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La sonde américaine Odysseus, sur la Lune depuis près d'une semaine, sera mise en sommeil incessamment sous peu, au terme de sa mission principale qualifiée mercredi de "succès" par la Nasa et l'entreprise américaine l'ayant développée, Intuitive Machines, malgré les difficultés rencontrées.
Odysseus est devenue jeudi dernier la première sonde privée à se poser sur la Lune, et le premier engin américain à le faire depuis la fin du programme Apollo, en 1972. Elle s'est toutefois retrouvée inclinée sur la surface lunaire après une descente mouvementée.
Malgré cela, "nous avons reçu des données de toutes les cargaisons, privées et de la Nasa", a souligné lors d'une conférence de presse Steve Altemus, PDG et co-fondateur d'Intuitive Machines. "La mission que nous avons menée est un grand succès jusqu'ici."
Le patron a même annoncé une surprise: Intuitive Machines prévoit de tenter de rallumer Odysseus "dans deux ou trois semaines", après le passage de la nuit lunaire.
Il est toutefois très incertain que l'appareil, notamment ses batteries, survive au froid glacial sur le point de s'installer.
Pour le moment, l'alunisseur sera "mis en sommeil", a indiqué Steve Altemus.
L'alunisseur est alimenté en énergie par ses panneaux solaires, et devait donc depuis le départ être éteint durant la nuit lunaire. Le contact devait être perdu durant les quelques heures après la conférence de presse.
- Pied cassé -
Une impressionnante photo publiée mercredi illustre les défis ayant été rencontrés: elle montre au moins l'un des six pieds de la sonde cassé, au moment de l'atterrissage, alors que le moteur encore allumé soulève des projections de poussière lunaire.
Une défaillance du système de navigation de l'alunisseur avait compliqué sa descente finale.
Il s'est approché du sol trop vite, avec un mouvement horizontal résiduel qui n'était pas prévu, et a de ce fait "dérapé" sur la surface, a expliqué le PDG. Une fois posé, il a basculé.
Comme Odysseus est situé sur une légère pente, et qu'il s'appuie possiblement sur l'un de ses réservoirs sur un côté, il est incliné à environ 30 degrés, selon Intuitive Machines.
Une autre image, sur laquelle on peut voir un bout de la sonde et le noir d'un cratère proche, est venue confirmer cette position.
Un petit engin équipé de caméras et appelé EagleCam, développé par l'université d'aéronautique Embry-Riddle, a été éjecté de l'alunisseur pour tenter d'en prendre une photo de l'extérieur, mais n'a pas pu fournir le cliché tant attendu.
- Données scientifiques -
Cette mission, quoique privée, a été largement mise sur pied grâce aux financements de Nasa, qui avait chargé Intuitive Machines d'acheminer sur la Lune six instruments scientifiques -- un contrat à 118 millions de dollars.
"Odysseus est un succès du point de vue de la Nasa", a déclaré mercredi à la presse Bill Nelson, le patron de l'agence spatiale américaine.
Les scientifiques ont d'ores et déjà commencé à examiner les ondes radio enregistrées en provenance de la Terre, grâce à l'un des instruments.
Un autre n'a pas pu analyser la quantité de poussière projetée lors de la descente comme prévu, mais a malgré tout pu être allumé une fois au sol.
Odysseus est la sonde s'étant posée le plus au sud sur la Lune.
La Nasa souhaite explorer cette région avant d'y envoyer ses astronautes dans le cadre de ses missions Artémis.
Le pôle sud lunaire intéresse particulièrement les grandes puissances car il pourrait renfermer de grandes quantité d'eau sous forme de glace. Cette eau pourrait potentiellement être exploitée pour fabriquer du carburant pour vaisseaux spatiaux, ou soutenir les besoins d'astronautes sur place.
- Economie lunaire -
Intuitive Machines a deux autres missions lunaires prévues cette année. Toutes font partie du nouveau programme CLPS de la Nasa, qui a commandé à plusieurs entreprises le transport de son matériel scientifique, afin de pouvoir faire le voyage plus souvent et pour moins cher qu'en développant elle-même des véhicules pour le faire.
L'agence spatiale américaine entend également stimuler le développement d'une économie lunaire, capable de soutenir une présence humaine durable sur la Lune -- l'un des buts du programme Artémis.
Plus de 50 ans après Apollo, "les gens ont demandé", pourquoi atterrir sur la Lune est "si dur", a rapporté Steve Altemus. Il a avancé plusieurs différences entre les missions passées et actuelles: un financement limité, un calendrier serré, et un alunissage bien plus loin de l'équateur.
"Nous avons fondamentalement transformé les contraintes économiques d'un alunissage", a affirmé le PDG de cette jeune société, fondée en 2013. "Nous avons ouvert la porte à une économie lunaire robuste et florissante à l'avenir."
(A.Lehmann--BBZ)