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Dès 2011, Andy Murray, alors 4e mondial, lui promettait la Lune. Mais Caroline Garcia a mis plus de 11 ans pour "trouver la voie" et se hisser enfin, mardi à l'US Open, en demi-finales d'un tournoi du Grand Chelem.
"La fille qui joue contre Sharapova sera N.1 mondiale un jour. Caroline Garcia, quelle joueuse! C'est ici que tu l'as entendu en premier", avait tweeté Murray le 26 mai 2011. C'était durant un match de 2e tour de Roland-Garros que la Française -qui jouait encore majoritairement sur le circuit ITF (3e division)- avait fini par perdre après avoir remporté le premier set.
Flattée sur le coup, la Lyonnaise estime que ce tweet l'a finalement desservie.
"J'avais 17 ans, j'étais 150e ou 200e mondiale et j'étais capable de produire ce niveau de jeu sur un match, mais pas de le répéter sur d'autres semaines. Moi la première, je me suis mis la pression en me disant que je voulais rejouer comme ça, mais quand tu cherches à le faire, c'est encore pire", analyse-t-elle aujourd'hui.
Garcia a bien remporté sept tournois jusqu'en 2019, dont le doublé aux WTA 1000 de Pékin et Wuhan en 2017, ainsi que la Fed Cup avec la France en 2019, et elle a atteint le 4e rang mondial en 2018. Mais elle est restée loin des prévisions de l'Ecossais.
- Perte de confiance -
D'autant que des pépins physiques, alors que son jeu agressif ne peut fonctionner qu'avec un corps à 100%, ont entraîné des difficultés psychologiques, et notamment une perte de confiance.
Si bien qu'elle est retombée au 79e rang mondial le 23 mai dernier, quasiment en même temps qu'une blessure à la cheville droite la poussait à l'abandon au premier tour à Miami.
Mais depuis son retour à Roland-Garros, après deux mois d'interruption, elle a enchaîné des victoires (31 sur 35 matchs disputés, dont 13 consécutives en comptant le quart contre Gauff à Flushing Meadows), des titres (Bad Homburg, Varsovie et Cincinnati), et s'est qualifiée à New York pour sa toute première demi-finale en Majeur (contre la Tunisienne Ons Jabeur jeudi). Le tout en pratiquant le jeu le plus impressionnant du plateau.
En conséquence, Garcia retrouvera le Top 10 mondial à l'issue du tournoi. "Elle a été la N.1 cet été", résume l'ancienne joueuse Pam Shriver sur ESPN.
"Ta carrière est faite de hauts et de bas, mais il faut tout accepter. Il y a des passages qui ont été douloureux, mais on a réussi à bien rebondir", philosophe l'intéressée au service canon --elle est la joueuse à avoir passé le plus d'aces en cinq matchs à l'US Open (30) et elle détient le record sur le circuit cette saison (316).
C'est que, depuis décembre dernier, elle a changé de méthode, remplaçant comme entraîneur son père par Bertrand Perret.
Ce dernier a su lui redonner confiance et clarifier dans sa tête le type de jeu qu'elle doit appliquer.
- Il ne peut en rester qu'une -
"La route est très claire maintenant, je sais où je dois aller, en particulier quand je suis sous pression", explique-t-elle.
Cette route est très proche de celle prônée par son père, mais "avant ce n'était pas si clair dans ma tête", dit-elle.
"Le plus grosse différence, c'est que maintenant, je suis plus dans le court pour recevoir le service adverse et retourner aussi tôt que possible. Beaucoup de filles frappent fort, prennent la balle tôt. J'essaye juste de tout faire un peu plus vite et un peu plus tôt", détaille la Lyonnaise.
A New York, Caroline Garcia a assommé l'une après l'autre Kamilla Rakhimova (90e mondiale), Anna Kalinskaya (60e), Bianca Andreescu (48e et lauréate 2019), Alison Riske (29e) et Coco Gauff (12e), sans perdre le moindre set et en ne cédant pas plus de 7 jeux par match.
La performance est d'autant plus notable qu'elle n'avait encore jamais battu ni Riske, ni Gauff.
"Par rapport aux fois précédentes, je dirais qu'elle frappe beaucoup mieux la balle", a analysé Gauff.
Les tours passent et Garcia affiche joie et sérénité, alors même que le nombre de joueuses dans le tableau diminuant, la pression devrait monter.
"On sait qu'au début du tournoi ça va être la pagaille dans le vestiaire, mais qu'au fur et à mesure ça va se vider. Et le but c'est d'être là quand il n'y a plus personne".
(G.Gruner--BBZ)