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Elle rêve depuis toute petite d'aller sur la Lune, et s'est un peu rapprochée de son rêve cette semaine: Nora AlMatrooshi est devenue la première femme arabe astronaute professionnelle formée par la Nasa, au terme d'un entraînement intensif de deux ans.
Née en 1993 à Charjah, aux Émirats arabes unis, elle raconte que tout a commencé le jour où l'une de ses enseignantes a simulé un voyage vers la Lune dans sa salle de classe.
Les élèves sont d'abord entrés dans une sorte de grande tente installée au milieu de la classe et faisant office de vaisseau spatial. En sortant, tout était recouvert de draps gris, et les lumières étaient éteintes.
"Ce jour a résonné en moi, et ça m'est resté", a raconté la trentenaire à l'AFP. "Je me rappelle avoir pensé, c'est génial, je veux le faire pour de vrai, je veux aller sur la surface de la Lune. Et c'est là que tout a commencé."
D'autres femmes arabes sont déjà allées dans l'espace. En 2022, l'Egyptienne Sara Sabry a participé à un vol de l'entreprise privée Blue Origin lui ayant permis d'expérimenter l'apesanteur durant quelques minutes. L'année dernière, la saoudienne Rayana Barnawi, scientifique de métier, s'est elle rendue plusieurs jours dans la Station spatiale internationale (ISS) dans le cadre d'une mission privée.
Mais Nora AlMatrooshi, tout comme son collègue émirati Mohammad AlMulla, a elle suivi durant deux ans le même programme d'entraînement intensif que dix autres Américains, grâce à une coopération entre la Nasa et le Centre spatial Mohammed bin Rashid (MBRSC) des Emirats arabes unis.
Tous sont officiellement devenus astronautes cette semaine, lors d'une cérémonie à Houston, au Texas.
Leur formation comprenait stages de survie, simulations de sortie spatiale en combinaison, ou encore pilotage d'avions supersoniques.
L'agence spatiale américaine prévoit d'envoyer des astronautes vers la Lune dans le cadre des missions Artémis, et de construire une station spatiale en orbite autour de la Lune, Gateway.
Les Emirats arabes unis doivent construire un sas pour cette future station.
"Je veux que l'humanité retourne sur la lune, et qu'elle aille au-delà de la Lune, et je veux faire partie de ce voyage", a expliqué Nora AlMatrooshi, diplômée en génie mécanique et qui a travaillé sur des projets pour des entreprises pétrolières.
- Voile "made in Nasa" -
Nora AlMatrooshi est musulmane et porte le voile. La Nasa a ainsi mis au point une procédure lui permettant d'enfiler sa combinaison sans se découvrir les cheveux.
Une fois dans la combinaison, les astronautes portent une sorte de bonnet leur permettant de communiquer avec l'extérieur, qui recouvre les cheveux, a-t-elle expliqué.
Mais comment passer de l'un à l'autre? Seuls des matériaux spécifiques sont autorisés pour enfiler la combinaison. La Nasa lui a donc fabriqué un "voile improvisé".
"Je pouvais le mettre, enfiler la combinaison, mettre la casquette de communication, et ensuite l'enlever", a-t-elle raconté. "J'apprécie vraiment qu'ils aient fait ça pour moi."
Durant le ramadan, certains entraînements difficiles physiquement ont été repoussés, à plus tôt dans la journée ou à après la fin du mois saint de jeûne musulman.
"Je pense que devenir astronaute est difficile, quelle que soit votre religion ou votre origine", a-t-elle estimé. "Je ne pense pas qu'être musulmane a rendu les choses plus difficiles."
"Mais être musulmane m'a fait prendre conscience de la contribution de mes ancêtres, des intellectuels et scientifiques musulmans, qui m'ont précédé et ont étudié les étoiles", a-t-elle ajouté.
"Devenir astronaute est pour moi un moyen de bâtir sur cet héritage, sur ce qu'ils ont commencé il y a des milliers d'années."
(K.Müller--BBZ)