AEX
3.2500
Une présidente en retrait, secondée par un quatuor inédit, une opposition toujours vent debout: la crise qui secoue le comité olympique français (CNOSF) depuis des semaines ne s'éteint pas, et devrait animer le conseil d'administration mercredi.
La "telenovela" de la maison du sport français se poursuit. Et, pour l'instant, personne ne peut esquisser les contours de la fin d'une séquence que beaucoup d'acteurs de l'écosystème s'accordent à dire "désastreuse" à deux ans des JO-2024 de Paris.
Mercredi, le conseil d'administration du CNOSF va donc réunir ses 45 membres, dont sa présidente Brigitte Henriques, 51 ans, et son ex-bras droit, Didier Séminet, débarqué il y a moins d'un mois de son poste de secrétaire général, et visé depuis une dizaine de jours par une plainte de son ancienne patronne pour "violence psychologique".
De quoi donner une idée de l'ambiance qui risque de régner.
- "Mascarade" -
Depuis jeudi dernier, afin de permettre à Brigitte Henriques de prendre un "temps de repos", un quatuor de dirigeants (Jean-Pierre Siutat, Michel Callot, Sébastien Poirier et Astrid Guyard), s'est vu confier les missions opérationnelles de la présidente.
"Ce n'est pas un retrait, on va l'aider à passer cette période difficile", a affirmé Michel Callot, président de la fédération de cyclisme.
L'ancienne vice-présidente de la Fédération de football (FFF) "vit profondément mal ce qui se passe, alors que la plupart des gens louent son travail à la tête du CNOSF depuis des mois. C'est assez injuste ce qui lui arrive", assure une source proche de la direction.
Mais le nouvel attelage à la tête du CNOSF ne fait pas l'unanimité.
"C’est une mascarade de démocratie! Comment s'est décidé ce groupe de 4? Comment on peut s'amuser comme ça avec les statuts?", s'indigne Didier Séminet, estimant que cette présidence collégiale par intérim s'est décidée sans consultation préalable.
"J’espère qu'il y aura de la discussion lors du CA, sur la plainte, et puis sur cette nouvelle gouvernance. Il y a quand même beaucoup de flou dans ce qui se passe", estime-t-il.
- "Un moment important" -
La ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra a pronostiqué un "moment important" mercredi, évoquant le souhait d'un "apaisement". Un scénario qui a toutefois du mal à poindre.
Car la crise que traverse le CNOSF semble profonde. Cette guerre interne se polarise autour de deux camps bien distincts désormais, avec un front anti-Henriques cristallisé autour de l'ancien secrétaire général, de l'ancien président Denis Masseglia et incarnée par le président de la fédération de judo Stéphane Nomis.
C'est d'ailleurs sa fédération qui va accueillir un débat sur "l'avenir du mouvement sportif" au lendemain du CA, une réunion que certains interprètent comme l'assemblée de l'opposition à la présidente.
"Une alliance assez hétéroclite s'est forgée contre la présidente, une agrégation de ceux qui n'avaient pas voté pour elle et qu'elle n'a pas forcément bien traités ensuite, et une partie de ses anciens soutiens désormais", analyse un président de fédération.
Ces opposants lui reprochent principalement une gestion autoritaire, et d'avoir importé la culture de la FFF dans cette maison qui se veut justement à part en ayant embauché deux cadres issues de la +3F+ (DG et DAF).
"Les complots se font généralement dans l'ombre, mais là, c'est à ciel ouvert. C'est bien le signe d'une fracture ouverte", analyse une source proche des arcanes sportives.
- "Inacceptable" -
La plainte déposée par Brigitte Henriques visant son ancien secrétaire général "n'a en tout cas pas apaisé les choses", assure cette source.
"Ils essaient de sauver le navire comme ils peuvent", analyse une source proche de l'instance. "Mais je crois qu'elle finira par partir, ce n’est plus qu’une question de temps. Le CA est aujourd’hui divisé. Et il ne représente plus le corps électoral du CNOSF".
Certains soutiens de Brigitte Henriques interrogent eux le comportement et les motivations de ses opposants.
"Clairement, leur bébé leur échappe, ils n'avaient pas prévu que Brigitte ne fasse pas comme ils le souhaitaient", estime un autre président de fédération.
"Je suis loyaliste, je respecte les urnes. C'est une très mauvaise image que donnent les présidents de fédération", déplore Pascal Grizot, le président de la fédération de golf (FFG), un des rares à parler sans requérir l'anonymat.
"Le pire de tous c’est Denis Masseglia, estime-t-il. Si son prédécesseur s’était permis de se comporter comme il l’a fait, vous pensez qu’il apprécierait? C’est inacceptable. Si le sport français avait besoin d’un grand sage, ce n'est certainement pas lui".
(F.Schuster--BBZ)