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Après des années de vaches maigres, les pistards français semblent remonter la pente. Des progrès à valider dès mercredi aux Championnats du monde à Saint-Quentin-en-Yvelines, test grandeur nature avant les JO-2024 sur le même vélodrome.
Pour ces deuxièmes Mondiaux de suite à domicile, après ceux de 2021 prévus au Turkménistan mais repliés à Roubaix à cause du contexte sanitaire, la France voit les choses en grand.
Si le triple champion olympique Florian Rousseau, devenu directeur du programme olympique, refuse d'afficher un objectif chiffré, il dit aussi que "les athlètes sélectionnés sont tous montés sur des podiums internationaux" et qu'ils ont "donc la capacité d'aller jouer les premières places" dans les 22 épreuves au programme jusqu'à dimanche.
La France est une puissance traditionnelle du cyclisme sur piste, gros pourvoyeur de médailles aux JO avec ses douze disciplines olympiques, et reste la nation la plus titrée de l'histoire sur les Mondiaux.
Mais ces dernières années, elle a été dépassée par les Britanniques et d'autres nations comme les Pays-Bas, nouveaux rois du sprint.
Aux JO de Tokyo l'an dernier, elle n'a ainsi ramené que deux médailles de bronze, et aux Championnats du monde elle navigue désormais autour de la cinquième place au tableau des médailles.
"La crainte a disparu dans le regard de nos adversaires", résume Grégory Baugé, quadruple champion du monde de vitesse individuelle et nouvel entraîneur national du sprint.
- "Rendre humble tout le monde" -
Un constat qui a conduit la Fédération française de cyclisme à tout chambouler à l'automne dernier avec le retour de la légende, Florian Rousseau, symbole des années dorées de la piste française, rejoint en mars par Grégory Baugé.
Les premiers résultats sont encourageants avec une moisson de quinze médailles aux Championnats d'Europe en août à Munich.
"On a fait un bel été", se félicite Baugé qui a senti "par des regards, des attitudes" que la France était de nouveau davantage respectée.
L'entraîneur national ne s'en cache pas. Pour y arriver, ses athlètes n'ont pas d'autre choix que de travailler dur, très dur.
"J'ai vu beaucoup de souffrance. Mais il s'agit déjà de rendre humble tout le monde: on n'est pas au niveau depuis des années. Donc il faut redescendre et vraiment bosser".
En arrivant, Rousseau a aussi impulsé une réorganisation avec des entraîneurs désormais "focalisés uniquement sur la préparation des équipes de France A".
Il a renforcé la cellule performance et mis l'accent sur "la dimension mentale à la performance", avec le recours à des psychologues pour apprendre à gérer la pression.
"C'est ça aussi préparer les Jeux", insiste Rousseau.
- "Vivre vélo et vivre Paris-2024" -
Quentin Lafargue, champion du monde du kilomètre en 2019 et doyen du groupe à 31 ans, a vu la différence: "j'ai découvert énormément de rigueur, de sérieux, de réflexion autour des stratégies de course, du matériel utilisé. J'ai été assez surpris et ça continue".
Travailler - beaucoup - mais aussi ne "rien négliger" sont les deux credo du nouveau staff. "La rigueur ça englobe vraiment beaucoup de choses: la préparation mentale, l'entraînement, se coucher aux mêmes horaires, la nourriture... c'est vraiment vivre vélo et vivre Paris-2024", insiste Corentin Ermenault, multiple champion d'Europe de poursuite.
De quoi aussi retrouver de la confiance après des années de complexes face à la concurrence. "Greg (Baugé) nous fait prendre conscience qu'on a le talent pour gagner", souligne Sébastien Vigier, double médaille d'or en vitesse individuelle et en keirin à Munich.
Pour transformer l'essai, les Mondiaux constituent une étape importante sur la route des JO, qui restent l'objectif suprême.
"Ces Championnats du monde, ça va être vraiment une répétition générale pour les Jeux de Paris. J'ai encore énormément de choses à travailler pour réaliser mon rêve: être championne olympique en 2024", souligne Mathilde Gros, la pépite du sprint français.
(K.Müller--BBZ)