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Avec seulement deux médailles de bronze après six jours de compétition, les Bleus du judo passent pour l'instant à côté de leurs Championnats du monde, mais veulent s'en servir pour faire un état des lieux et "reprendre le bon wagon" en vue des JO de Paris.
Avant l'entrée en lice de Romane Dicko, Julia Tolofua et Joseph Terhec mercredi puis l'épreuve par équipes mixtes jeudi, seules Amandine Buchard en -52 kg et Manon Deketer en -63 kg ont pour l'instant réussi à se hisser sur un podium à Tachkent, en décrochant le bronze.
"L'équipe de France a un statut très important, elle a ce statut de favorite, mais être favorite ne suffit pas. Il faut aussi gagner les combats et être présent dans chaque séquence", reconnaît Christophe Massina, le responsable de la délégation féminine.
Si le contingent masculin, largement rajeuni, était avant tout venu dans la capitale de l'Ouzbékistan pour recueillir de l'expérience, chez les femmes, les ambitions affichées était bien plus hautes.
Le début de compétition a vu les éliminations prématurées de Shirine Boukli, N.1 mondiale des -48 kg, et Sarah-Léonie Cysique, vice-championne olympique à Tokyo en -57 kg. Lundi, Margaux Pinot et Marie-Eve Gahié, qui étaient attendues bien plus haut en -70 kg, ont chuté avant les quarts de finale. Puis mardi en -78 kg, c'est Madeleine Malonga, également en argent à Tokyo l'an dernier, qui est tombée dès son entrée en lice au deuxième tour.
- Objectif JO-2024 -
Des résultats loin des espérances, même en l'absence des deux chefs de file des Bleus, Teddy Riner, victime d'une entorse à une cheville, et Clarisse Agbégnénou, en phase de reprise après un congé maternité.
"Inconsciemment, peut-être qu'il y a eu un petit sas de décompression" après les JO, tente Ludovic Delacotte, l'un des entraîneurs de l'équipe féminine, pour expliquer ces résultats. "C'est naturel et humain."
Dans le Nippon Budokan de Tokyo, le judo français avait rapporté sept médailles individuelles, dont un titre, en plus de l'or par équipes. "Il faut relancer la machine, mais je vous assure que ce sont des détails. (L'équipe) n'est pas passée d'un niveau exceptionnel à un niveau médiocre du jour au lendemain", poursuit-il.
Pour expliquer sa philosophie, Larbi Benboudaoud, le patron de l'équipe, aime bien répéter la célèbre phrase de Nelson Mandela: "Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j'apprends". Ce championnat doit donc servir aux Bleus "pour repartir encore plus au travail", estime Christophe Massina, alors que se profilent les Jeux olympiques à domicile dans moins de deux ans, qui restent "l'objectif principal".
- "Vite se remettre en selle" -
"Je pense que ça va nous servir pour briller à Paris, ce sera un très bon état des lieux (...) On va tout faire croyez-nous pour être dans une dynamique très positive. On a confiance en nous, on a confiance en notre équipe. On est soutenus. Il n'y a pas de raison qu'on ne reprenne pas le bon wagon", ajoute Ludovic Delacotte.
Autre raison de positiver: au lieu d'attendre un an, les Bleus pourront de nouveau défendre leurs chances sur la scène mondiale dans seulement sept mois à Doha, conséquence du chamboulement du calendrier post-Covid.
"On va se remettre vite en selle", a promis Madeleine Malonga. Après son élimination, la championne du monde 2019 ne tenait plus sur ses jambes, et c'est accroupie et les larmes aux yeux qu'elle a répondu aux journalistes. "Cette équipe de France, elle est forte. Aujourd'hui c'est vrai qu'on a plus de mal."
"On a trop été habitués à manger du caviar maintenant les gens sont déçus", a-t-elle dit en souriant. "Ça fait partie du jeu mais je suis persuadée qu'à la fin de l'olympiade, on se rappellera de ces championnats comme une anecdote."
(S.G.Stein--BBZ)