déplace avec eux vers l'est jusqu'à samedi.
Mais que cela soit Sébastien Simon, vainqueur de la Solitaire du Figaro en 2018, ou Charlie Dalin, l'un des favoris cette année, le tandem a vraisemblablement l'expérience nécessaire pour résister.
- Casse ou cassure ? -
"Je ne suis pas tout seul dans cette galère, au moins il y a Seb avec moi, c’est toujours bien d’avoir quelqu'un à côté", a apprécié le Normand, leader depuis le passage du Cap de Bonne Espérance.
Et s'ils passent sans casse, les deux hommes peuvent ajouter plusieurs centaines de milles à leur avance, un break qui leur donnerait un avantage non négligeable dans les mers du Sud.
"S'ils arrivent à rester devant la dépression assez longtemps, à la fin, elle diminue beaucoup. Potentiellement, ils s'en sortent pas si mal", a jugé Richomme.
De là à nourrir des regrets au sein du groupe Nord ?
Pour Sam Goodchild (Vulnerable), longtemps leader dans l'Atlantique et 7e mercredi au coeur de ce groupe, "chacun a choisi son camp" : "les dés sont jetés. On doit terminer cette course sans casser le bateau".
"On fera les comptes à Leeuwin et on verra quel choix était le meilleur", a simplement ajouté le Britannique, en référence au cap australien qui marque la sortie de l'océan Indien.
Et ce 10e Vendée Globe aura peut-être été gagné dans la tempête, quelque part autour des Kerguelen.
(T.Renner--BBZ)